Sous l’évier

Quand l’esprit d’épicerie rencontre la révolution sexuelle 9/11
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Pour finir cette série et prouver que les auteurs de chansons ne sont pas tous obsédés d’amours juvéniles, quelques chansons qui évoquent au contraire des virginités tardives. On commence par Sous les Palétuviers, tube drôlatique des années 1930, par l’excellente Pauline Carton et le copieux André Berley. « L’amour, ce fruit défendu vous est donc inconnu ?! », tout est dit.

 

Chez Flaubert, on avait laissé dans le dernier post ce pauvre Pécuchet vierge à 52 ans. Le revoilà quelques pages plus loin.
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Pécuchet, le matin du même jour, s’était promis de mourir s’il n’obtenait pas les faveurs de sa bonne, et il l’avait accompagnée dans la cave, espérant que les ténèbres lui donneraient de l’audace.

Plusieurs fois, elle avait voulu s’en aller ; mais il la retenait pour compter les bouteilles ; choisir des lattes, ou voir le fond des tonneaux, cela durait depuis longtemps.

Elle se trouvait, en face de lui, sous la lumière du soupirail, droite, les paupières basses, le coin de la bouche un peu relevé.

— M’aimes-tu ? dit brusquement Pécuchet.

— Oui ! je vous aime.

— Eh bien, alors, prouve-le-moi !

Et l’enveloppant du bras gauche, il commença de l’autre main à dégrafer son corset.

— Vous allez me faire du mal ?

— Non ! mon petit ange ! N’aie pas peur !

— Si M. Bouvard…

— Je ne lui dirai rien ! Sois tranquille !

Un tas de fagots se trouvait derrière. Elle s’y laissa tomber, les seins hors de la chemise, la tête renversée ; puis se cacha la figure sous un bras ; et un autre eût compris qu’elle ne manquait pas d’expérience.

Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet. 

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