Quand la musique classique fait des chansons

La chanson, art majeur ou art mineur VI. Musique classique, chanson, et réciproquement, 3/18
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Êtes-vous amateur de rondeaux ? Liriez-vous un blog consacré aux formes strophiques ? Écouteriez-vous une radio appelée « rire et lieds » ? À toutes ces questions, je réponds oui à votre place, puisqu’en musicologie, rondeau, forme strophique et lied sont plus ou moins des synonymes de chansons ! Les plus grand compositeurs ne rechignent pas à écrire des airs faciles à chanter, à la structure « strophique » (= couplet/refrain) facilement identifiable, des sortes de chansons donc. Je vous en passe quelques-uns. Mozart en a composé plusieurs, comme Der Vogelfänger bin ich, ja!, dans La flûte enchantée. Par le baryton Teddy Tahu Rhodes.

Autre air très connu, déjà passé dans le blog, Voi che sapete. Je vous passe ma version préférée, par Julia Lezhneva. Je lui trouve quelque chose de plus droit et net que d’autres… Mais partez à la pêche sur youtube, il y a toute sorte d’interprétations.

J’observe que de bonnes chanteuses de variété peuvent se casser les dents sur cet air. Le chant classique ne s’improvise pas… Par Natasha St-Pier.

D’un autre côté, quand des vedettes du chant classique s’essayent à la chanson, le résultat n’est pas toujours génial, mais enfin à vous de voir. Je m’voyais déjà, par Philippe Jaroussky & friends. On reconnait Natalie Dessay, Karine Deshayes et Philippe Jaroussky. J’adore l’air des musiciens, un peu « mais qu’est-ce qu’on s’encanaille aujourd’hui ». Le timbre « lyrique » plait ou pas… mais pour passer par dessus un orchestre, on est contraint d’utiliser certaines harmoniques. On reparle de cette version bientôt dans la série.

Jusqu’à une époque récente, certains de ces airs étaient repris par des vedettes. Le rondeau du brésilien, air célèbre de La vie parisienne, opérette de Jacques Offenbach, par Dario Moreno.

Pour conclure ce billet, puisqu’on parle d’airs favoris, une citation assez éclairante tirée de l’extraordinaire Guide illustré de la musique d’Ulrich Michels. Cette curieuse mini-encyclopédie, richement illustrée et très complète ne comporte qu’un ou deux paragraphes sur la chanson, alors qu’il y a des tartines sur des notions aussi centrales que les appoggiatures ou autres conneries, passez-moi l’expression. Mais ça tombe bien, ça nous fera moins à lire aujourd’hui … Voilà les deux paragraphes.

Après le succès remporté depuis le milieu du XIXè siècle par certains airs favoris d’opéra et d’opérette, on a vu se créer de toutes pièces des « succès » dont les médias, en particulier le disque et la radio, ont fait une véritable marchandise musicale, qui représente un chiffre d’affaire important.

Des équipes organisée de façon rationnelle et professionnelle collaborent à cette production : auteurs, compositeurs, arrangeurs, chanteurs, acteurs, ingénieurs du son, directeurs commerciaux, jusqu’aux disc-jockeys. Ces musiques de variété s’appuient sur les habitudes auditives et les sentiments les plus simples. Faisant rarement preuve d’originalité, elles s’inscrivent toujours dans les courants de la mode, qu’elles contribuent parfois à orienter. À des paroles sur le thème de la solitude, de l’amour, correspond une musique délibérément simple — mélodies diatoniques aux intervalles caractéristiques, rythmes réguliers, harmonies tonales, structure strophique avec refrain, sonorités connues et parois clichés les plus éculés : valse musette pour Paris, guitare hawaïenne pour les mers du sud, etc.

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Une petite cantate

L’énigme LdV 4/6
1 – 2 – 3 – 4 – 4bis – 566bis

On cherche toujours le lien secret unissant les chansons de la série. Ceux qui auraient déjà trouvé peuvent chercher pourquoi l’énigme s’appelle LdV (pas simple). Après Trenet, Brassens chanté par Jaroussky et les Jackson 5, je vous propose Une Petite Cantate, de Barbara. D’ailleurs, j’aurais pu vous proposer La Petite Fugue de Maxime Le Forestier à la place de la Petite Cantate, mais on l’a déjà vue dans le blog dans la série sur Bach, ici.  Ne connaîtriez-vous pas une Petite Symphonie, un Petit Concerto, ou un Petit Opéra pour la prochaine fois ?

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Brassens lyrique

L’énigme LdV 2/6
1 – 2 – 3 – 4 – 4bis – 566bis

En préparant l’énigme, je suis tombé sur cette étrange version de Colombine, qu’on a déjà écoutée dans la série sur Paul Verlaine (ici). Musique de Georges Brassens, interprétée Philippe Jaroussky sur un arrangement de Jérôme Ducros. Il me semble (sans certitude) que c’est bien Jaroussky qui chante tout le morceau, y compris les parties  plus graves (il bascule sur sa voix de poitrine).

 

Une petite anecdote sur le contre-ténor Philippe Jaroussky (qu’on reverra dans le blog) : son nom de famille proviendrait de son grand-père fuyant la révolution russe. On lui aurait demandé son nom, à quoi il aurait répondu « je suis russe », ce qui en russe se dit « ia rouski » ! Ouh la, je parle, je parle, je vais finir par donner la solution de l’énigme…

Sans lien avec l’énigme, une vidéo très intéressante sur Philippe Jaroussky et les mises en musique de Verlaine auxquelles il a consacré un album (et retournez donc voir la série sur Verlaine, ici) :

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