Le trio de Schubert

La chanson, art majeur ou art mineur VI. Musique classique, chanson, et réciproquement, 6/18
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Je voudrais vous emmener aujourd’hui en visite dans différentes versions du Trio n°2, op. 100 de Franz Schubert. On l’écoute d’abord, par Renaud Capuçon, Gautier Capuçon et Frank Braley.

Ce morceau a été popularisé par Stanley Kubrick, qui l’a utilisé pour son film Barry Lyndon, dans une version un peu réorchestrée pour les besoins du film. Je vous passe la scène finale du film.


Barry Lyndon
est une reconstitution très méticuleuse de l’Europe du XVIIIe siècle. On s’étonnera donc que Stanley Kubrick ait choisi une composition du siècle suivant. Il s’en est expliqué (citation pêchée sur wikipedia) :

J’avais d’abord voulu m’en tenir exclusivement à la musique du XVIIIe siècle quoiqu’il n’y ait aucune règle en ce domaine. Je crois bien que j’ai chez moi toute la musique du XVIIIe siècle enregistrée sur microsillons. J’ai tout écouté avec beaucoup d’attention. Malheureusement, on n’y trouve nulle passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d’amour ; il n’y a rien dans la musique du XVIIIe siècle qui ait le sentiment tragique du Trio de Schubert. J’ai donc fini par tricher de quelques années en choisissant un morceau écrit en 1814. Sans être absolument romantique, il a pourtant quelque chose d’un romanesque tragique.

Effectivement le trio se prête bien à un phrasé rubato auquel le siècle romantique nous a habitué pour exprimer les sentiments. Mais le trio sonne tout de même un peu baroque, et ne détonne donc pas trop au milieu de musiques du XVIIIe. Amateurs de solfège, je pense que cela tient à la présence de valeurs pointées, à l’ornementation (les trilles), et à la solennité du violoncelle, qui sonne un peu comme une viole de gambe. Le trio évoque la Sarabande de Haendel, également utilisée par Kubrick pour Barry Lyndon.

On imagine mal une version « romantisée » de la Sarabande. Il reste intéressant de la comparer au Trio. Les deux morceaux utilisent des structures noire – noire pointé. Ce point commun attrape l’oreille, même si le Trio est à deux temps et la Sarabande à trois temps. L’abus du rubato dans la version du trio de Barry Lyndon pourrait confiner au mauvais goût, mais le phrasé collant bien l’image, ça passe. Plus généralement, Schubert a écrit les musiques les plus sentimentales qui soient. Jusqu’à nous faire c…, comme expliqué en conclusion de Trop belle pour toi, film de Bertrand Blier. Sur l’Impromptu opus n°3, avec Gérard Depardieu.

Tant qu’on y est, je vous passe Voyou, du groupe Fauve, qui utilise aussi le Trio de Schubert.

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