Question pour un champion est le jeu préféré de l’auteur de ses lignes. À tel point que le Jardin y déjà a consacré toute une série, ici. Dans laquelle j’ai oublié cette chanson de François Morel, la meilleure sur le sujet. Avec Antoine Sahler sur le clip. J’observe que QPUC est peut-être le seul jeu qui a une image négative en chanson, injustice qui confine à l’ignominie.
Les jeux télé se prêtent à toutes sortes de parodie, voir par exemple le Quiz communiste des Monty Python.
Puisque c’est jeux télé aujourd’hui, je conclus ce billet consacré par Le tango d’Interville de Guy Lux et Léon Zitrone. Bravo les gars.
Les Juifs et la chanson III – Shoah et chanson 16/23
La plupart des chansons passées jusqu’ici sont l’œuvre de chanteurs et chanteuses juifs, dont la famille a été parfois touchée directement par la Shoah. Dans ce billet, je vous propose un tour d’horizon chronologique de plusieurs chansons d’auteurs a priori non-juifs (je n’ai pas vérifié la biographie de tout le monde …) qui chantent la Shoah. L’évolution dans le temps est intéressante.
La première chanson ne concerne pas directement la Shoah. Elle parle du Vélodrome d’hiver à Paris, un lieu de fête populaire et de meetings politiques avant-guerre, ainsi que se le remémore Yves Montand. Les « six jours » mentionnés dans les paroles, ce n’est pas la création du monde dans la Genèse, ce sont les Six jours de Paris, fameuse course cycliste. C’est au Vel’ d’Hiv qu’ont été parqués les 13 000 juifs arrêtés le 16 juillet 1942, lors de la plus grande rafle organisée en France. Aujourd’hui, « Vel’ d’hiv » évoque la rafle du Vel’ d’hiv, pas le cyclisme sur piste… La chanson montre bien que dans les années 1950, il n’en était rien.
Avec les Juifs de Pierre Selos, chanteur engagé dans le catholicisme à ses débuts. On est en 1964.
La petite juive de Maurice Fanon, en 1965.
Petit Simon d’Hugues Aufray en 1967, paroles de Vline Buggy.
Paul Louka, Tante Sarah en 1972.
Chanson pour Anna, en 1974, paroles et musique de Pascal Danel, interprétée par Daniel Guichard
En 1977, dans son concept-album Simon et Gunter, Daniel Balavoine nous raconte l’histoire de deux frères allemands séparés par le mur de Berlin. Une chanson de l’album, Lise Altmann, est consacrée à la Shoah.
En 1986 , Gilbert Bécaud compose une comédie musicale, Madame Rosa, adaptée par Claude Lemesle du roman d’Émile Ajar, La vie devant soi. Extrait : Bravo, par Annie Cordy. Première chanson de la série qui évoque explicitement le rôle des Français dans les déportations.
Anne ma sœur Anne, en 1985, Louis Chédid (qui fait son entrée au 1007e billet de ce blog). Je crois que c’est la première chanson de la série qui évoque le retour de l’antisémitisme après-guerre. La chanson date à peu près des premiers succès électoraux du front national.
Souviens-toi du jour en 1999, interprétée par Mylène Farmer. À la fin de la chanson, elle chante « Zakhor et yom », ce qui signifie « Souviens-toi du jour » en hébreu. Les paroles disent en boucle « si c’est un homme », allusion sans ambiguïté à Primo Levi. Mylène Farmer porte une robe Thierry Mugler. Analyse du clip, ici.
L’ami Jacob, en 2007, de Pascal Danel, qui avait déjà écrit la Chanson pour Anna en 1974 pour Daniel Guichard.
Fatigué, fatigué, de François Morel. On est en 2010.
Chez les hommes, la palme de l’ambitus revient peut-être à Ivan Rebroff, chanteur de formation classique, qui n’était pas loin non plus des cinq octaves.
Notez que de même qu’Ali G. évoque Maria Carey comme « grande chanteuse » implicite, les Deschiens font appel à Ivan Rebroff, et à ses prétendues « 7 octaves ! » (c’est plutôt 4 ou 5, ce qui est déjà exceptionnel).
Ce n’est pas une coïncidence si des comiques du monde entier citent des chanteurs à grand ambitus lorsqu’ils ont besoin d’un parangon de grand chanteur. Notons qu’Ali G., rappeur en toc imaginé par Sacha Baron Cohen, vient d’une banlieue bourgeoise et a pour vrai nom Alister Lesly Graham. François Morel (comme personnage des Deschiens) est un petit bourgeois provincial également. Selon la culture bourgeoise (telle qu’implicitement vue par les comiques en tout cas), toute valeur, y compris artistique, doit être quantifiable : la grandeur d’un chanteur se mesure objectivement à son ambitus. On avait déjà vu un phénomène similaire dans la série sur l’esprit d’épicerie et la révolution sexuelle, avec le nombre incroyable de chansons des années 1970 citant explicitement des âges toujours plus jeunes pour des rapports sexuels, comme mesure objective de scandale. Voir ici.
Pour finir, La légende des douze voleurs, par Ivan Rebroff. Notez sur la pochette du disque, le N à l’envers, qui se prononce « i » en russe, et n’a rien à voir avec le « N » de « Ivan » !
Dans les prochains jours, on va se distraire avec quelques parodies. On commence par Ça s’en va et ça revient, de Claude François, parodié par François Morel et Philippe Duquesne (qu’on a déjà vu parodier Gainsbourg dans ce blog, ici).
La troupe des Deschiens (à qui on doit les parodies de ce post) avait semble-t-il un problème avec ce pauvre Cloclo. Elle a même lancé une parodie de concours d’imitations parodiques : le 3615 Cloclo, un véritable acharnement anti-cloclo !
Le téléphone pleure, par le gars Bruno Lochet.
Toi et moi contre le monde entier par Atmen Kelif (qu’a pas le physique).
Où l’on apprend que Claude François a été pillé par Charles Trenet. C’est la même chanson, par Philippe Duquesne.
Comme d’habitude, avec une vraie voix lyrique pour une fois (non identifiée). C’est qu’à l’opéra, y’a pas un chanteur connu.