Les Juifs et la chanson V – Chansons de Corvol 9/10
Je vous propose aujourd’hui une chanson intéressante du répertoire corvolois, Seize tonnes, par Jean Bertola.
C’est une adaptation de Sixteen tons. Voici l’original par Tennessee Ernie Ford.
Voici encore le drolatique Sixteen tons of latkes par Mickey Katz. Sachez que les latkes sont une délicieuse spécialité à base de pommes de terre râpées. Explication détaillée des paroles ici.
Les Juifs et la chanson III – Shoah et chanson 13/23
Serge Gainsbourg a consacré un concept-album au nazisme, Rock around the bunker. On en a déjà passé plusieurs extraits dans ces séries sur les juifs et la chanson. Beaucoup de sujets sont évoqués : la nuit des longs couteaux dans Nazi rock, les persécutions antisémites dans Yellow star, l’exil des nazis en Amérique du sud dans SS in Uruguay, etc, etc.
Mais pas de chanson sur la Shoah, en apparence du moins. Car je pense que la chanson sur la Shoah de l’album, c’est la seule en anglais : la reprise du standard de jazz Smoke gets in your eyes.
C’est juste une hypothèse, mais les paroles de cette chanson d’amour prennent un relief particulier si on les écoute dans cette perspective. De toute manière, sans ça, on se demande ce que Smoke gets in your eyes fabrique dans cet album.
They asked me how I knew My true love was true I of course replied « Something here inside Cannot be denied »
They said someday you’ll find All who love are blind When your heart’s on fire You don’t realize Smoke gets in your eyes
So I chaffed and I gaily laughed To think they could doubt my love Yet today, my love has flown away I am without my love
Now laughing friends deride Tears I cannot hide So I smile and say « When a lovely flame dies, Smoke gets in your eyes. »
Smokes get in your eyes était parait-il un des standards préférés de Thelonious Monk.
Autre extrait de l’album de Gainsbourg, Nazi rock. Au début de la vidéo, échange entre Philippe Bouvard et Serge Gainsbourg :
PB : Pourquoi tout un disque sur les nazis ?
SG : Disons que c’est un os qui m’était resté depuis 34 ans.
PB : Vous étiez très jeune au moment de l’occupation.
SG : Mais j’ai de la mémoire, j’avais 12 ans.
Pour finir sur une note plus légère, je vous propose une parodie de Smoke gets in your eyes, par Mickey Katz : Don’t let the schmaltz get in your eyes. Le « schmaltz » désigne en yiddish la graisse d’oie, ingrédient de la cuisine juive d’Europe de l’Est.
Les Juifs et la chanson I – La chanson yiddish 13/14
On fait aujourd’hui connaissance avec Mickey Katz, chanteur fantaisiste américain. Il a débuté dans l’orchestre de Spike Jones (déjà passé dans le blog, ici). Il s’est ensuite spécialisé dans la parodie de classiques américains en simili yiddish avec accent à la Rabbi Jacob. Une sorte de Popeck en chanson, dont je n’ai pas trouvé d’équivalent français.
Mickey Katz nous chante la véritable histoire de Davy Crockett, dont l’historiographie ignore largement qu’il a été nourri au gefilte fish (= la carpe farcie). Duvid Crockett.
Puisque le billet du jour est sous le signe de la cuisine juive et de la blague, en voilà une. C’est un Villeurbannais qui cherche à se loger, et qui visite un appartement habité par des Juifs très pieux. Il s’étonne de voir deux éviers, chacun à un bout de la cuisine. Les occupants du lieu lui expliquent : « C’est pour la cuisine casher, qui suit des règles très strictes. La Torah dit « tu ne mangeras point l’agneau dans le lait de sa mère ». Il nous est donc interdit de manger lait et viande en même temps, c’est pourquoi pour éviter tout mélange nous avons deux éviers ».
Il s’étonne alors de voir quatre frigidaires : un pour le lait, un pour la viande, d’accord, mais pourquoi les deux autres ? « Le troisième frigidaire c’est pour Pessa’h, la Pâque juive. En souvenir des Hébreux qui n’ont pas eu le temps de faire lever le pain avant de fuir l’Égypte, il nous est interdit durant Pessa’h de manger le « hametz », (= la levure) : pas de pain levé, pas de yaourt, pas de bière, etc. Le troisième frigidaire est donc exempt de toute levure et ne sert que durant Pessa’h ».
D’accord, mais le quatrième frigidaire ? « Oh, celui-là, c’est pour quand on a envie d’une tranche de jambon ».
Si vous voulez d’autres explications sur Pessa’h (Passover en anglais), regardez cet extrait de Prends l’oseille et tire-toi, film de Woody Allen.