Busy line

Le téléphone 23/24

Ma chanson de téléphone préférée, Rose Murphy, Busy Line. Excellent exercice pour cours de chant le « brrr-brrr » soit dit en passant.

Il parait que Rose Murphy a beaucoup inspiré le style vocal de Marilyn Monroe. Au téléphone, dans Lazy, avec Donald O’Connor, et Mitzi Gaynor. « New fish, same hook ».

En bonus du jour, un extrait du film Banzai, avec Coluche.

1 – Le téléphone d’Elli & Jacno
2 – Prélude à l’après-midi d’un hygiaphone
2bis – Olga & Adieu Minette
3 – Dans le Bottin
4 – Lizzophone
5 – Téléphone À Téléphone mon bijou
6 – Le téléphone pleure (de rire)
7 – Get off the phone
8 – Babylone 21 29
8bis – Allo
9 – Le standard téléphonique
10 – Ne coupez pas mademoiselle
11 – Telephone de Lady Gaga
12 – Le jeu du téléphone
13 – L’amour au téléphone
14 – Johnny téléphone
15 – Téléphonez moi chérie
15bis – La voix humaine
16 – Phone numbers
17 – Le téléphone sonne
18 – Téléphone-moi
18bis – Propositions
19 – Ring Ring
20 – Appelle mon numéro
21 – When the phone stops ringing
22 – Téléphone-moi
23 – Busy line
24 – Tout va très bien

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Tommy

Handicap et chanson 6/34

Je vous propose aujourd’hui plusieurs extraits de l’opéra rock Tommy du groupe The Who. Tommy est un enfant aveugle, sourd et muet, joué par le chanteur Roger Daltrey. La scène où le diagnostic du handicap est posé est intéressante : le père pense surtout à son argent et la mère répond aux avances du médecin joué par Jack Nicholson.

Autre scène intéressante : le jeune Tommy est conduit dans une sorte de messe où un culte à Marilyn Monroe est censé apporter une guérison miraculeuse. Eyesight to the blind, par Eric Clapton.

Je vous propose une autre scène très violente, déjà passée dans la série sur l’inceste. Le jeune Tommy est torturé et violé par son oncle sadique « uncle Ernie », joué par le batteur Keith Moon. L’horreur du viol et de l’inceste est accentuée par le handicap : aveugle et sourd, Tommy ne comprend pas ce qui lui arrive, la sidération de l’inceste est comme objectivée par l’oblitération des sens. Fiddle about (qui veut tripoter en anglais).

C’est assez pionnier, voire prophétique de ce qu’on verra plus tard dans la série : la chanson identitaire, c’est-à-dire des artistes handicapés dont le handicap fait partie de leur personnalité d’artiste (Grand corps malade par exemple). Dans Tommy, le handicap est mis en avant dans l’identité d’un personnage, et presque d’un artiste. Il est en effet intéressant de noter que la mère de Roger Daltrey était handicapée (mains paralysées suite à une poliomyélite) et que Pete Townshend, le guitariste de The Who et qui a écrit toutes les chansons, a été abusé sexuellement par sa grand-mère quand il était enfant. Tommy, c’est peut-être aussi précurseur du mouvement punk, en ce sens que les punks se définissaient comme inadaptés à la société, et mettaient en avant cette inadaptation, on en reparle bientôt.

Dans Tommy, il y a aussi la dimension magique du handicapé, qui développe des capacités surnaturelles procédant parfois de son handicap. Le jeune héros devient champion de flipper alors qu’il est aveugle (et puis ensuite, gourou planétaire, je ne vous passe pas tout le film …). Déjà passé dans la série sur les jeux en chanson, où l’on notait que le flipper est le jeu le plus souvent mentionné en chanson : Pinball wizard, par Elton John.

1 – Quasimodo
2 – Belle
3 – L’homme qui rit
4 – Monsieur William
5 – One of us
6 – Tommy
7 – La femme tronc
8 – Les petits amoureux
8bis – Hélicon
9 – La noce des infirmes
10 – L’invalide à la pine de bois
11 – À quoi pense le réalisateur ?
12 – Une courte de Corbier
13 – Kekseksa Papa ?
14 – La mauvaise réputation
15 – Le bégaiement
16 – La jambe de bois
17 – Camille
18 – Corinne
19 – L’handicapé
20 – Il veut faire un film
21 – Tu n’en reviendras pas
22 – Complainte d’un infirme
23 – Quoi ma gueule
24 – Salut à toi l’handicapé
25 – La petite rivière
25bis – Le luneux
26 – L’enfant soleil
27 – Je te donne
28 – Ça ne tient pas debout
29 – Elle dort
30 – Ceux que l’on met au monde
31 – L’enfant différent
32 – Grand corps malade
33 – Le cachet
33bis – Salut à toutes
34 – Yes I can

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Être Dieu

La chanson, art majeur ou art mineur VIII. Chanson et peinture 2/17

L’art majeur, c’est très bien, mais si on force la dose, on risque quand même une légère mégalomanie… Je vous propose aujourd’hui Salvador Dalí et son opéra Être Dieu. Bah oui, tant qu’à faire.

Extrait du livret, à lire en roulant puissamment les « r » :
Je demande au secrétaire général des Nations Unies qu’Auguste Comte et Marylin Monroe soient proclamés roi et reine universels en exil. Et que dans toutes les discothèques et librairies de gauche, il leur soit rendu les honneurs réservés à l’ange consort. Quant à Mao, je rappelle qu’en 1960 j’ai prédit qu’il unirait un jour la Chine et les États-Unis pour la domination du monde.

Très bien. Mais sort-on l’ange consort ?

1 – Pourquoy n’aura mon langage, son or et ses douces fleurs ?
2 – Être Dieu
3 – Brel à Gauguin
4 – Goya et la chanson
4bis – Goya bis
5 – La peinture en bâtiment est-elle un art majeur ?
6 – Figure mythique du peintre
7 – Van Gogh, peintre par excellence de la chanson
8 – Autres personnages de peintres
9 – Les arbres de Corot
10 – Regard impressioniste
11 – La Joconde
12 – Nicolas Schöffer
13 – Ekphrasis
14 – Serge Rezvani
15 – Nino Ferrer
16 – Mick Micheyl
17 – Serge Gainsbourg

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Barbara

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 7/12
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Dans cette série sur les poncifs, je trouve le cas de Barbara particulièrement intéressant. De tous les « grands » de la chanson, elle est sans doute celle qui abuse le plus du poncif. Elle parvient d’ailleurs à caser deux de ses chansons dans l’énigme ART (voir ici). Quand on essaye de jouer ses musiques à la guitare, on découvre que plusieurs sont bâties sur les mêmes suites d’accords convenues. Bien plus que celles de collègues à elle dont on critique volontiers les musiques. Par exemple, Brassens, ou même des compositrices rangés dans la « variété » et pas dans la chanson « de qualité », ne me demandez pas pourquoi. Je pense à Véronique Sanson.

Dans ses paroles, Barbara n’a pas de complexe : amour rime avec toujours, tout coule facilement. Dans Pierre, des phrases d’une poétique cul-cul frisant le mauvais gout, telles que « Oh mon dieu que c’est joli la pluie », côtoient une écriture tout en platitude :

Tiens il faut que je lui dise
Que le toit de la remise
A fuit
Il faut qu’il rentre du bois
Car il commence à faire froid
Ici

C’est pas du Mallarmé (heureusement en fait, j’aime pas du tout Mallarmé). Mais les vers de sept pieds sont rythmés par leurs consonnes. Ceux de deux pieds expirent au contraire des sonorités suaves. Sur une musique assez banale pour se faire oublier, placé rubato, avec la clarinette de Michel Portal au contre-chant et une voix discrètement entrecoupée de soupirs, ça produit son effet. La platitude même des mots laisse finalement entendre qu’ils sont sans importance, en cette circonstance. C’est de la belle chanson, l’une des plus belles qui soit à mon goût. Pierre.

Barbara ne prétendait nullement être poétesse. Dans ses interviews, elle expliquait qu’elle ne comprenait pas pourquoi on la rangeait dans la catégorie des chanteuses intellectuelles. C’est vrai que pour avoir écrit « il pleut… », « donne-moi la main », « un matin ou peut-être une nuit », etc, c’est étrange comme classification.

Quel est le secret de son art, qui manie le poncif sans s’affadir ? Prenons un autre exemple, dans Göttingen : « les enfants sont les mêmes à Paris ou à Göttingen ». Le poncif est éculé, on se croirait dans une chanson de scout écrite au presbytère. Mais chanté par Barbara, ceci prend un relief spécial : elle a échappé à l’extermination pendant la seconde guerre mondiale, elle a vraiment été chanter à Göttingen, où elle a vraiment rencontré des enfants allemands, qui étaient sans doute vraiment blonds. « Les enfants sont les mêmes à Paris ou à Göttingen » donc, ça n’a rien à voir avec une phrase vidée de son sens du genre « si tous les enfants du monde voulaient se donner la main », « heureux les pauvres d’esprit », etc.

On peut multiplier les exemples dans le répertoire de Barbara : l’inceste chanté et vécu, la mort de son père à Nantes. Tout est vrai, il n’y a pas eu de besoin de la presse people pour que son public le ressente. Barbara est une entité globale : sa vie, ses textes, ses musiques et ses interprétations ne font qu’un. Il y a de nombreux exemples de ces artistes-personnages dans la chanson : plus ou moins fabriqués par l’industrie du loisir, fantasmés par le public, parfois au corps défendant de l’artiste. Dans des rôles très variés : Mylène Farmer, Johnny, Renaud, Marilyn Monroe, Brassens d’une certaine manière… Si on remonte dans le temps, Eugénie Buffet, peut-être l’inventeuse du personnage en chanson, avec son rôle de la pierreuse (voir ici). Et encore avant Béranger. L’originalité de Barbara dans cette tradition, c’est qu’elle résiste à l’examen : le personnage fantasmé est curieusement proche de la vraie Barbara, sans qu’on sache si l’une s’est efforcée de ressembler à l’autre.

Allez donc voir la vidéo d’Agnès Gayraud, sur la musique pop (qui n’est pas exactement la chanson, mais la recoupe en grande partie). Le passage vers la fin, sur Nina Simone, n’est pas sans rapport avec ce que je raconte aujourd’hui.

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Cole Porter n’a rien composé pour Nougaro

Ils n’ont rien composé pour Nougaro 2/8
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Dans le dernier billet, on se demandait pour Nougaro n’a pas utilisé de musique de Miles Davis. Peut-être parce que les musiques de Miles Davis ne conviennent pas à de la chanson ? Mais pourquoi n’a-t-il pas chanté sur du Cole Porter alors ? Car voilà un auteur-compositeur qui a trempé dans le jazz, la comédie musicale et la chanson… et qui a aussi réfléchi à la manière de marier musique populaire et savante, on en reparlera plus tard dans le blog.

Ella Fitzgerald, Let’s do it (let’s fall In love), paroles et musique de Cole Porter, très bonne chanson pour une veille de Saint-Valentin. Les paroles mi-sentimentales mi-grivoises ont quelque chose d’un contemporain de Porter, le parolier Albert Willemetz dont on reparle dans la prochaine série (patience). Je me demande s’ils se connaissaient…

Encore une composition de Cole Porter que j’aime bien (pour le rythme, la walking bass)… My heart belongs to daddy, par Marilyn Monroe, extrait du film Le milliardaire, qui s’appelle en anglais Let’s make love (j’ai vérifié dans le dictionnaire, c’est vraiment bizarre comme traduction). Avec Yves Montand. Désolé pour le montage de la vidéo, je n’ai rien trouvé d’autre sur Youtube. Avec des paroles de Nougaro, ça aurait été de la bombe !

En bonus, tout l’album Ella Fitzgerald sings the Cole Porter songbook !

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