Passé l’effet de sidération de Je t’aime moi non plus, comment encore écrire des chansons sexuellement explicites ? Les tentatives un peu ratées de Jean Yanne, Herbert Léonard ou Jean Ferrat montrent que malgré l’absence de censure (ou peut-être à cause de son absence ?) ça n’a rien d’évident. Gainsbourg aurait tué le job. Lui-même a connu un coup de mou après Je t’aime moi non plus, voir les billets précédents.
Bashung est peut-être celui qui a su renouveler le genre avec le plus de bonheur. Je vous passe trois de ses chansons plus ou moins explicites. Comme les paroles sont assez obscures (voir ici), on peut imaginer bien des choses… je vous épargne les explications de texte.
Ma petite entreprise.
Madame rêve.
Malédiction, c’est ma préférée.
Vous avez remarqué ? Les trois titres commencent par « ma ». Parlez-en à votre psychanalyste.
La chanson ne s’est pas tellement essayée à la pornographie. Il faut dire que le porno, c’est plus fait pour être vu qu’entendu, pour ce qu’on m’en a dit bien sûr. Selon Wikipedia, la pornographie est une « représentation complaisante — à caractère sexuel — de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique, cette représentation explicite d’actes sexuels finalisés ayant pour but de susciter de l’excitation sexuelle ».
Si l’on s’en tient à cette stricte définition, la première tentative de chanson porno, peut-être la dernière, on la doit sans doute à Gainsbourg, je vous renvoie au billet précédent. Toutefois, au milieu des années Top 50 sont apparues des chansons érotiques aussi sinistres qu’un porno soft sur M6 à 22h55. Regardez le clip ci-dessous, c’est curieux comme laideur. Et la tête qu’ils tirent les deux tourtereaux, ça n’a pas l’air drôle tous les jours pour eux, surtout quand ils s’aiment. Quand tu m’aimes, par Herbert Léonard.
La parolière, c’est Vline Buggy, qui est surtout connue pour avoir écrit beaucoup de chansons de Claude François. Une spécialiste de la chanson à décor, des ambiances : Le pénitencier, Céline ou Le petit âne gris d’Hugues Auffray, c’est elle. Pour cette ambiance là, elle s’est un peu plantée, mais ce n’était pas le plus facile. Moins connu, toujours pour Herbert Léonard, Et toi, sexuellement parlant. Cette fois, la musique est d’un certain Julien Lepers, gloire à lui. Déniché par le site horreursmusicales.com…
Spécialement pour ce billet, je vous ai dégoté une star du porno qui s’est essayée à la chanson : Ilona Staller, plus connue sous son pseudonyme : la Cicciolina. Je suppose que l’exemple n’est pas isolé, mais je me suis refusé à trop enquêter sur ce sujet par égard pour ma e-réputation. J’attends les suggestions de mes lecteurs. La Cicciolina, actrice, politicienne, et donc chanteuse. Baby love.
Vous avez vu ? Étonnant comme la mauvaise qualité des vidéos sur YouTube renouvelle le flou hamiltonien. Pour ceux qui ne connaissent pas, le concept nous vient de David Hamilton, photographe érotique qui a aussi réalisé des films. Un critique facétieux de Télérama écrivait à leur propos : « Dans la salle, les spectateurs crient ‘mise au point’ ».
La Cicciolina a épousé l’artiste kitsch Jeff Koons, et ils ont réalisé ensemble une exposition pornographique d’art contemporain : Made in Heaven. Il parait que le scandale a été unanime chez les critiques d’art, comme quoi ça restait possible en 1990. Puisqu’on est sur un blog de chanson et tout public, je retiens que l’exposition emprunte son titre à une chanson posthume de Freddie Mercury. Made in heaven, par Queen.
Questions pour un champion 1/6 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6
Noël c’est kitch, c’est indigeste. Le Jardin aux Chansons qui Bifurquent vous propose pour les fêtes un thème aussi bourratif qu’une dinde aux marrons mélangée à de la bûche glacée : Questions Pour Un Champion, abrégé en QPUC. C’est étonnant tout ce qu’on peut en dire (et encore, je me suis réfréné). Le plus compliqué, c’est de trouver des chansons illustratives, mais j’ai fait un gros effort. Bon, c’est les vacances, il y aura surtout du texte, bonne lecture et courage à tous.
Avant de décrire tous les aspects de ce jeu passionnant, demandons-nous d’abord qui sont les joueurs de QPUC. Le jeu télé n’en donne qu’une idée faussée : les candidats sont choisis on ne sait pas comment, ils sont stressés, etc. Si réellement assoiffé de buzzer ou simplement curieux, vous souhaitez savoir qui sont les authentiques joueurs, je vous conseille la fréquentation assidue d’un club QPUC. Toutes les grandes villes de France en ont, et même certaines petites. Typiquement, un club se réunit quelques fois par semaine, surtout pour jouer. N’espérez pas y rencontrer des fans de Julien Lepers s’échangeant des photos dédicacées, il y en a beaucoup moins qu’on ne le suppose. Vous découvrirez de nombreux joueurs, et parmi eux d’authentiques champions qui vous laisseront perplexes. Parfois anciens cancres, de toute origine sociale, plus rarement profs ou intellectuels professionnels qu’on pourrait le croire. Leurs capacités hors norme sur ce segment étroit de la compétence ne leur furent que de peu d’utilité à l’école semble-t-il.
Vous vous demanderez d’où vient leur stock de connaissances qui semble affleurer en permanence… Certains membres du club vous aideront dans cette quête en détaillant les circonstances où ils ont appris chacune de leurs nombreuses réponses, ce qui dessine leur vie comme en creux. Malheureusement, ce fatras désorganisé d’anecdotes ralentit le jeu, finit par fatiguer même les plus indulgents, et on les fait taire, ce qui laisse cette ébauche dans un état permanent d’inachèvement.
Mais la population typique d’un club ne se compose à peu près que d’un tiers de ces passionnés vraiment doués pour le jeu. Il y a un gros tiers de retraités qui cherchent une activité intelligente et conviviale pour passer le temps agréablement, et un petit tiers plus indéterminé : des qui croient venir se cultiver ; des qui aimeraient bien que le président du club les laisse gérer ci ou ça ; des masochistes qui flattent leur modestie dans des séries obscures de défaites ; voire même des pique-assiettes si le club fournit des boîtes de biscuits. Pas de dragueurs, c’est vraiment le pire endroit possible pour ça. Les couples de champions sont extrêmement rares du reste.
Ouh la, je bavarde je bavarde, il faut une chanson. Savez-vous que Julien Lepers fut chanteur avant de présenter QPUC ? Il a même écrit quelques chansons pour Herbert Léonard.
Mais c’est bien en présentant QPUC qu’il a donné le meilleur de lui-même !
Et au fait, c’est la panique en ce 24 décembre : il faut acheter des cadeaux pour ce soir … Une petite idée : si vous êtes vraiment coincé, offrez donc un abonnement au blog comme cadeau. En plus, c’est gratuit.