Henri Salvador n’est pas le plus grand bluesman français

Qui est le plus grand bluesman français ? 7/8
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On a peut-être fait fausse route. Peut-être qu’il n’y a pas de blues français, tout simplement. Parce qu’il n’y a pas de champs de coton en France, parce qu’il n’y a qu’une très ancienne Orléans. Et on n’a pas de descendants d’esclaves noirs… mais si on réfléchit, il y a bien des descendants d’esclaves noirs en France, à la Guadeloupe, à la Martinique, etc. Si c’est là qu’il fallait chercher le plus grand bluesman français ?

J’ai un peu cherché dans cette direction, c’est une fausse piste. Pourquoi les Antillais feraient-ils du blues d’ailleurs ? Pointe-à-Pitre est à 2000 km de la Nouvelle-Orléans et on ne demande pas à Cabrel de chanter de  l’Occitan ou à Johnny du belge. Et puis les Antilles françaises ont inventé la biguine et le zouk. Voilà ce qu’écrit Bertrand Dicale sur le zouk dans son Dictionnaire amoureux de la chanson française.

[…] cette musique inventée à Paris par trois Guadeloupéens (Jacob Desvarieux et les frères Pierre-Édouard et Georges Décimus) va conquérir le monde, influencer durablement les musiques urbaines d’Afrique, de l’océan Indien et des Amériques latine et centrale, et pourtant ne sera considérée en France que comme une fantaisie pour dancing d’arrière-plage, quelque part dans les années 80. […] Alors on préfère ne pas percevoir qu’une révolution musicale porte la nationalité française. Et finalement, le reggae de Bob Marley est plus aisément soluble dans la culture française.

C’est vrai Monsieur Dicale : la France invente le zouk, chante son hymne national en reggae, mais ne parle que de blues ou de java dans les paroles de ses chansons, allez savoir pourquoi. Si vous vous intéressez aux Antilles et à la chanson française, je vous recommande l’émission de Benoit Duteurtre du 11 novembre 2017, avec comme invité Pascal Légitimus, en réécoute ici.

Il y a quand-même un célèbre blues, chanté et composé par un Antillais d’origine. Blouse du dentiste, musique de Henri Savador, paroles de Boris Vian. On reconnaît le genre parodique propre aux débuts du rock en France (voir notre série sur ce sujet, ici). The genius, Ray Charles en personne, n’en veut pas du tout au bon Henri.

Quel farceur vous faites Monsieur Salvador. Sans ça, vous seriez sûrement devenu le plus grand bluesman français. Et puis voilà du blues. Brownie McGhee, Pawn Shop Blues.

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Ils auraient mieux fait d’aller en cours de maths

Les scientifiques dans la chanson 5/12
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On continue cette laborieuse litanie des scientifiques à l’image plus ou moins dégradée dans la chanson : déicide chez Brassens, pénible chez Trenet, irresponsable chez Vian, et cinglé chez Walt Disney, que reste-t-il ? La figure du bon élève qui ne s’assume pas et qui monte un groupe de rock au lieu d’écouter en maths. Si si, écoutez bien, c’est dit au début de l’interview. Ça ne peut que faire de la musique de daube tout ça, et quelle perte pour la science (même s’il est finalement admis en « sup’ de co ») ! Isabelle a les yeux bleu, par Les Inconnus.




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Negra Bouch’beat

La carrière de Manu Chao 5/6
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Avec le succès est venue la parodie : un sketch assez drôle des inconnus singeant non sans lourdeur tous les tics du rock alternatif français : bric-à-brac musical, message politique simpliste, paroles débiles, manque d’hygiène ostentatoire, etc. La Negra’bouch Beat, parfois appelée Mano Verda, se veut la synthèse des Garçons Bouchers, des Negresses Vertes, d’Elmer Food Beat, et bien sûr de la Mano Negra.

Regardez bien sur la vidéo, dans la partie « interview », juste derrière Bernard Campan (le « leader » de la Negra’bouch Beat), se trouve un monsieur avec des lunettes, qui se présente comme « Bibi ». Je suis à peu près sûr qu’il s’agit de Bibi, authentique batteur du groupe les Casse-Pieds, dont Manu Chao a fait plus ou moins partie à un moment, et qui a composé une chanson assez connue de la Mano Negra, Darling. Ceci est plus ou moins corroboré par Wikipedia, ici, mais si quelqu’un peut confirmer par un indice plus solide (une photo d’époque ?)… En fait, j’ai trouvé, voir ici.

Plus généralement, je suppose que plusieurs authentiques musiciens et amateurs de rock alternatif de l’époque ont servi de figurant pour le sketch, si vous en reconnaissez, lâchez vous dans les commentaires.

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La chanson, c’était mieux avant …

Incroyable mais vrai – 5/6
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Ne restent que :

– Didier Bourdon
– Charles Trenet

À marier avec :
– Une chanson ouvertement antisémite
– Une chanson qui demande que tous les immigrés chinois rentrent dans leur pays

Aujourd’hui, il y a une astuce. La chanson antisémite est chantée par Julien Dragoul, chanteur collabo imaginaire, joué par Didier Bourdon dans l’excellent sketch des Inconnus, Les chansons rétro. Tout le sketch vaut le détour : il y a de la chanson réaliste, du comique troupier raffiné par Bernard Campan, de l’opérette, un bel hommage de Pascal Légitimus à Joséphine Baker. Et l’odieux Julien Dragoul, dont la voix semble s’inspirer de celle de Maurice Chevalier, mais dont le parcours caricature plutôt celui d’André Dassary, l’interprète de Maréchal, nous voilà !. Ça commence vers 5min40s.

Vous noterez que c’est la première chanson de ce blog dont j’ignore le titre…