Vins d’appellation

Vin, alcool et ivrognerie 19/24

Les poètes et paroliers vont parfois jusque dans le détail des appellations. Contrerime de Paul-Jean Toulet, Un Jurançon 93.

Un Jurançon 93
Aux couleurs du maïs,
Et ma mie, et l’air du pays :
Que mon cœur était aise.

Ah, les vignes de Jurançon,
Se sont-elles fanées,
Comme ont fait mes belles années,
Et mon bel échanson ?

Dessous les tonnelles fleuries
Ne reviendrez-vous point
À l’heure où Pau blanchit au loin
Par-delà les prairies ?

La Romanée Conti, chanson d’Anne Sylvestre qui célèbre la plus fameuse parcelle de Bourgogne.

1 – Le vin
1bis – Je bois la bouteille
2 – J’ai bu
3 – Un ivrogne appelé Brel
4 – Chanson à boire
5 – En titubant
6 – Le vin me saoule
7 – La santé, c’est la sobriété
8 – Si tu me payes un verre
8bis – Le vin que j’ai bu
9 – Tango poivrot
9bis – Sur le Pressoir
10 – L’alcool de Gainsbourg
11 – C’est cher le whisky, mais ça guérit
12 – L’eau et le vin
13 – Sous ton balcon
13bis – Le sous et Le Houx
14 – Sacrée bouteille
15 – Le dernier trocson
15bis – Java ferrugineuse
16 – Commando Pernod
16bis – Cereal killer
17 – Six roses
18 – 1 scotch, 1 bourbon, 1 bière
19 – Vins d’appellation
20 – On boira d’la bière
21 – Ponchon pochtron
22 – Copyright apéro mundi
23 – Rapporte moi des alcools forts
24 – Je vais m’envoler

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Jorge Luis Borges confiné

Cinq écrivains confinés 5/6

Aujourd’hui Jorge Luis Borges est pastiché. Je rappelle aux nouveaux abonnés que le nom de ce blog provient du titre d’une de ses Fictions, Le jardin aux sentiers qui bifurquent. Borges donnait souvent des explications à propos de ses nouvelles à l’occasion de rééditions, alors j’ai ajouté au pastiche un pastiche de postface.


Le confinement circulaire

Nul ne le vit arriver dans le confinement éclectique. Son air aristocrate le distinguait pourtant de la masse interlope des clients de l’hôtel. Les mœurs distanciées imposées à tous par l’épidémie convenaient à l’amitié typiquement anglaise qui s’établit entre nous. Nous prenions chaque soir un verre, loin l’un de l’autre, au bar de l’hôtel resté ouvert malgré les restrictions, par l’effet d’une lassitude hébétée plutôt que d’un vain défi à l’autorité.

Nous convînmes que le confinement n’était que le recommencement cyclique du périple de l’empereur ermite Xio-Chi-Tsun, interpolation de la relégation d’Ovide et de l’enfermement de Sîn-Muballit, roi de Babylone, tels que rapportés dans les manuscrits de l’Arabe dément Abdul al-Hazred. Confinement qui comme le notait Chesterton est le reflet de la quête de Quichotte dans le miroir que les géomètres nomment inversion, opération magique qui transforme les cercles en droites et les droites en cercles. Chacun du reste peut aisément vérifier tout ceci dans les deux volumes annexes de la 7e édition de l’Encyclopædia Britannica, aujourd’hui introuvables.

Au bout d’un temps indéfini, je l’interrogeai sur ses projets. Il était à la recherche d’un labyrinthe désormais perdu, dont l’existence lui avait été rapportée par son oncle, colonel dans l’aréopage qu’on appelait par pure convention Armée des Indes, qui la tenait lui-même d’un maharadja amoureux fou de sa tante. Il avait la particularité que l’entrée en était la sortie, et la sortie en était l’entrée, singularité propre au délire paradoxal qui manqua de faire perdre la raison à Bertrand Russel.

Nous nous mîmes ensemble à la recherche énigmatique du labyrinthe. Après des difficultés, impliquant des tigres et qu’il serait inélégant de rapporter plus avant, nous nous trouvâmes au pied de l’édifice. Toujours est-il que par respect pour ce que le temps unanime désignait par « mesures barrières », qui n’était plus pour nous qu’une distance machinale, l’un prit la sortie qui était l’entrée, tandis que l’autre entra par l’entrée (et sortit donc en quelque manière, puisque l’entrée était la sortie). Et c’est depuis lors que j’erre sans but dans une circularité implicite.

Postface.
J’ai écrit cette nouvelle lors d’un voyage dans le Sud. Au départ, elle était conçue pour être lue avec l’accent russe par un gaucho dans la Pampa. Mais par les contraintes intrinsèques à la littérature, elle a fini par être le contraire exact de ce qu’elle était postulée initialement. Je me suis résigné depuis longtemps à ce que la Fiction écrive Borges et non l’inverse comme le prétend une certaine critique parisienne. Je ne comptais pas la publier, avant que Jean Ménard, l’exécuteur testamentaire de Paul-Jean Toulet ne me proposât d’en inclure la traduction française dans un volume de mélanges, ce que j’acceptai bien volontiers.

Elle me parait baroque aujourd’hui, errement d’un jeune homme épris d’épithètes. L’association ambitieuse, ou laborieuse, de « confinement » avec « éclectique » (ne pouvant d’ailleurs prendre tout son sens qu’en vieil anglais) est un aveu de faiblesse finalement, qui explique sans doute que je n’ai pas reçu le Prix Nobel de Littérature cette année encore. Et non pas comme rapporté par la presse à cause de ma déclaration, au demeurant irréfutable, selon laquelle la dictature militaire est le seul régime s’accommodant de l’argot nouveau des faubourgs de Buenos-Aires.

Paris 1977
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La chanson du jour, c’est Pas sommeil de Benjamin Biolay. On y entend la voix de Borges vers 4:10 (qui disait que sa nouvelle Funes ou la mémoire est une métaphore de l’insomnie).

Et aussi Borges futbol club.

1 – Gustave Flaubert confiné
2 – Georges Perec confiné
3 – Jean Racine confiné
4 – René Goscinny confiné
5 – Jorge Luis Borges confiné
6 – Gustave Flaubert confiné (dans sa correspondance)

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Paul-Jean Toulet

La chanson, art majeur ou art mineur VII. Été 2019, chaque jour un poète, 29/68
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C’est l’été 2019, chaque jour un poète. Aujourd’hui Paul-Jean Toulet, né en 1867.

Voilà, encore un poète dont je n’ai trouvé aucune mise en musique. Toulet est pourtant si léger et délicat, ce serait mignon. Il n’est pas très célèbre, mais il a son fan-club inconditionnel, avec par exemple Jorge-Luis Borges, qui le tenait, à égalité avec Verlaine, pour le plus grand poète français (et puis moi). À défaut de chanson, je vous propose une lecture.

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