Expressions et mots venant de la chanson : les sources et les robinets 11/13 1 – 1bis – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 8 – 9 – 9bis – 10 – 10bis – 11 – 12 – 13
Il est temps de conclure cette série sur les mots et expressions trouvant leur source dans la chanson. Je vous livre à partir d’aujourd’hui mon top 5.
Numéro 5 : « bidasse ». Ce mot désignant en argot un soldat vient directement de la chanson Avec Bidasse, interprétée par Bach en 1913, sur un texte de Louis Bousquet et déjà passée dans le blog ici. C’est à ma connaissance le seul mot un peu courant qui a été vraiment inventé dans une chanson. Il mériterait de gagner le concours si j’avais seulement envie de repasser cette fichue chanson dans mon blog… Ceux qui auraient développé une addiction peuvent toutefois la réécouter, par Fernand Raynaud sur le site de l’Ina, ici.
Numéro 4: À Pâques ou à la trinité, proposé par Roland, internaute de Toulouse. Cette expression qui signifie « à une date indéterminée » vient de la chanson Malbrough s’en va-t-en guerre, voir ici.
Numéro 3, je propose l’expression « chauffe Marcel », expression qu’utilise Jacques Brel pour encourager l’accordéoniste Marcel Azzola dans Vesoul.
Vesoul, par Marcel Azzola en solo.
En fait, la paternité de l’expression « chauffe Marcel » fait débat, voir ici.
Les deux gagnants du concours dans les billets suivants !
Voici l’heure tant attendue de la solution. Comme vous l’avez deviné, les chansons de la série présentaient toutes une faute de liaison. Comme dans « ce n’est pas-t-à moi, je ne sais pas-t-à qui est-ce ». La fin de cette phrase aurait donné le mot « pataquès », dont le sens premier désigne une faute de liaison. Qu’on appelle aussi « cuir » ou « velours », d’où le titre de l’énigme CPV : cuir, pataquès, velours. En fait chacun de ces mots désigne une faute différente, je vous épargne les détails, voir ici.
Je vous propose maintenant un examen détaillé des chansons passées au long de cette énigme, avec quand c’est possible des versions des chansons sans la faute.
Dans Mon amant de Saint-Jean, les doux mots d’amour sont « dits-t-avec les yeux ». Si ça vous chauffe les oreilles, rabattez vous sur la version de Marcel Mouloudji accompagné par Marcel Azzola, la faute n’y est pas… Pour une fois que Marcel ne chauffe pas (nos oreilles)…
Dans Le métingue du métropolitain, ce coquin de Maurice Mac-Nab, auteur des paroles, a glissé :
Peuple français, la Bastille est détruite, Mais y a-z-encor des cachots pour tes fils !
Dans Drouot, Barbara laisse échapper « on avait mis-t-aux enchères ». Dans sa récente interprétation, Gérard Depardieu évite la faute :
Dans Les poupées, on entend « c’est pas-t-à moi », pataquès paradigmatique s’il en est. Dans Corne d’Auroch de Georges Brassens, on entend :
Alors sa veuve en gémissant coucha-z-avec son remplaçant.
Notez que dans la reprise punk-rock par Brassens’s not dead, la faute est corrigée ! Merci messieurs les punks.
Dans Mon truc en plumes, on entend : « plumes de-z-oiseaux, de-z-animaux ». Si vous avez voyagé à l’île de la Réunion, vous avez sûrement remarqué les magasins de nourriture pour z’animaux. Si c’est le cas, vous êtes un vrai z’oreille.
Dans À jeun de Jacques Brel, on entend :
Guili, Guili, Guili, Viens là mon petit lit Si tu ne viens pas-t-à moi C’est pas moi qui irai-t-à toi
Dans Pas de boogie woogie, on entend « Reprenez-r-avec moi tous en chœur ». Cette faute est recensée sur plusieurs sites internet consacrées aux fautes dans les chansons. Il s’agit probablement d’une bourde en studio, parce que dans les versions live que j’ai pu écouter, la faute n’est pas présente. Comme dans ma préférée (à propos, retournez voir la série sur le silence en chansons, celle-là aurait bien été dedans).
Dans Le soldat Moralès, il y a beaucoup de fautes de liaisons dans le préambule parlé, mais aussi une dans la chanson proprement dite : « Toi qui voulait voyager, te voilà-z-éparpillé »
La chanson Sur le Mireille commence par « J’étais venue-z-en Avignon ». Et Babx nous chante dans la pub pour son album « un jour je serai-z-une icône » (prédiction qui ne s’est pas réalisée d’ailleurs).
Voilà, partez à la pêche aux cuirs, pataquès et velours, et ramenez moi vos trouvailles. Je vous laisse à vos conjectures quant au caractère volontaire ou non des différents pataquès, dont on continue à parler dans le prochain billet.