Comment se rendre en Transylvanie Transsexuelle

Lieux possibles, impossibles et imaginaires de la chanson 12/17

Beaucoup de chansons parlent de lieux imaginaires, mais bien peu donnent le mode d’emploi pour s’y rendre… Connaissez-vous la planète Transylvanie Transsexuelle ? Rangez votre atlas stellaire, elle n’existe que dans le Rocky Horror Picture Show, archétype du film culte, pseudo-film de science fiction, mi-navet mi-chef d’œuvre et vraie comédie musicale. Ce film détient le record de la plus longue sortie en salle : à l’affiche depuis plus de 40 ans. Pour se rendre sur la planète, il suffit de danser le Time Warp. Paroles et musique de Richard O’Brien (c’est le bossu de la vidéo). La jeune fille qui s’évanouit, c’est Susan Sarandon, plus connue pour sa carrière ultérieure (Atlantic city, Thelma et Louise…).

Lieux possibles, impossibles et imaginaires de la chanson
1 – Entre Cuba et Manille
2 – Ménilmontant
3 – Le paradis
4 – La Molvanie
4bis – Le kamklep
5 – Chez Laurette
6 – L’underground café déménage rue Watt
6bis – La rue Watt
7 – Café Pouchkine
8 – Rue de la Grange aux Loups
9 – Le café des délices
10 – Quand la RATP invalide les chansons
11 – Les chants du Pelennor
12 – Comment se rendre en Transylvanie Transsexuelle
13 – Leindenstadt
14 – Porte des Lilas et Paimpol
14bis – Porte des Lilas (bis)
15 – La gare Saint Lazare de Brel
16 – San Francisco
17 – Rochefort
17bis – Saint-Lazare, bis
17ter – Gare du nord et Lountatchimo

Tous les thèmes

Touch me

Quand l’esprit d’épicerie rencontre la révolution sexuelle 10/11
1 – 2 – 2bis – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 8 – 9 – 1011

Pas si simple de dénicher des chansons sur les défloraisons tardives. À part Sous les Palétuvier, la seule autre que j’ai trouvée vient aussi d’une comédie musicale. Peut-être la virginité tardive se prête-t-elle mieux à un traitement théâtral qu’en chanson ? À méditer. Le Rocky Horror Picture Show, déjà vu dans ce blog (ici) : la très sage Susan Sarandon (who « never kissed before », de son propre aveu) connait ses premiers émois dans les bras musclés de la créature du Dr Frank-N-Furter, tout un programme.

 

Chez Flaubert, on a un peu fait le tour de la question. Je mets juste la toute dernière page de L’éducation sentimentale, et ça ira comme ça.

_________________
On appelait ainsi une femme qui se nommait de son vrai nom Zoraïde Turc ; et beaucoup de personnes la croyaient une musulmane, une Turque, ce qui ajoutait à la poésie de son établissement, situé au bord de l’eau, derrière le rempart ; même en plein été, il y avait de l’ombre autour de sa maison, reconnaissable à un bocal de poissons rouges près d’un pot de réséda sur une fenêtre. Des demoiselles, en camisole blanche, avec du fard aux pommettes et de longues boucles d’oreilles, frappaient aux carreaux quand on passait, et, le soir, sur le pas de la porte, chantonnaient doucement d’une voix rauque.

Ce lieu de perdition projetait dans tout l’arrondissement un éclat fantastique. On le désignait par des périphrases : « L’endroit que vous savez, — une certaine rue, — au bas des Ponts ». Les fermières des alentours en tremblaient pour leurs maris, les bourgeoises le redoutaient pour leurs bonnes, parce que la cuisinière de M. le Sous-Préfet y avait été surprise ; et c’était, bien entendu, l’obsession secrète de tous les adolescents.

Or, un dimanche, pendant qu’on était aux vêpres, Frédéric et Deslauriers, s’étant fait préalablement friser, cueillirent des fleurs dans le jardin de Mme Moreau, puis sortirent par la porte des champs, et, après un grand détour dans les vignes, revinrent par la Pêcherie et se glissèrent chez la Turque, en tenant toujours leurs gros bouquets.

Frédéric présenta le sien, comme un amoureux à sa fiancée. Mais la chaleur qu’il faisait, l’appréhension de l’inconnu, une espèce de remords, et jusqu’au plaisir de voir, d’un seul coup d’œil, tant de femmes à sa disposition, l’émurent tellement, qu’il devint très pâle et restait sans avancer, sans rien dire. Toutes riaient, joyeuses de son embarras ; croyant qu’on s’en moquait, il s’enfuit ; et, comme Frédéric avait l’argent, Deslauriers fut bien obligé de le suivre.

On les vit sortir. Cela fit une histoire qui n’était pas oubliée trois ans après.

Ils se la contèrent prolixement, chacun complétant les souvenirs de l’autre ; et, quand ils eurent fini :

— C’est là ce que nous avons eu de meilleur ! dit Frédéric.

— Oui, peut-être bien ? c’est là ce que nous avons eu de meilleur ! dit Deslauriers.

Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale. 

Tous les thèmes