Jimi Hendrix

Livraison bakchich prodigieux pour régime de l’Amérique 6/8

L’une des versions les plus célèbres de The star-spangled banner est celle de Jimi Hendrix, en clôture du festival de Woodstock en 1969. Notez l’utilisation originale de la guitare électrique comme instrument de musique figurative, en plein pendant les bombardements au Vietnam.

Jimi Hendrix s’explique au micro de Dick Cavett.

C’était le temps de la lutte des Noirs américains pour les civil rights. Un an avant Hendrix, les champions américains levaient le poing aux jeux olympiques de 1968 à Mexico. Pendant l’hymne de leur pays of course.

Alors voilà l’idée du jour. Je me dis qu’un hymne national doit célébrer quelques valeurs militaires, ou au moins le grade de sergent. Alors Sgt Pepper’s lonely hearts club band des Beatles devrait faire le job. Dans sa reprise par Hendrix évidemment, qui groove bien mieux que l’original, parce que les Américains ils sont plus forts que les Anglais, il est important de le dire pour une nation qui s’est émancipée de la couronne. Et puis, je vous fais un aveu : je reconnais le génie de song maker de Sir Paul Mc Cartney, mais je n’apprécie pas trop ses performances vocales, alors god save Jimi Hendrix.

La version biopic.

Sinon, Pascal, internaute de Lyon nous propose comme nouvel hymne des USA Happy birthday de Stevie Wonder, chanson sur Martin Luther King.

1 – Les chœurs de l’armée rouge en hommage à l’Amérique
2 – Un hymne de Michael Jackson
2bis – Propositions
3 – Chanteuses américaines
4 – Igor Stravinsky et Serguei Rachmaninov
5 – La soupe aux choux doit être l’hymne de l’Amérique : preuve par la musicologie
5bis – Jean Ferrat américain
6 – Jimi Hendrix
7 – Borat et Jim Carrey
8 – Les Simpsons

Tous les thèmes

Êtes-vous sexiste-Beatles ou sexiste-Rolling Stones ?

Féminisme / sexisme 2/16

L’une des questions les plus rabâchées de la chanson, c’est bien sûr « êtes-vous Beatles ou Rolling Stones ?». D’accord, c’est une très bonne question. Mais êtes-vous sexiste-beatles ou sexiste-rolling-stones ?

Car les bad boys des Rolling Stones sont bien sûr super-sexistes, et l’une de leur chanson attire particulièrement les foudres des féministes : Under my thumb. Elle est inspirée de la relation entre Mick Jagger et Chrissie Shrimpton, qui est comparée à un animal domestique (« pet » en anglais), plus particulièrement un chat siamois (« siamese cat of a girl »).

La chanson a rencontré un immense succès, probablement grâce à son arrangement. L’ostinato joué au marimba par Brian Jones contraste avec le chant syncopé de Mick Jagger, ce qui confère une énergie toute spéciale et obsédante à ce morceau.

Le calamiteux festival d’Altamont, le 6 décembre 1969, est considéré comme la fin du mouvement hippie. Il est marqué par quatre décès, quatre naissances et plusieurs incidents qui culminent pendant la prestation des Rolling Stones. Pendant l’interprétation de Sympathie for Devil, plusieurs bagarres éclatent, et une femme nue essaye de monter sur scène (vers 5:00 sur la vidéo).

Mais c’est pendant Under my Thumb que le concert vire au tragique. Un spectateur est poignardé à quelques mètres de la scène par le service d’ordre constitué de Hell’s Angels. Voir l’histoire du festival d’Altamont, ici.

Les Beatles sont bien plus sages que ces affreux Rolling Stones, mais en écoutant leurs chansons, on trouve des éléments sexistes insidieux et disons petit-bourgeois. Par exemple ce passage dans Back in the U.S.S.R. :

Been away so long I early knew the place
Gee, it’s good to be back home
Leave it till tomorrow to unpack my case
Honey disconnect the phone

Il parait que c’est Paul McCartney qui joue de la batterie sur le morceau. Quand on lui demandait « Est-il exact que Ringo Starr est le meilleur batteur du monde ? », il répondait : « Ce n’est même pas le meilleur batteur des Beatles ». Ouh la … Je vole au secours de ce pauvre Ringo : de mon côté, je ne suis pas très fan des prestations vocales de Paul McCartney, il s’économise un peu trop à mon goût. Je vous propose une reprise de Back in the U.S.S.R. par Motörhead, là ça gueule comme il se doit.

1 – Les petites filles de Michèle Bernard
2 – Êtes-vous sexiste-Beatles ou sexiste-Rolling Stones ?
3 – Jane Birkin
4 – Marie Dubas nous fait mal
5 – Les rapeurs sont-ils jugés sexistes ?
6 – Léo Ferré est-il misogyne ?
7 – Jacques Brel est-il misogyne ?
8 – Georges Brassens est-il misogyne ?
9 – Gainsbourg est-il misogyne ?
10 – Les z’hommes
11 – Le monsieur du métro
12 – À part peut-être Renaud
13 – Anne Sylvestre
13bis – La faute à Ève
14 – Rimes féminines
15 – Ne vous mariez pas les filles
16 – Nettoyer, balayer

Tous les thèmes

Propositions des lecteurs

Plagiats en chanson 7bis/9
12345677bis899bis

Plusieurs lecteurs m’ont écrit. Véronique, internaute de Lyon me propose à propos d’Amsterdam la reprise par David Bowie. Port of Amsterdam.

 

À propos de Laurent Voulzy et des Beatles, j’ai reçu plusieurs propositions de chansons avec des similitudes. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment parler de plagiat, plutôt d’emprunts, de compositions « à la manière de ».

Pierre Delorme me signale Quand je serai KO, d’Alain Souchon pour les paroles, qui ressemble un peu à When I’m Sixty-Four des Beatles (je vous passe la reprise par Keith Moon, plus connu comme batteur des Who). Noter qu’il y a similitude sur les paroles et la musique.

 

Genzo le parolier m’écrit dans un commentaire :
Dans la chanson Désir, Désir, avec Véronique Jeannot, le passage « Cette chose-là il faut que tu devines », ressemble étrangement à Bluebird et au passage « And you’ll know what love is for ».

Tous les thèmes

Voulzy et les Beatles

Plagiats en chanson 7/9
12345677bis899bis

J’ai dix ans d’Alain Souchon et Bip Bop de Paul McCartney comportent d’étranges similitudes.

Il est bien connu que Laurent Voulzy, compositeur de J’ai dix ans, connait à fond les partitions des Beatles. C’est un peu notre Mc Cartney national. On entend les mêmes descentes chromatiques dans Michelle et certains passages de Karin Redinger par exemple.

En fait, c’est plus clair sur une reprise guitare/voix de Karin Redinger, par un contributeur anonyme, dans sa cuisine, très réussie, la chanson n’est pas du tout facile.

Tous les thèmes

Yesterday

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 1/12
123456789101112

Voici donc notre deuxième série sur le thème de l’année : la chanson est-elle un art majeur ou un art mineur ? Tout d’abord, il faudrait s’entendre sur la définition des termes. Sans tomber dans le piège d’une définition a posteriori, construite à dessein pour faire pencher la réponse d’un côté ou de l’autre, évidemment …

Les plus anciennes occurences des expressions « art majeur » et « art mineur » ne sont pas très éclairantes. Elles remontent à une époque où « art » désignait des savoir-faire dont les corporations étaient appelés « arti » dans l’Italie médiévale. Certaines corporations étaient « majeures » telles les fourreurs ou les notaires, d’autres « mineures » comme les serruriers. Alors, un chanteur ressemble-t-il plus à un notaire ou à un serrurier ?

La distinction entre art majeur et art mineur telle qu’on la comprend aujourd’hui remonte plutôt à une autre classification médiévale des arts, entre arts libéraux et arts mécaniques. Les arts libéraux étaient abstraits (musique, astronomie, rhétorique, …), tandis que les arts mécaniques transformaient la matière (peinture, sculpture…) et étaient donc moins nobles. Mais ceci ne nous dit pas si Patrick Topaloff vaut autant que Charles Baudelaire.

Plusieurs grands philosophes ont proposé des classifications des arts, tel Kant ou Hegel, mais je n’ai trouvé aucune trace chez les bons auteurs d’une classification binaire aussi simpliste que majeur/mineur. Ce débat est sans doute cantonné aux conversations de bistrots plus ou moins médiatisées, dont vous êtes en train de lire un bon exemple.

Du reste, la question n’a vraiment de sens que dans notre monde désacralisé, où l’Artiste fait l’objet d’une sorte de culte des saints de substitution. Sans ce Panthéon implicite, quel besoin y aurait-il de tracer une frontière garantissant que Jean-Sébastien Bach est d’une nature essentiellement différente de Didier Barbelivien ? À quoi cela servirait-il ? On entend bien la différence entre les deux sans estampille, non ? Mais ce monde désacralisé, c’est le nôtre, alors allons-y.

Pour en savoir plus, je vous propose un point d’entrée, un peu scolaire, ici, et puis l’épisode de l’émission Les chemins de la philosophie, d’Adèle Van Reeth, consacrée au livre d’Agnès Gayraud, Dialectique de la Pop Musique. En réécoute ici.

Pour cette deuxième série, je vais me restreindre à l’exploration d’une constatation toute simple : la méfiance du grand art à l’encontre de la banalité. Le grand écrivain fuit la phrase toute faite, l’idée reçue, la rime facile. Le grand compositeur exècre la ritournelle. Bref, le poncif : voilà la signature certaine de l’art mineur. Or, on le sait bien, la chanson est un art du poncif. On l’a vu dans la première série : dans les paroles, amour rime avec toujours. Et si possible, les yeux sont bleus, les filles belles comme le jour, etc, etc. La mélodie quant à elle se doit d’être assez banale pour être retenue, chantée par tous, voire même pour se faire oublier.

On raconte souvent cette histoire pour attester le génie de Paul Mc Cartney. Il se réveille un matin avec une musique dans la tête, un truc qu’il est sûr d’avoir déjà entendu. Il le chante à tout le monde. Mais non, personne ne connaît, il l’a bien inventé. C’est Yesterday. Son génie n’est pas dans l’originalité de l’invention, mais au contraire dans sa banalité, dans la création de ce que tout le monde croit connaître déjà. De Ravel ou Debussy, on dirait plutôt qu’ils ont composé ce que personne n’avait jamais entendu… L’art de la chanson est donc peut-être mineur, mais son chemin est étroit : comment inventer ce qui n’est pas nouveau ?

Yesterday est peut-être la plus grande chanson de tous les temps : la plus reprise (plus de 3000 reprises répertoriées), la plus diffusée en radio. Il parait qu’à chaque instant sur Terre, il y a au moins une radio quelque part qui diffuse Yesterday. Voir la page wikipedia consacrée à cette chanson, ici.

Je vous propose quelques reprises que j’aime bien. Par Marvin Gaye.

Par Nicotine, un groupe japonais (et non pas le groupe indien de métal).

On passe au bizarre. Au bloc, pendant l’opération de son cerveau, cœur sensible s’abstenir de cliquer. Ici.

Tous les thèmes