L’ordre des grades

Le comique troupier 7/9
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Un passage obligé de la chanson troupière, presque un sous-genre, c’est l’énumération des grades. Connaître ses grades, c’est le B-A-BA de la science militaire et évite bien des désagréments à la caserne… Je lance un petit débat : quand on énumère les grades, faut-il le faire en ordre croissant ou décroissant ?

Dans Ça fait d’excellents français, célèbre chanson de Maurice Chevalier, les grades sont énumérés en ordre décroissant. Les paroles sont de Jean Boyer et la musique Georges van Parys, deux des meilleurs auteurs de chansons de l’avant-guerre. La chanson est emblématique de la drôle de guerre, période qui précède la défaite de mai-juin 1940 : unité nationale de façade, j’m-en-foutisme, etc.

La chanson en entier, sans l’image.

Dans Les Français au quotidien: 1939-1949, de Gilles Gauvin, Bénédicte Vergez-Chaignon, et Éric Alary, on peut lire :

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Le grand historien Marc Bloch, affecté au 4è bureau chargé de la circulation de la main d’œuvre et des ravitaillements, relève dans L’étrange défaite que l’armée se perd dans des procédures administratives interminables alors que l’ennui gagne le front : « […] je glissais, comme tous mes camarades, à la vie sans fièvre d’un bureaucrate d’armée. Je n’étais pas oisif certes; je n’étais pas non plus fort occupé et mes besognes quotidiennes ne me procuraient qu’une faible dose d’excitation cérébrale […] L’ennui de ces long mois de l’hiver et du printemps 1939-1940, qui a rongé tant d’intelligences pesait lourdement […] »

Sur les ondes, Maurice Chevalier chante aussi Ça fait d’excellents français; les paroles véhiculent l’idée d’une union sacrée retrouvée comme en 1914 : « Et tout ça, ça fait d’excellents Français, d’excellents soldats qui marchent au pas en pensant que la République, c’est encore le meilleur des régimes ici-bas. »
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