Le standard téléphonique

Le téléphone 9/24

Aujourd’hui, on écoute Gaston, y a l’téléfon qui son de Nino Ferrer.

Et pour rester dans les classiques, une scène de Docteur Folamour, celle où le président des États-Unis informe son homologue soviétique qu’un général américain a lancé de sa propre initiative une attaque nucléaire.

1 – Le téléphone d’Elli & Jacno
2 – Prélude à l’après-midi d’un hygiaphone
2bis – Olga & Adieu Minette
3 – Dans le Bottin
4 – Lizzophone
5 – Téléphone À Téléphone mon bijou
6 – Le téléphone pleure (de rire)
7 – Get off the phone
8 – Babylone 21 29
8bis – Allo
9 – Le standard téléphonique
10 – Ne coupez pas mademoiselle
11 – Telephone de Lady Gaga
12 – Le jeu du téléphone
13 – L’amour au téléphone
14 – Johnny téléphone
15 – Téléphonez moi chérie
15bis – La voix humaine
16 – Phone numbers
17 – Le téléphone sonne
18 – Téléphone-moi
18bis – Propositions
19 – Ring Ring
20 – Appelle mon numéro
21 – When the phone stops ringing
22 – Téléphone-moi
23 – Busy line
24 – Tout va très bien

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Rio

Amour et mélancolie des villes, 4/28

Aujourd’hui, La rua Madureira, au masculin et au féminin.

Par Nino Ferrer.

Par Pauline Croze.

1 – La ville morte
2 – Hôtel Périphérique
3 – Marseille
4 – Rio
5 – Grenoble
6 – Vienne
7 – Lyon
8 – Numance
9 – New York
10 – Hong Kong
11 – Bruxelles
11bis – Un chameau à Bruxelles
12 – Le regard tranquille des vieilles villes
13 – Moscou
13bis – Il neige sur Liège
14 – Paris
15 – Madrid
16 – Barcelone
17 – Je reviendrai à Montréal
18 – Il faut s’offrir du bitume
19 – Marseille
20 – L’ennui des villes
21 – La Havane
22 – Anarchy in Tokyo
23 – Cergy
24 – La fille de Londres
25 – The old main drag
26 – Vancouver
27 – Pérégrination d’Amsterdam
28 – Venise n’est pas en Italie

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Comment inventer le mouton français ?

Bouchers, boucherie et chanson, 2/16

Aujourd’hui, Les quatre barbus nous chantent Il pleut bergère.

Mais quel rapport avec les chansons de boucherie ? C’est peut-être un tiré par les cheveux, mais c’est au moins une chanson d’élevage. Je n’invente rien, lisez ce que disait l’historien Pierre Serna disait d’Il pleut bergère, au micro de Jean-Noël Jeanneney, sur France Culture, le 5 octobre 2019. J’en profite pour recommander l’émission Concordance des temps, et notamment son excellente programmation de chansons.

Pierre Serna : L’animal, c’est une grosse affaire d’argent. On le voit dans l’histoire de l’industrie agroalimentaire. On le voit au travers l’histoire des abattoirs de Chicago. On le voit au travers des startups californiennes qui investissent tous sur les aliments de substitution pour le véganisme qui monte. À l’époque, c’est déjà une immense affaire économique, les animaux.

Jean-Noël Jeanneney : C’est ça qu’il y a dans cette chanson ?

P.S. : Bien sûr. Parce que le mouton est en fait un objet économique essentiel. Pourquoi ? Parce tout simplement, la France perd des dizaines de millions de livres chaque année pour acheter la laine à l’Angleterre et à l’Espagne. Le mérinos espagnol, le shetland anglais écrasent le mouton français. Et pour les agronomes, vous savez que la grande bataille des années 1780, date d’écriture de cette chanson, c’est « quel choix veut-on pour l’agriculture française ? ». Une agriculture céréalière ou une agriculture de prairies artificielles qui développerait l’élevage, domaine dans lequel la France est très en retard.

Donc derrière cette petite comptine, « Il pleut Bergère, rentrez vos blancs moutons », il y un enjeu essentiel. Un enjeu tellement essentiel que pour remercier le roi de France en 1783, Charles III, son cousin d’Espagne, lui offre un petit troupeau que la reine Marie-Antoinette va chérir, dont elle va s’occuper dans sa fameuse bergerie. Et l’école vétérinaire de Maison-Alfort, qui existe encore, qui est créée en 1766 mais qui va s’intéresser de plus en plus à l’économie politique, donc au rôle des animaux dans la prospérité française, va en fait se poser la question de comment inventer le mouton français. Et ça va être un des enjeux de la grande commission d’agriculture qui fait partie des grands comités de gouvernement à partir de 1792, lorsque la convention est créée. […]

Et comment va-t-on inventer le mouton français ? Et bien, on va le placer en haut de l’histoire diplomatique. Lors du traité de Bâle en 1795, qui met fin à la guerre entre la France et l’Espagne, […], un des codicilles secrets du traité, implique que le roi d’Espagne doit donner à la République française un troupeau de 1000 brebis et moutons reproducteurs. Vous savez que celui qui fait passer un mouton par la frontière des Pyrénées est passible de la peine de mort en Espagne. C’est un trésor national le mouton.

Waouh. Bon, encore une petite, Il pleut bergère de Nino Ferrer.

1 – Trois petits enfants s’en allaient glaner aux champs
2 – Comment inventer le mouton français ?
3 – Rue de l’Échaudé
4 – Elle est d’ailleurs
5 – Les crochets de bouchers
6 – L’hyper-épicier
6bis – Crochets francophones
7 – La viande commence par Vian
8 – Coagulation
9 – Professeur Choron, boucher et assassin
10 – Les garçons bouchers
11 – Jean-Claude Dreyfus
12 – Tout est bon dans le cochon (et réciproquement)
13 – Jean-Pierre Coffe en a un petit bout
14 – Mes bouchers
15 – Ficelle à rôti
16 – La Chanson du boucher de Michèle Bernard

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La chanson pro-israélienne

Les Juifs et la chanson IV – Image des juifs dans la chanson 8/19

Le courant est aujourd’hui un peu passé de mode, mais il y a eu plusieurs chansons pro-israéliennes dans les années 1960. Par exemple, Exodus, paroles d’Eddy Marnay, interprétée par Édith Piaf, pour le film du même nom.

Autre exemple, Nino Ferrer, Je vous dis bonne chance.

Dans un contexte plus actuel et circonstancié, Renaud évoque Israël dans Hyper cacher, chanson écrite après les attentats de janvier 2015.

Pour un exposé plus doctrinaire du sionisme en chanson, je vous propose Plaidoyer pour ma terre (qu’est-ce que le sionisme) d’Herbert Pagani.

J’inclus aussi une chanson de Serge Gainsbourg, Le sable et le soldat, écrite à l’occasion de la guerre des six jours, et dont il n’existe qu’une maquette. Plus d’information sur cette étrange chanson ici (à écouter si vous vous posez tout plein de questions sur Gainsbourg, la France et le sionisme).

 

1 – Le chandelier
2 – Le mot « juif » dans des listes
3 – La chanson anticléricale œcuménique
3bis – Souchon et Ferré
4 – Le juif non-dit
5 – Les juifs chez Gainsbourg
6 – Un juif célèbre
7 – L’Aziza
8 – La chanson pro-israélienne
9 – Le conflit israélo-palestinien
10 – Image des juifs dans le rap
11 – L’anti-antisémitisme de Pierre Perret
12 – La chanson antisémite
13 – On peut rire de tout, mais pas en mangeant du couscous
14 – Les mères juives
15 – Betty Boop
16 – Noirs et juifs aux USA
17 – Nica
18 – Noirs et juifs en chanson chez Jean-Paul Sartre
19 – Azoy
19bis – Retour sur quelques commentaires

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Le mot « juif » dans des listes

Les Juifs et la chanson IV – Image des juifs dans la chanson 2/19

Quand le mot « juif » apparaît dans une chanson, c’est rarement pour désigner un personnage particulier, ou pour souligner une qualité prêtée aux juifs. On va le voir dans ce billet, le « juif » dans la chanson est souvent abstrait, insipide, à l’antipode du « gitan », personnage récurrent à la personnalité forte et affublé de nombreuses qualités (voir ici). Il y a peu d’exceptions, retournez voir le billet consacré à Georges Moustaki pour en trouver une (ici).

« Juif » apparaît donc souvent dans des chansons énumératives, avec d’autres peuples, ou simplement adossé au nom d’une autre ethnie, comme pour se mettre à distance d’un antagonisme ou pour dissiper toute suspicion de racisme. Dans ce contexte, « juif » et « arabe » sont souvent cités ensemble, l’un justifiant l’autre et inversement, ou l’excusant. Les exemples sont assez nombreux et chacun peut interpréter le phénomène selon sa paranoïa propre, je vous laisse à vos méditations.

Plus belle chanson de la collection, Claude Nougaro, Sonnet à Mouloudji. Vous noterez que techniquement, il ne s’agit pas d’un sonnet, puisque l’avant-dernière strophe contient quatre vers, et que dans la dernière un vers ne rime avec aucun autre, sans que cela ne produise aucune gêne à l’écoute, c’est le génie créatif de Nougaro.

On me prend pour vous
On vous prend pour moi
Ressemblance féconde
Du Juif et de l’Arabe

Kabyle de la Butte
Sarrazin de Toulouse
Ainsi se répercutent
Dans du noir et du rouge

Je serais anarchiste
Comme vous, cher frangin,
S’il n’y avait là, qui geint
Dans ma vierge âme bistre

Un ange, qu’on ne peut nier
Et qui tient à nous mettre
Dans le même panier

Chanson la plus surprenante dans notre étude, magnifique exemple de chanson énumérative : Le zizi de Pierre Perret, seul tube que j’ai trouvé pour cette série (et en sens seul véritable « tube » de toute la chanson française).

Celui d’un marin breton
Qui avait perdu ses pompons
Et celui d’un juif cossu
Qui mesurait le tissu
Celui d’un infirmier d’ambulance
Qui clignotait dans les cas d’urgence

Le mot « juif » apparaît parfois dans des listes de victimes du racisme, comme dans Monsieur Machin de Nino Ferrer.

Vous n’aimez pas les nègres
Vous n’aimez pas les juifs
Vous aimez les gueuletons
Dimanche après la messe
Monsieur Machin, vous êtes mort en naissant

Ou encore, Cannabis, toujours de Nino Ferrer.

La crasse et le vide
La gueule et l’angoisse
La guerre aux métèques
Nègres, Juifs ou chiens
Ça n’fait rien

 

Pour dénoncer la télé-poubelle, Louis Chedid va même jusqu’à mettre dans le même sac racistes et victimes du racisme, dans Reality-Show.

Je m’adresse à tous les charognards
Qui tirent sur la corde sensible
Les chasseurs de sensationnel
Vautours de la télé-poubelle
Qui mélangent dans le même shaker
Juifs, skins, nazis, beurs

 

Plus positivement, les juifs sont souvent cités dans des chansons célébrant l’unité du genre humain. Par exemple dans Mélangez-vous Pierre Perret.

Femme pleine de grâce
Quand l’étranger à l’entour de ta maison passe
Noir, Blanc, Juif ou Berbère
Laisse ton cœur désigner celui qu’il préfère

Ou encore dans J’ai embrassé un flic de Renaud.

Nous étions des millions
Entre République et Nation
Protestants et catholiques
Musulmans, juifs et laïcs
Sous le regard bienveillant
De quelques milliers de flics

Ou encore dans Oye Sapapaya de Doc Gyneco

Je suis nègre, juif et communiste
Allez leur dire aux lepénistes

Dans la géographie imaginaire de Jacques Brel (voir ici), il y a une petite place pour les juifs et les noirs. « Ni le courage d’être juif, ni l’élégance d’être nègre » dit-il dans Voir un ami pleurer. J’observe que le judaïsme est très discret dans l’œuvre de Brel, mais s’il respecte la règle non-écrite consistant à toujours évoquer « juif » avec un autre peuple, il est aussi le seul de tout ce billet qui n’est pas dans une neutralité complète, puisque fidèle à son habitude de prêter une personnalité à tel ou tel peuple, il associe « juif » à une qualité.

Hubert-Félix Thiéfaine utilise aussi le mot juif dans une chanson énumérative. Le titre de la chanson est peut-être une provocation (Je suis partout était un journal antisémite sous l’occupation)… mais peut-être pas, à partir d’une certaine dose de THC dans le sang, c’est difficile de savoir. La chanson aurait eu sa place dans la série sur la Shoah si je l’avais trouvée à temps. Je suis partout.

je suis partout
dans le héros, dans le vainqueur
le médaillé qui fait son beurre
dans la fille tondue qu’on trimbale
à poil devant les cannibales
dans le train Paris-gare d’Auschwitz
entre les corps des amants juifs
dans ces millions d’enfants gazés
qu’on voudrait me faire oublier
je suis partout
partout partouze
tendresse en s.o.s.
eros über alles

Pour conclure ce billet, Philippe Katerine, dont je réalise petit à petit en travaillant à mon blog que toute l’œuvre est une sorte d’analyse critique de la chanson, pousse le dispositif jusqu’à l’absurde dans Juifs Arabes.

 

 

1 – Le chandelier
2 – Le mot « juif » dans des listes
3 – La chanson anticléricale œcuménique
3bis – Souchon et Ferré
4 – Le juif non-dit
5 – Les juifs chez Gainsbourg
6 – Un juif célèbre
7 – L’Aziza
8 – La chanson pro-israélienne
9 – Le conflit israélo-palestinien
10 – Image des juifs dans le rap
11 – L’anti-antisémitisme de Pierre Perret
12 – La chanson antisémite
13 – On peut rire de tout, mais pas en mangeant du couscous
14 – Les mères juives
15 – Betty Boop
16 – Noirs et juifs aux USA
17 – Nica
18 – Noirs et juifs en chanson chez Jean-Paul Sartre
19 – Azoy
19bis – Retour sur quelques commentaires

 

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Nino Ferrer

La chanson, art majeur ou art mineur VIII. Chanson et peinture 15/17

Nino Ferrer a consacré la fin de sa vie à la peinture. Il a beaucoup souffert qu’on ne retienne de son œuvre que quelques tubes. En particulier son plus grand succès, Le sud, imposé par ses producteurs, et qu’il n’aimait pas. Bien des chanteurs aimeraient avoir ce genre de problèmes. Et je prépare une série sur les chanteurs mécontents de leur succès, alors aidez-moi, proposez, proposez. En attendant, Chanson pour Nathalie.

1 – Pourquoy n’aura mon langage, son or et ses douces fleurs ?
2 – Être Dieu
3 – Brel à Gauguin
4 – Goya et la chanson
4bis – Goya bis
5 – La peinture en bâtiment est-elle un art majeur ?
6 – Figure mythique du peintre
7 – Van Gogh, peintre par excellence de la chanson
8 – Autres personnages de peintres
9 – Les arbres de Corot
10 – Regard impressioniste
11 – La Joconde
12 – Nicolas Schöffer
13 – Ekphrasis
14 – Serge Rezvani
15 – Nino Ferrer
16 – Mick Micheyl
17 – Serge Gainsbourg

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Chansons écolos françaises

Mai 68 politique 5/8
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Après les deux chansons américaines du billet précédent, on repasse au français. On a déjà eu des chansons françaises écolos dans le blog : La maison près de la fontaine de Nino Ferrer (ici),  Le grand chêne de Brassens (ici) ou Le soleil est noir de Tri Yann (ici) par exemple. On trouve des précurseurs avant les années 1960, comme La pêche à la baleine, de Jacques Prévert, mise en musique par Joseph Kosma, et chantée par les Frères Jacques. Et il a fallu 457 billets pour que je mentionne enfin Jacques Prévert…

Les choses se précisent au fil du temps. Restera-t-il un chant d’oiseau, Jean Ferrat, sortie en 1962.

 

À l’approche de Mai 68, tout le monde s’y met, c’est le grand n’importe quoi. En 1967, Plante un arbre par Richard Anthony.

 

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Le maoïsme

Mai 68 politique 3/8
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Long billet sur le maoïsme aujourd’hui, longue marche pourrait-on dire. J’aurais pu faire toute une série sur le sujet, mais le temps presse, je voudrais finir ces séries commémoratives avant mai, sous peine de devoir célébrer Mai 69.

On a vu le trotskisme dans le dernier billet. Cette idéologie remonte au début du XXe siècle et est encore présente aujourd’hui, puisque le NPA ou Lutte Ouvrière s’en réclament. Ce n’est donc pas une idéologie typiquement soixante-huitarde.

Il en va autrement du maoïsme, doctrine qui en France a concerné presque exclusivement la génération 68. Variante agraire du marxisme, ayant entrainé la plus grande famine de l’histoire de l’humanité (à l’occasion du Grand bond en avant), marquée par un culte de la personnalité délirant et se régénérant dans un coup d’État nihiliste appelé Révolution Culturelle, doctrine dont le véritable succès au final aura été de maintenir l’unité d’un empire millénaire… L’attraction qu’elle a exercée sur de jeunes gauchistes français est aujourd’hui mystérieuse.

Le maoïsme a laissé quelques traces dans la chanson française. Tout d’abord le très ironique Mao et moa de Nino Ferrer.

« Le quart de rouge, c’est la boisson du garde rouge … » nous dit Nino Ferrer. J’en profite pour vous poser une colle : quelle chanson fait rimer « car de » avec « garde » ?

Jean-Luc Godard a tourné un film sur le maoïsme, La chinoise, sorti en 1967, avec une chanson dans la bande annonce, Mao-mao de Jean-Claude Chane. Sur le site Bide et Musique, j’apprends qu’au verso de la pochette du disque, il est indiqué : « Pour proposer sa chanson au metteur en scène, il a guetté Jean-Luc Godard dans la rue pendant deux jours, puis lui a remis une maquette de cette chanson, avec son numéro de téléphone. Le réalisateur lui téléphona pour retenir Mao-mao. » Sur le même disque, Alain Baschung a écrit le texte de Il est grand temps de faire…boom !

 

Ensuite, je vous propose La révolution n’est pas un dîner de gala (une célèbre citation de Mao), de Ludwig Von 88. Cette chanson de 2001 montre que le maoïsme a tout de même eu une certaine postérité dans la mouvance révolutionnaire française.

Au début de la chanson, on entend Mao Zedong proclamer la République Populaire de Chine, le 1er octobre 1949. Il dit : « Compatriotes, aujourd’hui sont fondés la République Populaire de Chine et le gouvernement populaire central ». Si vous voulez vous entraîner à le dire vous-même, voici la transcription phonétique : « Tongbaomen, Zhonghua Renmin Gongheguo, zhongyang renmin zhengfu jintian chenglile ». Roland Trotignon, grand connaisseur de la langue chinoise et de cette période et qui m’a aimablement fourni tous ces éléments ajoute « Mao parle avec un épouvantable accent du Hunan. Il arrivait souvent que les Chinois ne comprennent pas du tout ce qu’il racontait ». Ci-dessous, le film de la proclamation.

 

Pour finir, mentionnons que le maoïsme n’a pas été inventé au Quartier Latin. Ce serait une grande injustice de ne pas passer au moins une chanson chinoise dans ce billet. Je vous propose Lubian you ge luosimao, tirée de la collection de vinyles de la Révolution Culturelle de Roland Trotignon (merci encore).

Voici le texte traduit en français. Notez plusieurs traits typiques du maoïsme : productivisme, machinisme, patriotisme, variante gauchie du scoutisme. Et conception typique du Grand bond en avant, selon laquelle on reconstruit un pays en farfouillant ici ou là pour trouver des bidules. Pas très soixante-huitard tout ça… de ce qu’on retient aujourd’hui de 68 du moins.

Au bord du chemin, il y a un boulon, au bord du chemin, il y a un boulon, un boulon
Petit frère l’a vu, l’a vu, l’a vu, l’a vu
Le boulon, bien que petit, peut faire beaucoup pour la construction de la patrie
Il le ramasse, l’examine et le nettoie bien
Il le donne à l’oncle ouvrier, qui le met sur la machine, hé!
La machine chante et nous applaudissons en riant.

Pour vous exercer en vue d’un karaoké, la transcription phonétique :

Lubian you ke luosimao, lubian you ke luosimao, luosimao
Didi shangxue kanjianliao, kanjianliao, kanjianliao, kanjianliao
Luosimao suiran xiao, zuguo jianshe bu ke shao
Jianqilai, qiao yi qiao, ca ca ganjing duome hao
Song gei gongren shushu, ba ta zhuangzai jiqi shang, hei!
Jiqi changge, women bai shou xiao

Sur internet, on trouve des versions de cette chanson, mais hélas ré-orchestrées, ce qui enlève tout le charme vintage. Notez que la mélodie peut être jouée entièrement sur les touches noires du piano (attention : pour y arriver il faut transposer d’un demi-ton et partir d’un Fa dièse, sinon ça ne marche pas). C’est donc une mélodie écrite sur une gamme pentatonique, ce qui la fait sonner un peu « chinois ». On en reparle dans une future série sur le solfège et ce qu’on appelle les « modes ».

Dernier petit truc, Mao fut un éminent dictateur, mais je ne sais pas pourquoi, on l’aime bien quand-même.

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Ça sent l’œuf pourri (et la société)

De l’usage du mot « société » en chanson – 1/5
1 – 2 – 3 – 45

Quelques petits posts à propos d’un détail qui m’a frappé : le mot « société » était très en vogue dans les chansons des années 1970, dans un sens mollement péjoratif. En cet après 68, la « société » devait représenter une sorte de frein à la liberté. Un mot rousseauiste vaguement de gauche donc. Aujourd’hui, à l’heure de la proclamation des « solidarités durables » (un slogan de Ségolène Royal je crois), un mot comme « société » est plus positif. Pour décrire l’altérité comme une abstraction aliénante, on dit plutôt « le système », un mot vaguement de droite.

Un premier exemple : « Ça sent l’hydrogène sulfuré, l’essence, la guerre… la société », dans l’une des premières chansons écolo, La maison près de la fontaine de Nino Ferrer. Je la connaissais de Radio Nostalgie qui coupe systématiquement la belle intro, c’est bien mieux en entier.

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