Les Juifs et la chanson IV – Image des juifs dans la chanson 9/19
Le conflit israélo-palestinien est parfois évoqué dans des chansons pacifistes, comme Inch’Allah de Salvatore Adamo.
Je n’ai trouvé que peu d’allusion à la cause palestinienne chez des chanteurs ayant une certaine diffusion. Je note que dans les deux chansons à suivre, les règles non-écrites régissant la majorité des chansons évoquant les juifs s’appliquent : rester allusif, ne pas nommer ce dont parle, et lorsqu’on le nomme, l’inclure dans une liste.
Dans Tout le monde y pense de Francis Cabrel, « Des cailloux sur des casques lourds » : tout le monde pense à l’intifada (et à Francis Cabrel).
Dans Miss Maggie, Renaud sacrifie à la tradition énumérative, tout en inventant un génocide pour les besoins de sa démonstration. Suite à une polémique, il paraît qu’il a changé les paroles dans ses concerts, voir ici.
Je vous rappelle que j’attends toujours vos vers préférés chez Brassens ! Je fais le point demain sur les différentes propositions.
Devinette du jour : quel alexandrin de Brassens est obtenu en recollant les titres de trois chansons ?
Réponse à la devinette d’hier. On demandait quelle célébrité a la particularité de voir son nom cité dans des chansons de Adamo, Alizée, Art Mengo, Pierre Bachelet, Barbara, Didier Barbelivien, Claude Barzotti, Bénabar, Benjamin Biolay, Georges Brassens, Jean-Roger Caussimon, Alain Chamfort, Julien Clerc, Vincent Delerm, Bob Dylan, Lara Fabian, Jean Ferrat, Léo Ferré, Serge Gainsbourg, Mark Knopfler, Serge Lama, Allain Leprest, Yves Montand, Mouloudji, Pascal Obispo, Pierre Perret, Renaud, Yves Simon, Charles Trenet et Zazie.
Il s’agit bien sûr de Paul Verlaine, bravo a Pierre Delorme qui a trouvé la réponse le premier, suivi de près par Patrick Hannais et Nadia (de Meylan). Simon me propose même une chanson à ajouter à la liste, Rive gauche d’Alain Souchon qui n’hésite pas à couper en deux le nom de ce pauvre Verlaine. Vous pouvez retourner voir la série qu’on a consacré à cet étrange phénomène, ici. Je ne vais pas vous passer toutes les chansons… Je me contente d’une des plus inattendues : Bob Dylan, You’re gonna make me lonesome when you go.
Et si vous ne me croyez pas, voici la liste des chansons, allez-y voir !
Pauvre Verlaine, Adamo À cause de l’automne, Alizée L’enterrement de la lune, Art Mengo En ce temps là j’avais 20 ans, Pierre Bachelet La Solitude, Barbara Gottingen, Barbara Hop Là !, Barbara L’absinthe, Barbara Dinky Toys, Didier Barbelivien Quitter l’autoroute, Didier Barbelivien Je ne t’écrirai plus, Claude Barzotti Remember Paris, Bénabar Si tu suis mon regard, Benjamin Biolay À Mireille [parlé, texte de Paul Fort], Georges Brassens L’enterrement de Verlaine [parlé, texte de Paul Fort, mais il existe des versions chantées], Georges Brassens Paris jadis, Jean-Roger Caussimon Jamais je t’aime, Alain Chamfort Hélène, Julien Clerc Les chanteurs sont tous les mêmes, Vincent Delerm You’re gonna make me lonesome when you go, Bob Dylan La différence, Lara Fabian Les poètes, Jean Ferrat Ma môme, Jean Ferrat Blues, Léo Ferré La fortune, Léo Ferré Paris, Léo Ferré À Saint-Germain des Prés, Léo Ferré Monsieur Barclay, de Léo Ferré Je suis venu te dire que je m’en vais, Serge Gainsbourg Metroland, Mark Knopfler Jardins ouvriers, Serge Lama Des éclairs et des révolvers, Serge Lama Neige, Serge Lama Pauvre Lélian, Allain Leprest Ma môme, ma p’tite môme, Yves Montand Rue de Crimée, Marcel Mouloudji Et bleu…, Pascal Obispo Je rentre, Pascal Obispo Ce qu’on voit… allée Rimbaud, Pascal Obispo L’arbre si beau, Pierre Perret T’as pas la couleur, Pierre Perret La femme grillagée, Pierre Perret Peau Aime [parlé], Renaud Mon bistrot préféré, Renaud Les gauloises bleues, Yves Simon Aux fontaines de la cloche, Charles Trenet Ohé Paris, Charles Trenet Adam et Yves, Zazie
Devinette du jour : quelle célébrité a la particularité de voir son nom cité dans des chansons de Adamo, Alizée, Art Mengo, Pierre Bachelet, Barbara, Didier Barbelivien, Claude Barzotti, Bénabar, Benjamin Biolay, Georges Brassens, Jean-Roger Caussimon, Alain Chamfort, Julien Clerc, Vincent Delerm, Bob Dylan, Lara Fabian, Jean Ferrat, Léo Ferré, Serge Gainsbourg, Mark Knopfler, Serge Lama, Allain Leprest, Yves Montand, Mouloudji, Pascal Obispo, Pierre Perret, Renaud, Yves Simon, Charles Trenet et Zazie ?
Les fidèles du blogs doivent pouvoir trouver facilement. Léo Ferré va jusqu’à citer notre mystérieuse célébrité dans cinq chansons, Barbara dans quatre.
Réponse à la devinette d’hier. On demandait quel toponyme est cité dans le plus grand nombre de chansons de Georges Brassens, après « Paris », « Espagne » et « France ». Bravo à Diego qui a le premier proposé la bonne réponse. Il s’agit de « Cythère », mentionnée dans six chansons. Je plains ceux qui ont cherché la réponse en écoutant systématiquement les douze albums de Brassens dans leur ordre de sortie, parce que la première occurrence de « Cythère » se trouve seulement à la 8e piste du 7e album ! En plus, les suivantes sont dans le 9e album, le 11e, puis dans divers inédits. Je vous passe Les amours d’antan, 8e piste du 7e album donc.
Les autres chansons : Je bivouaque au pays de Cocagne, L’andropause, Le bulletin de santé, Quatre-vingt quinze pour cent et S’faire enculer (où l’on remercie Brassens de ne pas nous avoir gratifié de la rime avec « clystère »).
Réponse à la question subsidiaire. Le seul toponyme désignant un endroit situé en Amérique (Nord et Sud confondus) cité par Brassens est « Pérou », dans Gastibelza, adaptation d’un poème de Victor Hugo. Bravo encore à Diego qui a trouvé le premier. JF nous propose l’Eldorado, qui apparaît dans Le père Noël et la petite fille. Son statut de toponyme est problématique, mais pourquoi pas… il y aurait donc deux toponymes américains chez ce sacré Brassens. Il est aussi question d’un « bar américain » dans Le moyenâgeux et une sorte de scène de western est racontée dans La visite, mais ça ne répond pas vraiment à la question. Sur la vidéo, curieusement Brassens oublie de dire « Pérou », comme s’il rechignait vraiment à nous parler d’Amérique !
Aujourd’hui, un grand gourou d’Oulipo (moi, qui suis contraint, inscrirai son nom à la fin, G.P. suffira pour l’instant).
Confinons-nous (Roman d’Oulipo sur un virus, où nous lipogrammons)
Un virus ruinait maints pays : il diffusait, s’aggravait, tuait, ça faisait un bail qu’on n’avait vu ça. Confinons-nous dit Macron, un simili-roi. À la maison d’Anton, tout un chacun partit. Pas lui. Il y avait un journal, sur un bar un photomaton d’un amour d’avant, puis sur un frigo un album d’Aznavour, trois portraits : Barbara, Santana, Adamo.
Chacun y allait d’un truc, potion, cordial plus ou moins curatif… On crut d’abord au plan du Chinois Xi Jinping. Mais il avait tout contraint, dans la propagation du faux, pas bon pour nous. On consulta Raoult. Il dit : voilà, y a qu’à, avalons un machin, puis ça ira. Ça fit pshitt. On passa aux maths, calculant la proba d’un plus ou moins gros crash. Puis au go : un virus pris par shibori (ainsi qu’on dit à Tokyo, mais plutôt gǔn bāo à Canton) pouvait-il finir atari ou occis par shisho ? Tout ça donna nada, nothing, vacuum total.
Anton cogitait. Quoi ? Par la raison, on doit pouvoir savoir. Si un anticorps nous manquait, un dont la disparition (mot sibyllin) impliquât la situation ? Il trouva : dans coronavirus, il n’y avait pas d’ .
On l’y mit, puis ça alla. (‘fin j’crois).
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Georges Perec était un oulipien, adepte de contraintes formelles plus ou moins bizarres. Je vous ai servi un lipogramme en « e », dans la manière de son roman La disparition. Voir la série qu’on a déjà consacrée à l’Oulipo en chanson. Je vous propose comme chanson oulipienne Mousse d’Anne Sylvestre, où l’on peut entendre des vers de un pied !
Vous pouvez aussi aller revoir le billet consacré aux Mots bleus de Christophe, ici.
La chanson, art majeur ou art mineur, III. Les expressions toute faites chez Brassens 5/10 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 8 – 9 – 9bis – 10
Parfois Brassens se fait pédagogue : il détaille, décortique ou explique une expression. Dans Embrasse-les tous, l’expression « cœur d’artichaut » est expliquée : « cœur d’artichaut, tu donnes une feuille à tout le monde ». En solfège, inscrire une altération (un dièse ou un bémol) « à la clef » signifie que l’altération est indiquée au début de la portée, près de la clef donc, afin qu’elle s’applique à tout le morceau. Ce qui donne dans Le petit joueur de fluteau « avoir un blason à la clef », « un évêque à la clef », « un manoir à la clef », « du sang bleu à la clef » et « une princesse à la clef ».
Parfois, Brassens dilue les expressions. Dans Tempête dans un bénitier, « scier la branche sur laquelle on est assis » devient :
Ces corbeaux qui scient qui rognent, tranchent La saine bonne vieille branche, Da la croix où ils sont perchés
Dans Le modeste, Brassens laisse la bride posée sur l’encolure de sa muse et renonce à toute concision en diluant « mon royaume contre un cheval » dans tout un sizain.
Comme jadis a fait un roi, Il serait bien fichu je crois, De donner le trône et le reste Contre un seul cheval camarguais Bancal, vieux, borgne fatigué, C’est un modeste.
Le modeste.
Sur la vidéo, vous pouvez vous amuser à reconnaître le plus de célébrités que vous pouvez : Jacques Martin, Enrico Macias, Guy Bedos, Salvatore Adamo, Mort Shuman, Eddy Mitchell. Et bien sûr, à la contrebasse, Pierre Nicolas.
Voici le dernier post sur Verlaine. Si l’amateur citera volontiers Aragon ou Prévert comme plus chansonnier des poètes, il semble que les paroliers citent Verlaine là où ils s’expriment le mieux : dans leurs chansons. On a beaucoup invoqué sa poésie pour expliquer ce phénomène. Bien sûr sa vie de poète maudit joue aussi un rôle dans toute cette histoire. Pauvre Verlaine de Salvatore Adamo. Au revoir Verlaine, « tu ne vis plus que dans l’écho de la brise… »