Accent tonique contrarié

Peut-on chanter en français – 23

Puisqu’Yves Simon nous parlait d’accent tonique dans le dernier billet, je vous propose une sélection de chansons françaises qui ont la particularité que la chanteuse ne respecte pas l’accent tonique habituel du français. Celui-ci n’est pas très marqué, ne change jamais le sens des mots comme dans certaines langues, et tombe sur la dernière syllabe des mots. En chanson, on peut contrarier ces règles dans une certaine mesure.

Musique, de Michel Berger, par France Gall, qui tape fort sur le « mu » au détriment du « sique ». Ou au détriment de la ‘zique peut-être ?

Dans Est-ce que ce monde est sérieux de Francis Cabrel, l’accent tonique tombe sur la première syllabe de « sérieux », de « commence », « pantin », « minus », etc etc. Accent du sud-ouest ou accent tonique à l’anglaise ? À moins que ça ne soit tout simplement une réminiscence de la Gascogne anglaise.

Oh Gaby de Bashung. L’accent tonique est léger, mais il tombe bien sur « Ga » et par sur « by » on dirait.

Un peu pareil dans Madame rêve, on est un peu plus sur « ma » que sur « dame », enfin faites ça où vous voulez à la fin.

Le pénitencier, accent tonique sur « ten ».

Puisque tout ça commençait par d’une citation d’Yves Simon, je note que dans New York, il respecte assez scrupuleusement l’accent tonique bien de chez nous sur la fin des mots, en contradiction avec l’américanisme proclamé de la chanson.

Pour conclure ce billet sur l’accent tonique, un travail intéressant de Camille sur les accents rythmiques. J’ai tout dit.

Ce billet est pour l’essentiel tiré d’un cours donné par Jérôme Rousseau alias Ignatus à l’École Nationale de Musique de Villeurbanne.

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Ça ne tient pas debout

Handicap et chanson 28/34

Toujours dans la veine engagée typique des années 1980, Ça ne tient pas debout de Michel Berger

1 – Quasimodo
2 – Belle
3 – L’homme qui rit
4 – Monsieur William
5 – One of us
6 – Tommy
7 – La femme tronc
8 – Les petits amoureux
8bis – Hélicon
9 – La noce des infirmes
10 – L’invalide à la pine de bois
11 – À quoi pense le réalisateur ?
12 – Une courte de Corbier
13 – Kekseksa Papa ?
14 – La mauvaise réputation
15 – Le bégaiement
16 – La jambe de bois
17 – Camille
18 – Corinne
19 – L’handicapé
20 – Il veut faire un film
21 – Tu n’en reviendras pas
22 – Complainte d’un infirme
23 – Quoi ma gueule
24 – Salut à toi l’handicapé
25 – La petite rivière
25bis – Le luneux
26 – L’enfant soleil
27 – Je te donne
28 – Ça ne tient pas debout
29 – Elle dort
30 – Ceux que l’on met au monde
31 – L’enfant différent
32 – Grand corps malade
33 – Le cachet
33bis – Salut à toutes
34 – Yes I can

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Les uns contre les autres

Main dans la main, joue contre joue 8/15

« On vit les uns avec les autres ». D’accord, mais à condition d’être confinés à plusieurs, parce que sinon … Les uns contre les autres, par Maurane. Paroles de Luc Plamondon et musique de Michel Berger.

1 – La rose, la bouteille et la poignée de main
2 – Joue contre joue
3 – Abouche ta bouche avec ma bouche
4 – Baisers dans le soir
5 – La tendresse de Bourvil
6 – Aznavour démodé
7 – Big bisou
8 – Les uns contre les autres
9 – See me, feel me, touch me
10 – Everybody needs somebody
11 – Main dans la main
12 – Embrasse-moi idiot
13 – Katerine des bisous
14 – Bahia
15 – De l’autre côté de mon rêve

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Les arbres de Corot

La chanson, art majeur ou art mineur VIII. Chanson et peinture 9/17

On survole aujourd’hui le répertoire assez abondant des chansons consacrées à un peintre en particulier. Les arbres de Corot, de Pierre Delorme.

Le Johnny qui chante la peinture, c’est le Johnny artiste, celui qui a quelque chose de Tennessee. Comme tout le monde quoi. Un tableau de Hopper, Johnny Hallyday

Michel Berger, dans une tentative pour trouver un bon sujet pour le bac philo : « Si le bonheur existe, c’est une épreuve d’artiste ». D’accord, mais d’artiste majeur ou mineur ? France Gall, Cézanne peint.

1 – Pourquoy n’aura mon langage, son or et ses douces fleurs ?
2 – Être Dieu
3 – Brel à Gauguin
4 – Goya et la chanson
4bis – Goya bis
5 – La peinture en bâtiment est-elle un art majeur ?
6 – Figure mythique du peintre
7 – Van Gogh, peintre par excellence de la chanson
8 – Autres personnages de peintres
9 – Les arbres de Corot
10 – Regard impressioniste
11 – La Joconde
12 – Nicolas Schöffer
13 – Ekphrasis
14 – Serge Rezvani
15 – Nino Ferrer
16 – Mick Micheyl
17 – Serge Gainsbourg

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Serge Gainsbourg

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 6/12
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Passons à Serge Gainsbourg. Puisqu’on parle de poncif, puisque la question qui nous occupe est elle-même un poncif, je me dois de passer le poncif de ce poncif, la célèbre altercation de Gainsbourg avec Guy Béart.

Donc, Gainsbourg considérait les chansons comme de l’art mineur. Sauf les siennes. Nous voilà bien avancés… Il propose tout de même un critère simple de classification des arts : la nécessité d’une initiation pour les arts majeurs. Ainsi, selon cette théorie, l’artiste majeur Rimbaud aurait longuement étudié la versification avant d’écrire des chefs-d’œuvre à l’âge de quinze ans. Tandis que l’artiste mineur Brassens aurait pondu ses chansonnettes sans rien lire du tout avant… Bon, ça ne marche pas du tout cette théorie. Toujours est-il que Gainsbourg était un auteur exigeant, on l’a déjà noté dans la toute première série de ce blog, voir ici. Et il avait la dent dure pour les collègues, comme Michel Berger, dont il critiquait les rimes faciles en « é ».

D’accord mais qu’en est-il du poncif dans les chansons de Gainsbourg ? Je dirais que Gainsbourg avait un rapport décontracté au poncif. Artiste revendiquant la recherche du succès, il en usait sans complexe, mais sans que ça soit une facilité. Il a par exemple inventé la « chanson liste », inventaire-à-la-Prévert, ou à la Perec, perfectionnant la poétique du banal inaugurée en chanson par Vian et qu’on retrouvera chez Souchon ou Delerm et bien d’autres. On a déjà évoqué dans le blog Ford Mustang ici, il y a aussi Les petits papiers. Par Marie-Paule Belle (qui fait son entrée dans le Jardin au 708è billet …).

Tout à l’autre bout de sa longue carrière : You’re under arrest, qui combine catalogue d’images toute faites sur « le Bronx » et innovations (mélange de rap et de chanson, recette promise à un bel avenir).

Je vous propose encore Du jazz dans le ravin, qui ressasse plusieurs mythes.

Notez la référence à une sorte de poncif, qu’on retrouve dans le cinéma : l’accident sur la route de la Corniche, mis en pratique quelques années plus tard par Grace de Monaco. Aussi invoqué par Souchon. La ballade de Jim.

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La solution

La chanson, art majeur ou art mineur I. L’énigme ART 9/9
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Voici venue l’heure tant attendue de la solution. Vous l’avez tous deviné, le point commun entre toutes les chansons, c’est le poncif le plus éculé de toute la poésie : « amour » y rime avec « toujours ». ART = Amour Rime avec Toujours donc. De la variétoche-pour-femme-d’un-certain-âge de Frank Michael au grand poète de la chanson Brassens, de la belle amoureuse Barbara à l’artiste d’avant-garde Patrick Vian, de la chanson paillarde à la suave intimité de Mathieu Boogaerts, de la poésie faussement naïve de Paul Fort à la pop kitsch années 1980 de Léopold nord et vous, et jusqu’au héros national Aznavour : tout le monde est d’accord pour se vautrer dans cette facilité.

Certains petits malins se jouent du poncif, comme Michel Berger qui dit « L’amour, le vrai, celui qui ne rime pas avec jamais », ou Souchon, qui fait rimer « toujours » avec « hou hou ». J’ai dit qu’Emmenez-moi et Mes amis, mes emmerdes de Charles Aznavour n’étaient pas loin de l’énigme sans pouvoir y figurer. C’est qu’amour y rime avec « jour », ce qui ne suffit pas, loin s’en faut.

Cette rime facile devrait suffire à clore le débat : la chanson serait un art mineur. Mais regardez ce qu’on lit dans Phèdre de Racine.

Œnone
Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours ?
Ils ne se verront plus.

Phèdre

                                     Ils s’aimeront toujours.

Bon, la chanson serait donc à l’instar de la tragédie classique, un-art-majeur-qui-fait-rimer-amour-avec-toujours, catégorie injustement oubliée par l’Esthétique ? Pfouuu, c’est compliqué, je m’y perds. Je vous passe un petit Brigitte Fontaine en attendant la suite. Pipeau.

À partir de samedi prochain, on s’intéresse à une chanteuse des années 1960, je ne vous dis pas qui, c’est une surprise. On se retrouve quelques jours plus tard pour la deuxième série sur la chanson, art majeur ou art mineur.

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Michel Berger

La chanson, art majeur ou art mineur I. L’énigme ART 6/9
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Bravo à Pierre C., internaute de Paris pour sa résolution de l’énigme !! Les chansons d’aujourd’hui, sans tout à fait cadrer dans l’énigme, ont un rapport presque direct avec elle. On est avec Michel Berger et France Gall.

Michel Berger, Y a pas de honte.

Un pot pourri.

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SOS

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 1/11
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C’est la rentrée, après la longue énigme de l’été, les séries thématiques reprennent. Tout comme l’an dernier, il y aura un super-thème (révélé dans quelques jours) qui durera toute l’année, entrecoupé d’autres séries. C’est le moment idéal pour faire un peu de publicité à votre blog préféré : un petit partage Facebook, un envoi à vos bons amis. Vous n’aimez pas ce blog ? Envoyez-le à vos ennemis, je prends tout le monde.

Toutefois, je vous préviens : le blog souffre d’un mal aigu et il y aura des conséquences graves. Et oui, on étudie l’ambitus à partir d’aujourd’hui. L’ambitus, c’est l’écart entre la note la plus aiguë et la plus grave d’une chanson, d’un chanteur, d’un instrument, ou de n’importe quoi qui produit des notes de musique. Quelques chansons sont connues des amateurs de karaoké pour leur grand ambitus. Les chanter relève d’un exploit requérant de bonnes prédispositions et une technique vocale sûre.

L’exemple le plus connu est probablement le SOS d’un terrien en détresse. Amateurs de solfège : son ambitus est de deux octaves et une quinte. Bravo à Daniel Balavoine, créateur de cette chanson. D’après le témoignage de Luc Plamondon, auteur des paroles, il manquait une grande chanson au personnage de Johnny Rockfort dans l’opéra rock Starmania. Il a écrit des paroles et a demandé à Michel Berger (compositeur de cet opéra) une musique à la mesure des possibilités vocales de Balavoine. Le SOS est donc la dernière chanson composée pour Starmania… Pour en savoir plus, écoutez l’émission Étonnez-moi Benoît du 13 mai 2017, avec une longue interview de Plamondon par Benoît Duteurtre. Ici.

Bravo aussi à Grégory Marchal et aux autres aventuriers de l’ambitus qui ont pu chanter le SOS du Terrien en détresse. Grégory Lemarchal prend la chanson un demi-ton au-dessus de Balavoine. Il faut dire qu’il est à la peine dans le grave : il n’arrive pas à timbrer les notes les plus basses, qui sont un peu sacrifiées. Mais sa version est assez propre, surtout pour du live, et paix à son âme. Ça se termine sur une tierce picarde, petite porte ouverte vers le kitsch.

Puisqu’on parle de kitsch, je vous propose aussi la version du chanteur kazakh Dimash Kudaibergenov, lors d’une émission de télé-réalité chinoise. Il est un demi-ton plus haut que Marchal, et donc un ton plus haut que Balavoine. À chaque aigu, on nous montre la déconfiture de ses adversaires… J’adore, c’est un hymne à l’angoisse existentielle des bricoleurs : « pourquoi je visse ? ».

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De l’autre côté de la ville

Paralipomènes 26/67
(la série qui revient en 68 billets sur les 44 premiers thèmes du blog)
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Dans la dix-septième série, consacrée à Véronique Sanson et Michel Berger, il fut question d’amour. Si vous êtes d’humeur sentimentale, je vous recommande De l’autre côté de la ville, chanson typique de la belle Véronique, à 13:00 sur la vidéo.

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