Belin chante Dylan (comme Loizeau)

Peut-on chanter en français – 18bis

Dans un commentaire, Juthova nous propose Le feu au cœur, adaptation de Ain’t Talkin’ de Bob Dylan par Bertrand Belin.

L’original.

À propos de La fille du nord, déjà passée dans la version d’Hugues Aufray, Henri (de Paris) nous propose la version d’Émily Loizeau, Celle qui vit vers le sud. À noter pour notre série : Émily Loizeau se trouve être parfaitement anglophone, puisque Anglaise par sa mère. Donc le sud en ce qui la concerne, c’est peut-être la France.

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Le best-of de Pierre Delorme

Peut-on chanter en français – 16bis

Je vous passe aujourd’hui un choix opéré par Pierre Delorme des meilleures adaptations en français de Bob Dylan.

Qui a tué Davy Moore, par Graeme Allwright.

Seven curses, par Sarclo. Pas disponible sur YouTube, je mets un lien vers le site de Sarclo.

Et La fille du Nord, par Hugues Aufray, sur des paroles de Pierre Delanoë.

Merci Monsieur Delorme pour cette sélection des meilleures adaptations du p’tit gars du Minnesota ! Le P’tit gars du Minnesota, paroles, musique et interprétation de Pierre Delorme.

Sur le site Crapauds et Rossignols, un article de Pierre Delorme signale L’étranger de Léonard Cohen. Sur le même lien, je recommande aussi la lecture d’un long commentaire de Sarclo à propos de ses adaptations de Dylan.

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La chanson anticléricale œcuménique

Les Juifs et la chanson IV – Image des juifs dans la chanson 3/19

Le judaïsme comme religion est le plus souvent cité dans ce que j’appelle la chanson anticléricale œcuménique : une vieille tradition française étendue à toutes les religions. Mais autant nos chansonniers sont très prolixes pour dénoncer des traits spécifiques du catholicisme (bigoterie, hypocrisie, rite anachronique, etc), autant, quand on en vient à l’islam ou au judaïsme, la critique se fait abstraite. Il y a sans doute la crainte d’être accusé de racisme, l’ignorance (du chanteur, mais aussi du public). Et surtout la désincarnation : l’anticléricalisme a des racines profondes et s’appuie sur le vécu concret de générations ayant subi le catéchisme, le collège jésuite ou je ne sais quoi encore. Aucun trait spécifique de la religion juive n’est donc mentionné, il n’en manque pourtant pas : archaïsme, rite pittoresque, absence de prosélytisme, invention du dieu unique, etc.

Exemple dans À propos d’un détail Hugues Aufray (je me demande qu’il entend par le Dieu des laïques à propos…).

Des juifs et des laïques qui faisaient les cents pas
Au milieu des indiens, des russes et des chinois
Et tout ce gentil monde dans un unique chœur
Qui priait en secret que ce Dieu soit le leur

Cette vision désincarnée finit par contaminer le catholicisme lui-même, par exemple dans Je suis de Damien Saez, dont le titre résume bien un néant identitaire qui ne peut se définir que négativement, et dont on ne sait s’il est dénoncé ou célébré par cette chanson.

Je parle français, je bois de la bière
Je suis pas catho-musulman
Je suis pas juif, je suis pas croyant
Je suis bistrot, je suis résistant
Je suis drapeau quand il est blanc
Dans un verre avec un croissant
Moi je suis torché un peu tout le temps

Dans la chanson anti-anti-cléricale d’un Michel Delpech qui renoue avec le catholicisme, le judaïsme n’est pas plus incarné. Delpech nous prouve que la vacuité du discours anticlérical œcuménique peut très bien être retournée au profit de la religion, en raison de sa vacuité même. Il y en a encore de Michel Delpech.

Des Indiens qui ont vu Krishna
Des Juifs qui entendent Moïse
Des filles qui se marient à l’église
Il y en a, il y en a encore

Pour conclure cette énumération de chansons énumératives, je dirais que le contraste entre juifs et gitans est saisissant : les deux peuples victimes du génocide nazi sont traités de manière complètement opposée par la chanson. Dans les deux cas, toute trace de racisme est devenue taboue, mais cela se traduit par un effacement complet de tout trait saillant pour les juifs, qui sont comme délavés dans les chansons. Tandis que les gitans sont l’objet d’une célébration unanime, mais vidée de sens également, par l’usage exclusif de deux ou trois poncifs recyclés à l’infini. Le phénomène s’explique sans doute par le romantisme associé à la figure du gitan. Alors que le mot « juif » est comme sali par des décennies de logorrhée antisémite, ce qui rend son usage difficile en chanson.

1 – Le chandelier
2 – Le mot « juif » dans des listes
3 – La chanson anticléricale œcuménique
3bis – Souchon et Ferré
4 – Le juif non-dit
5 – Les juifs chez Gainsbourg
6 – Un juif célèbre
7 – L’Aziza
8 – La chanson pro-israélienne
9 – Le conflit israélo-palestinien
10 – Image des juifs dans le rap
11 – L’anti-antisémitisme de Pierre Perret
12 – La chanson antisémite
13 – On peut rire de tout, mais pas en mangeant du couscous
14 – Les mères juives
15 – Betty Boop
16 – Noirs et juifs aux USA
17 – Nica
18 – Noirs et juifs en chanson chez Jean-Paul Sartre
19 – Azoy
19bis – Retour sur quelques commentaires

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Au fil du temps

Les Juifs et la chanson III – Shoah et chanson 16/23

La plupart des chansons passées jusqu’ici sont l’œuvre de chanteurs et chanteuses juifs, dont la famille a été parfois touchée directement par la Shoah. Dans ce billet, je vous propose un tour d’horizon chronologique de plusieurs chansons d’auteurs a priori non-juifs (je n’ai pas vérifié la biographie de tout le monde …) qui chantent la Shoah. L’évolution dans le temps est intéressante.

La première chanson ne concerne pas directement la Shoah. Elle parle du Vélodrome d’hiver à Paris, un lieu de fête populaire et de meetings politiques avant-guerre, ainsi que se le remémore Yves Montand. Les « six jours » mentionnés dans les paroles, ce n’est pas la création du monde dans la Genèse, ce sont les Six jours de Paris, fameuse course cycliste. C’est au Vel’ d’Hiv qu’ont été parqués les 13 000 juifs arrêtés le 16 juillet 1942, lors de la plus grande rafle organisée en France. Aujourd’hui, « Vel’ d’hiv » évoque la rafle du Vel’ d’hiv, pas le cyclisme sur piste… La chanson montre bien que dans les années 1950, il n’en était rien.

Avec les Juifs de Pierre Selos, chanteur engagé dans le catholicisme à ses débuts. On est en 1964.

La petite juive de Maurice Fanon, en 1965.

Petit Simon d’Hugues Aufray en 1967, paroles de Vline Buggy.

Paul Louka, Tante Sarah en 1972.

Chanson pour Anna, en 1974, paroles et musique de Pascal Danel, interprétée par Daniel Guichard

En 1977, dans son concept-album Simon et Gunter, Daniel Balavoine nous raconte l’histoire de deux frères allemands séparés par le mur de Berlin. Une chanson de l’album, Lise Altmann, est consacrée à la Shoah.

En 1986 , Gilbert Bécaud compose une comédie musicale, Madame Rosa, adaptée par Claude Lemesle du roman d’Émile Ajar, La vie devant soi. Extrait : Bravo, par Annie Cordy. Première chanson de la série qui évoque explicitement le rôle des Français dans les déportations.

Anne ma sœur Anne, en 1985, Louis Chédid (qui fait son entrée au 1007e billet de ce blog). Je crois que c’est la première chanson de la série qui évoque le retour de l’antisémitisme après-guerre. La chanson date à peu près des premiers succès électoraux du front national.

Souviens-toi du jour en 1999, interprétée par Mylène Farmer. À la fin de la chanson, elle chante « Zakhor et yom », ce qui signifie « Souviens-toi du jour » en hébreu. Les paroles disent en boucle « si c’est un homme », allusion sans ambiguïté à Primo Levi. Mylène Farmer porte une robe Thierry Mugler. Analyse du clip, ici.

L’ami Jacob, en 2007, de Pascal Danel, qui avait déjà écrit la Chanson pour Anna en 1974 pour Daniel Guichard.

Fatigué, fatigué, de François Morel. On est en 2010.

1 – La chanson de Simon Srebnik
2 – La chanson de Treblinka
3 – Yisrolik
4 – Le chant des marais
5 – Le Verfügbar aux Enfers
6 – Casimir Oberfeld
7 – Êtes-vous heureux ?
8 – La fontaine endormie
9 – Il n’y a plus de roses rue des Rosiers
10 – Le petit train de Rita Mitsouko
11 – Comme-toi
12 – Nuit et brouillard
13 – Smoke gets in your eyes
14 – Pitchipoï
15 – Évariste
16 – Au fil du temps
17 – Les Ramones à Bitburg
18 – Signé Furax
19 – Des voix off
20 – Roméo et Judith
21 – Culture du camp
22 – La troisième symphonie de Górecki
23 – Beltz

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La pornographie

La chanson sexuellement explicite 12/18
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La chanson ne s’est pas tellement essayée à la pornographie. Il faut dire que le porno, c’est plus fait pour être vu qu’entendu, pour ce qu’on m’en a dit bien sûr. Selon Wikipedia,  la pornographie est une « représentation complaisante — à caractère sexuel — de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique, cette représentation explicite d’actes sexuels finalisés ayant pour but de susciter de l’excitation sexuelle ».

Si l’on s’en tient à cette stricte définition, la première tentative de chanson porno, peut-être la dernière, on la doit sans doute à Gainsbourg, je vous renvoie au billet précédent. Toutefois, au milieu des années Top 50 sont apparues des chansons érotiques aussi sinistres qu’un porno soft sur M6 à 22h55. Regardez le clip ci-dessous, c’est curieux comme laideur. Et la tête qu’ils tirent les deux tourtereaux, ça n’a pas l’air drôle tous les jours pour eux, surtout quand ils s’aiment. Quand tu m’aimes, par Herbert Léonard.

La parolière, c’est Vline Buggy, qui est surtout connue pour avoir écrit beaucoup de chansons de Claude François. Une spécialiste de la chanson à décor, des ambiances : Le pénitencier, Céline ou Le petit âne gris d’Hugues Auffray, c’est elle. Pour cette ambiance là, elle s’est un peu plantée, mais ce n’était pas le plus facile. Moins connu, toujours pour Herbert Léonard, Et toi, sexuellement parlant. Cette fois, la musique est d’un certain Julien Lepers, gloire à lui. Déniché par le site horreursmusicales.com…

Spécialement pour ce billet, je vous ai dégoté une star du porno qui s’est essayée à la chanson : Ilona Staller, plus connue sous son pseudonyme : la Cicciolina. Je suppose que l’exemple n’est pas isolé, mais je me suis refusé à trop enquêter sur ce sujet par égard pour ma e-réputation. J’attends les suggestions de mes lecteurs. La Cicciolina, actrice, politicienne, et donc chanteuse. Baby love.

Vous avez vu ? Étonnant comme la mauvaise qualité des vidéos sur YouTube renouvelle le flou hamiltonien. Pour ceux qui ne connaissent pas, le concept nous vient de David Hamilton, photographe érotique qui a aussi réalisé des films. Un critique facétieux de Télérama écrivait à leur propos : « Dans la salle, les spectateurs crient ‘mise au point’ ».

La Cicciolina a épousé l’artiste kitsch Jeff Koons, et ils ont réalisé ensemble une exposition pornographique d’art contemporain : Made in Heaven. Il parait que le scandale a été unanime chez les critiques d’art, comme quoi ça restait possible en 1990. Puisqu’on est sur un blog de chanson et tout public, je retiens que l’exposition emprunte son titre à une chanson posthume de Freddie Mercury. Made in heaven, par Queen.

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Le petit âne gris

L’énigme ALF 3/9
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La troisième chanson de l’énigme, c’est Le petit âne gris, par Hugues Aufray.

Cette chanson singe un supposé style traditionnel. Les paroles ont été écrites dans les années 1960 par Vline Buggy, parolière experte dans ces chansons-carte-postale à l’atmosphère patinée (Le pénitencier, Céline, …).

Une petite blague pour finir, il paraît qu’elle est vraie. Céline Dion interviewée en présence d’Hugues Aufray aurait dit « vous êtes vraiment mon chanteur préféré. D’ailleurs, si j’avais un fils, je l’appellerais Hugo ».

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