Miracle : Jésus a dit ce qu’il n’a pas dit

Avec Michel Magne (et accessoirement Jean Yanne) 5/7
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Aujourd’hui, la chanson de Jésus, Alleluia, pour le film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Belles paroles de Jean Yanne et gentille musique de Michel Magne.

Le générique de fin, avec la chanson titre.

Bon, je viens de relire les quatre Évangiles, Jésus n’a jamais dit que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Je vais de ce pas boire un demi biafrai pour y réfléchir. Encore quelques extraits de ce film d’époque.

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Le pétrole

Avec Michel Magne (et accessoirement Jean Yanne) 4/7
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Toujours pour un film de Jean Yanne, Moi y’en a vouloir des sous, Michel Magne compose la musique de Pétrole pop. Voix érotique et gamme orientalisante, je vous laisse déguster cette plaisante bizarrerie.

Reprise par Les Brigitte.

 

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Les Chinois à Paris

Avec Michel Magne (et accessoirement Jean Yanne) 3/7
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En 1974, Jean Yanne sort son film, Les Chinois à Paris, qui raconte l’invasion de la France par la Chine de Mao. Ce plaisantin de Michel Magne, qui a composé la bande originale, s’est amusé à écrire Carmeng, une version chinoise de notre Carmen nationale.

Pour les curieux, la bande annonce du film.

Je vous passe aussi Le pilori télévisé, scène du film singeant les codes de la propagande antisémite et introduite par un bref échantillon de logorrhée maoïste, mélange qui met assez mal à l’aise. Sans toutefois parvenir à couper l’appétit de Daniel Prevost.

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Le jazz de Michel Magne

Avec Michel Magne (et accessoirement Jean Yanne) 2/7
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Michel Magne a donc principalement exercé son talent dans les musiques de film. Parfois très jazzy, comme dans la bande originale de Mélodie en sous-sol.

J’avais mis cette vidéo par erreur, je la laisse ! Excellente chanson. Chobizenesse, par Jean Yanne.

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La musique des Tontons flingueurs

Avec Michel Magne (et accessoirement Jean Yanne) 1/7
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Je vous propose dans cette série de partir à la découverte de Michel Magne, compositeur de la deuxième moitié du XXè siècle ayant abordé tous les styles : musique contemporaine atonale, jazz, musique classique. Et bien sûr chanson, puisqu’il a entre autre composé la musique de plusieurs chansons de Jean Yanne, qu’on verra aussi beaucoup dans la série.

La composition la plus célèbre de Michel Magne est peut-être la bande originale du film Les tontons flingueurs. Elle est toute entière bâtie sur un seul thème : que ce soit après l’un des célèbres bourre-pif, pour un moment triste, une danse endiablée ou un chant d’église, c’est toujours la même musique ré-orchestrée. Un vrai chef d’œuvre d’humour. Magne est allé jusqu’à inventer une fausse sonate de Corelli (compositeur bien réel de l’époque baroque) !

Techniquement, le thème fait sol mi ré do, sol mi, ré do, etc (la tonalité change selon les passages dans le film). Toutes les musiques de la vidéo à suivre sont bâties sur ce thème, sauf Happy Birthday, et une autre que je vous laisse trouver dans la vidéo suivante. À voir absolument !

Michel Magne s’est-il inspiré d’une musique existante ? On reconnait le motif des premières notes dans la loure de la Suite française numéro 5 en sol majeur de Jean-Sébastien Bach, BWV 816 – (VII) Loure. NB : une loure, c’est une sorte de bourrée.

Le concerto n°1 pour piano et orchestre de Tchaïkovsky démarre sur le même thème, mais en mode mineur (passage en mode mineur qu’on entend aussi dans Les tontons flingueur).

La musique, surtout lorsqu’elle est arrangée en jazz, rappelle aussi un peu Freddie Freeloader de Miles Davis.

Le plus probable reste que Michel Magne a dû inventer le thème, puis s’inspirer de maîtres pour les différents arrangements. Miles Davis donc, et peut-être le concerto pour deux violons de Bach pour les arrangements baroques de la fausse sonate de Corelli !

Réponse à la petite énigme plus haut : la seule musique de la vidéo qui n’est pas bâtie sur le thème, c’est le passage de tango, vers 3:15. Je me risque à l’hypothèse suivante : le passage qu’on entend sert à introduire le thème. Mais ce dernier a été coupé au montage.

Un colloque vient d’être consacré au film Les tontons flingueurs, voir ici.

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Poncif parodique

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 12/12
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Une bonne grosse blague pour finir sur les poncifs en chansons. Chagrin d’amour, des Inconnus, se moque des tics les plus vulgaires de la chanson d’amour pour homme.

Il s’agit une parodie d’À toutes les filles, de Félix Gray et Didier Barbelivien. C’est vrai que c’est la grande classe, un grand merci à Félix et Didier de la part de tous les partisans de la chanson-art-majeur. Sans vous, ce ne serait pas un défi si excitant de défendre la chanson…

Je vous le dis, en trois ans de blog, cette série est sûrement celle qui m’a demandé le plus de travail. Dans le prochain thème, on parle d’un compositeur… On revient aux arts majeurs et mineurs plus tard, avec une série sur les expressions toutes faites dans les chansons de Brassens. Ensuite, il y aura la série de Noël, restez posté (= keep posted).

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Les poncifs transversaux

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 11/12
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Avant de conclure cette série sur le poncif, je voudrais évoquer ces grands mythes qui traversent toute la chanson. On a déjà consacré des séries au gitan, à la putain, au scientifique, au blues et à Verlaine, cinq magnifiques allégories. Il y aussi le mot « société », et les déflorations juvéniles, deux sujets typiques de la variété des années 1970.  Et puis Paris, mythe géant, mythe aux mille facettes… et la java… on en parlera dans de prochaines séries. Beaucoup d’autres sans aucun doute.

Leur côté conventionnel est bien pratique. Vous voulez évoquer la liberté farouche, l’aventure et l’honneur ténébreux ? Hop, un gitan, ça économisera de laborieuses explications, tout le monde connait. Voir la série sur les roms dans la chanson.

Vous voulez faire croire que vos rimes balourdes ont la légèreté du vent ?  Hop, écrivez « Verlaine » dans vos paroles, tout le monde croira que le maitre de la chanson grise soluble dans l’air aurait adoré vos couplets. Voir la série sur le nombre incroyable de chansons mentionnant le nom de Verlaine.

Vous prétendez à l’aura de l’Homme qui s’y connaît en Femme, en affectant un air à la fois profond, paternaliste et canaille ? Hop, écrivez une chanson-sur-les-putains. Mais surtout, dites exactement le contraire de la dernière chanson entendue sur le sujet. C’est la loi du genre chanson-sur-les-putains, espace de débat et non de communion. Voir la série sur la prostitution et la chanson.

Vous rêvez d’une chanson dépositaire d’une tradition ancestrale, populaire, authentique et rebelle ? Dont les harmonies ne soient pas souillées par les ratiocinations de notre civilisation criminelle ? Et qui en plus fasse étalage de vos états d’âmes (qui intéressent bien sûr tout le monde) ? Et oui, tout ça à la fois. C’est possible. Écrivez simplement dans les paroles que c’est du « blues », surtout si ça n’en est pas. Parce que si c’en est, pourquoi le dire ? Voir la série consacrée aux bluesmen français.

Et si pris d’un remord, vous préférez inscrire votre chanson dans la droite descendance de vos ancêtres gaulois, mettez « java » dans le titre, elle sentira fort le saucisson et le camembert (la série sur ce sujet est en préparation).

Pas besoin de mode d’emploi, tout le monde comprendra très vite. Ça tombe bien, une chanson ne dure que trois minutes. Je vous en remets quelques-unes sur les gitans.

Mon pote le gitan, par Barbara

De plous en plous fort, Les gitans, par Dalida.

Certains prennent le contre-pied des poncifs. Mais si les poncifs n’existaient pas, de quoi prendraient-ils le contre-pied ces ingrats ? Prière bohémienne, de Félix Leclerc (qui fait son apparition dans le blog au 713è billet, quelle injustice de traiter comme ça le pionnier du guitare/voix…).

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Léo Ferré, merde au poncif

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 10/12
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On a vu que Brel, Barbara, ou même à sa manière Gainsbourg, ne revendiquaient pas le titre de poète. C’est aussi le cas de Brassens, on voit ça dans la prochaine série. Souchon ou Delerm, on ne leur pose même pas la question, les pauvres petits. Majeur ou mineur, on ne sait pas, mais la chanson serait en tout cas un art modeste. Heureusement qu’elle a eu ses mégalomanes, comme Léo Ferré, seul donc de la clique des Grands-de-la-Chanson à se revendiquer poète haut et fort.

Dans son écriture riche, parfois hermétique (voir ici), il renonce souvent au poncif, c’est la moindre des choses pour un poète. On a déjà observé dans le blog qu’il prend le contre-pied du décor brélien d’Amsterdam dans Rotterdam, voir ici.  Quand il s’abaisse à chanter un thème banal, comme « avoir vingt ans », il s’efforce d’inventer un machin nouveau par ligne. Écoutez bien. Bravo monsieur Ferré, à vous tout seul vous sauvez la chanson du naufrage dans la phrase toute faite. Vingt ans.

Un beau reportage sur la célèbre photo où l’on voit Brassens, Brel et Ferré. Écoutez bien vers 8:00, on leur demande s’ils sont poètes.

Vous pouvez aussi écouter Les poètes.

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Les hyper-poncifs de Vincent Delerm

La chanson, art majeur ou art mineur II. Du poncif en chanson, 9/12
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Après les méta-poncifs d’Alain Souchon, Vincent Delerm invente les hyper-poncifs, avec par exemple la banalité radicale d’une phrase aussi bête que « on n’a rien compris au sujet », mille fois rabâchée par des milliers d’élèves, si peu poétique qu’elle en produit même un effet de surprise… surtout quand elle est enchâssée dans une musique plus écrite qu’il n’y parait. Essayez de chanter Les filles de 1973 sous la douche juste pour voir…

Puisque je parle musique, notez la parenté de la chanson du jour avec les musiques de film de François de Roubaix :

Dans Fanny Ardant et moi, Delerm joue avec les poncifs en adossant l’un contre l’autre deux mythes incompatibles. D’un côté, la grande artiste, fatalement vouée à un romantisme élitiste. De l’autre, la vie de couple forcément minable de tout un chacun.

À propos, et si toutes ces histoires d’art majeur/mineur n’étaient qu’affaires de goût ? Réponse définitive dans Les gouts musicaux, sketch de Vincent Delerm.

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