Le souffle au cœur

L’inceste 4/15

Je vous propose aujourd’hui des extraits du Souffle au cœur, film de Louis Malle de 1971. Il raconte la consommation d’un inceste en mère et fils, ce qui fit un gros scandale à l’époque.

La scène de la confession.

La scène à la Chabrol.

Ce sera notre secret (désolé pour la mauvaise qualité de la vidéo, je n’ai trouvé que ça sur YouTube).

La fin du film, avec une bande originale intéressante. Louis Malle était un grand amateur de jazz.

Les commentaires de Louis Malle.

1- Les suites d’un premier lit
2- Rosa
3- Bonjour ma cousine
4- Le souffle au cœur
5- Mon frère
6- T’en fais pas mon p’tit loup
7- Touche pas à mon corps
8- Le secret
9- La maison en bord de mer
10- Inceste de citron
11- Scandale dans la famille
12- L’attentat à la pudeur
13- Oncle Ernie
14- Au cœur de la nuit
15- Peau d’Âne

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Bonjour ma cousine

L’inceste 3/15

On reste entre cousins aujourd’hui, avec Bonjour ma cousine, comptine bien connue. D’ailleurs, le mariage entre cousins était courant à certaines époques, et n’est pas interdit de nos jours que je sache. Une difficulté de ces chansons traditionnelles est la piètre qualité des interprétations disponibles sur la toile. Je vous livre la moins pire que j’ai trouvée. Avec de vrais instruments comme précisé sur la pochette du disque. Bonjour ma cousine.

J’en profite pour vous passer Ma cousine de Pierre Vassiliu, qui exploite le bon vieux procédé de la fausse rime (auquel on consacrera bientôt une série).

Je vous passe aussi Ma cousine de Frankie Vincent, mais uniquement pour sa valeur documentaire.

1- Les suites d’un premier lit
2- Rosa
3- Bonjour ma cousine
4- Le souffle au cœur
5- Mon frère
6- T’en fais pas mon p’tit loup
7- Touche pas à mon corps
8- Le secret
9- La maison en bord de mer
10- Inceste de citron
11- Scandale dans la famille
12- L’attentat à la pudeur
13- Oncle Ernie
14- Au cœur de la nuit
15- Peau d’Âne

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Rosa

L’inceste 2/15

L’inceste se cache parfois discrètement dans les répertoires les plus célébrés. Écoutez bien Rosa de Jacques Brel. N’est-ce pas une déclaration d’amour à sa cousine ?

Bon, il est bien connu que Jacques Brel, il a voulu voir sa sœur, et puis il a vu sa mère, comme toujours. Mais Boby Lapointe pousse le bouchon plus loin dans Marcelle, en déclarant sa préférence pour la sœur de sa belle, ce dont il prétend s’exonérer en faisant la vaisselle et en descendant la poubelle. Marcelle.

Pierre Perret semble préférer sa future belle-mère. J’ai rendez-vous à 5 heures.

1- Les suites d’un premier lit
2- Rosa
3- Bonjour ma cousine
4- Le souffle au cœur
5- Mon frère
6- T’en fais pas mon p’tit loup
7- Touche pas à mon corps
8- Le secret
9- La maison en bord de mer
10- Inceste de citron
11- Scandale dans la famille
12- L’attentat à la pudeur
13- Oncle Ernie
14- Au cœur de la nuit
15- Peau d’Âne

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Les suites d’un premier lit

L’inceste 1/15

On aborde aujourd’hui un thème présent dans notre culture depuis la plus haute antiquité : l’inceste, depuis le mythe d’Œdipe jusqu’à Twin Peaks en passant par Cyrano de Bergerac et Gainsbourg. Ce n’est pas un grand sujet pour la chanson, quoiqu’en cherchant un peu, je vous ai trouvé plusieurs chansons, tragiques ou comiques, explicites ou allusives.

Le sujet était autrefois abordé dans la chanson comique. Les suites d’un premier lit, par Tramel.

1- Les suites d’un premier lit
2- Rosa
3- Bonjour ma cousine
4- Le souffle au cœur
5- Mon frère
6- T’en fais pas mon p’tit loup
7- Touche pas à mon corps
8- Le secret
9- La maison en bord de mer
10- Inceste de citron
11- Scandale dans la famille
12- L’attentat à la pudeur
13- Oncle Ernie
14- Au cœur de la nuit
15- Peau d’Âne

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Le fan club de Serge Lama

La CFPQ (chanson française pas de qualité) 9/9

On va clore ce rapide tour d’horizon de la « mauvaise chanson » par une modalité classique de la critique d’un chanteur : s’attaquer à lui indirectement en discréditant ses fans. Avec le sketch des Deschiens, au demeurant hilarant, Le fan club de Sega Lama.

Grâce à ce sketch, je découvre la chanson Superman. De Serge Lama.

1 – L’hérésie simoniaque
2 – Sardou le détesté
3 – Chantal Goya
4 – Brassens contre Tino Rossi
5 – André Bézu
6 – Rousseau
7 – HAL
8 – Patrick Bruel
9 – Le fan club de Serge Lama

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Patrick Bruel

La CFPQ (chanson française pas de qualité) 8/9

Je me permets dans ce billet de raconter comment j’ai commencé à écrire ce blog. En 2010, j’ai été admis comme élève au département chansons de l’école nationale de musique de Villeurbanne, dans l’ensemble vocal La caravane d’Elisabeth Herbepin, qui nous a demandé de préparer une liste de chansons sur le thème de l’année : l’engagement. J’ai adoré préparer cette liste. J’ai quitté l’ensemble au bout d’un an, mais pendant des années, j’ai continué à proposer des listes de chanson à Élisabeth, voire même un thème pour l’année 2018 : Mai 68, qui fêtait son 50e anniversaire cette année là. Mon seul problème était que j’avais trop de choses à dire sur chaque chanson. Et accessoirement, personne à qui les dire.

Et puis j’ai appris qu’Aurélie, une doctorante de mon laboratoire, initiait les postdoctorants étrangers présents cette année-là à la culture française en leur envoyant chaque semaine une chanson : du Bruel, ou du Goldman, Les lacs du Connemara, des remix des années 80, etc. Je me suis mis à envoyer chaque jour par email une chanson plus conforme à mes gouts avec quelques explications : du Brassens, etc. J’ai commencé à réfléchir à différents thèmes. Le premier que j’avais prévu était celui consacré aux fausses notes en chansons, il n’est passé que bien plus tard, 45e thème abordé dans ce blog. Puis une autre collègue, Natacha, qui est aujourd’hui l’une des suiveuses les plus fidèles de ce blog, m’a montré la plate-forme « blogger », et je me suis vraiment lancé.

En attendant, j’ai pas mal discuté avec Aurélie de Patrick Bruel dont elle était une fan très ardente. J’ai alors découvert à ma grande surprise que Patrick Bruel était un auteur-compositeur-interprète. J’étais persuadé auparavant qu’il s’agissait d’un pur produit de l’industrie musicale. Avec certaines chansons que j’aimais bien, comme Place des grands hommes. Les paroles sont de Bruno Garcin, mais la musique est bien de Patriiiiick.

J’en suis même venu à me demander si Bruel n’est pas meilleur auteur qu’interprète. Parce qu’autant je trouve ses grands succès plutôt bien fichus, autant je n’aime pas du tout ses reprises. Les goût et les couleurs vous me direz… mais je garde cette question épineuse pour une série en préparation consacrée à quelques idées iconoclastes sur la chanson.

1 – L’hérésie simoniaque
2 – Sardou le détesté
3 – Chantal Goya
4 – Brassens contre Tino Rossi
5 – André Bézu
6 – Rousseau
7 – HAL
8 – Patrick Bruel
9 – Le fan club de Serge Lama

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HAL

La CFPQ (chanson française pas de qualité) 7/9

Je propose d’explorer aujourd’hui l’idée de la chanson comme archaïsme, au sens psychiatrique du terme. Un réflexe archaïque est un réflexe du nouveau-né qui disparait quelques temps après naissance, comme le fait de serrer les doigts lorsqu’on lui caresse la paume de la main. La chanson, y compris de « mauvaise qualité », peut-être même surtout de mauvaise qualité, nous toucherait parce qu’elle activerait des circuits profonds : balancement rythmique, douceur de la voix, combinée aux mots simples et sentimentaux des paroles. Un indice en faveur de cette hypothèse, ce serait ces petites musiques qui ne sortent pas de la tête, ce que les anglophones appellent les ear-worms (vers d’oreille). En fait, je n’ai rien trouvé de très probant là-dessus. Si quelqu’un a des documents un peu étayés, je suis preneur, et sinon je laisse chacun à son introspection.

Je vous livre cependant un témoignage étrange et indirect à ce sujet, montrant que la chanson comme réflexe archaïque existe au moins comme représentation, à défaut d’être une réalité. C’est un extrait de 2001 odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. L’astronaute David Bowman désactive l’ordinateur de bord HAL 9000 qui a tenté de prendre le contrôle du vaisseau spatial en route vers Jupiter. Le spectateur assiste alors à une sorte de maladie d’Alzheimer accélérée de cette pauvre cyber-créature, dont le dernier souffle est une chanson : Daisy.

Sur wikipedia, j’apprends que la chanson est en fait Daisy bell (bicycle built for two), composée par Harry Dacre en 1892. Elle a vraiment été la première chanson apprise à un ordinateur, un IBM 7094 (d’ailleurs HAL est simplement obtenu à partir d’IBM en rétrogradant chaque lettre d’un cran dans l’ordre alphabétique). Écoutez plutôt.

Une version en style barbershop, humaine (quoiqu’éditée avec l’aide d’une véritable cyber-créature).

Et pour conclure ce billet, une citation de Jean-Jacques Rousseau sur la mémoire des chansons.

C’est une des singularités de ma mémoire qui méritent d’être dites. Quand elle me sert, ce n’est qu’autant que je me suis reposé sur elle : sitôt que j’en confie le dépôt au papier, elle m’abandonne ; et dès qu’une fois j’ai écrit une chose, je ne m’en souviens plus du tout. Cette singularité me suit jusque dans la musique. Avant de l’apprendre je savais par cœur des multitudes de chansons : sitôt que j’ai su chanter des airs notés, je n’en ai pu retenir aucun ; et je doute que de ceux que j’ai le plus aimés j’en pusse aujourd’hui redire un seul tout entier.

1 – L’hérésie simoniaque
2 – Sardou le détesté
3 – Chantal Goya
4 – Brassens contre Tino Rossi
5 – André Bézu
6 – Rousseau
7 – HAL
8 – Patrick Bruel
9 – Le fan club de Serge Lama

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Rousseau

La CFPQ (chanson française pas de qualité) 6/9

Aujourd’hui, on pousse un peu plus loin l’enquête sur la chanson « pas de qualité ». Je note que le procès en légitimité artistique de tel ou tel ne semble pas aussi intense pour d’autres arts que pour la chanson, dont la légitimité comme art en toute généralité est même parfois questionnée. On a déjà vu dans ce blog que la question de la chanson art majeur ou mineur remonte en fait très loin : on trouve des textes qui posent assez clairement le débat à partir du XVIIe siècle, voir le billet qu’on a consacré à Molière (ici), et plus généralement la série Archéologie d’une question qui rassemblait des textes de Rousseau, Lamartine, Proust, Gide, etc (ici).

On va explorer à partir d’aujourd’hui une dimension plus intime ou psychologique de la question. Pour commencer, la chanson qui nous remue les tripes indépendamment de sa valeur artistique formelle, la chansonnette qu’on adore tout en reconnaissant sa nullité par exemple. S’agit-il d’un simple effet de la nostalgie ? Ou faut-il y voir la signature d’un art obscène, d’une espèce de pornographie du sentiment ? Le plus ancien témoignage que j’ai pu trouver à ce propos se lit au premier chapitre des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, à propos de sa tante :

Je suis persuadé que je lui dois le goût ou plutôt la passion pour la musique, qui ne s’est bien développée en moi que longtemps après. Elle savait une quantité prodigieuse d’airs et de chansons avec un filet de voix fort douce. La sérénité d’âme de cette excellente fille éloignait d’elle et de tout ce qui l’environnait la rêverie et la tristesse. L’attrait que son chant avait pour moi fut tel que non seulement plusieurs de ses chansons me sont toujours restées dans la mémoire, mais qu’il m’en revient même, aujourd’hui que je l’ai perdue, qui, totalement oubliées depuis mon enfance, se retracent à mesure que je vieillis, avec un charme que je ne puis exprimer. Dirait-on que moi, vieux radoteur, rongé de soucis et de peines, je me surprends quelquefois à pleurer comme un enfant en marmottant ces petits airs d’une voix déjà cassée et tremblante ? Il y en a un surtout qui m’est bien revenu tout entier quant à l’air ; mais la seconde moitié des paroles s’est constamment refusée à tous mes efforts pour me la rappeler, quoiqu’il m’en revienne confusément les rimes. Voici le commencement et ce que j’ai pu me rappeler du reste :

Tircis, je n’ose
Écouter ton chalumeau
Sous l’ormeau ;
Car on en cause
Déjà dans notre hameau

………………
……………… un berger
……………… s’engager
……………… sans danger

Et toujours l’épine est sous la rose.

Je cherche où est le charme attendrissant que mon cœur trouve à cette chanson : c’est un caprice auquel je ne comprends rien ; mais il m’est de toute impossibilité de la chanter jusqu’à la fin sans être arrêté par mes larmes. J’ai cent fois projeté d’écrire à Paris pour faire chercher le reste des paroles, si tant est que quelqu’un les connaisse encore. Mais je suis presque sûr que le plaisir que je prends à me rappeler cet air s’évanouirait en partie, si j’avais la preuve que d’autres que ma pauvre tante Suson l’ont chanté.


J’ai retrouvé la partition de ce « rigaudon villageois » sur Gallica, la bibliothèque numérique nationale. Ici. Ce qui permet de reconstituer le charme désuet du couplet caviardé :

L’amour expose
Souvent au danger,
De trop s’engager
Avec son berger

On écoute.

Je vous passe aussi une chanson écrite par Rousseau lui-même (ses compositions ont toujours été assez dénigrées, il a tout à fait sa place dans cette série). À peu près deux siècles avant la Samba de uma nota só de Carlos Jobim et Sur deux notes de Paul Misraki, la simplicité du thème est annoncée dans le titre. La romance sur trois notes.

1 – L’hérésie simoniaque
2 – Sardou le détesté
3 – Chantal Goya
4 – Brassens contre Tino Rossi
5 – André Bézu
6 – Rousseau
7 – HAL
8 – Patrick Bruel
9 – Le fan club de Serge Lama

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