One of us

Handicap et chanson 5/34

L’univers des « monstres », exhibés autrefois dans les baraques de foire ou les cirques, est représenté dans le film Freaks (La parade monstrueuse en français), en 1932. Je vous passe la chanson à boire Gooble gobble, one of us, chantée lors du banquet de mariage du richissime Lilliputien Hans avec la belle trapéziste Cléopâtre. Cette dernière aime en fait Hercule, le monsieur Muscle du cirque et n’épouse Hans que pour son argent. Elle est admise dans la confrérie des monstres, grand honneur qu’elle dédaigne, et subit à la fin du film une terrible vengeance.

Amis musicologues, vous noterez que la chanson Gooble gobble one of us est sur une seule note, exemple unique à ma connaissance. Gobble veut dire quelque chose comme glouglou.

La supposée « confrérie des monstres » est évidemment en contradiction flagrante avec la grande diversité des handicaps représentés dans Freaks. Quoi de commun entre Johnny Eck, l’homme sans jambe qui marche sur ses mains sur la table du banquet, qui a appris à lire à l’âge de 4 ans et donnait des sermons au temple, et Schlitzie le jeune microcéphale incapable de parler à cause de son retard mental ? Ce dernier a inspiré une chanson aux Ramones, Pinhead (= tête d’épingle).

1 – Quasimodo
2 – Belle
3 – L’homme qui rit
4 – Monsieur William
5 – One of us
6 – Tommy
7 – La femme tronc
8 – Les petits amoureux
8bis – Hélicon
9 – La noce des infirmes
10 – L’invalide à la pine de bois
11 – À quoi pense le réalisateur ?
12 – Une courte de Corbier
13 – Kekseksa Papa ?
14 – La mauvaise réputation
15 – Le bégaiement
16 – La jambe de bois
17 – Camille
18 – Corinne
19 – L’handicapé
20 – Il veut faire un film
21 – Tu n’en reviendras pas
22 – Complainte d’un infirme
23 – Quoi ma gueule
24 – Salut à toi l’handicapé
25 – La petite rivière
25bis – Le luneux
26 – L’enfant soleil
27 – Je te donne
28 – Ça ne tient pas debout
29 – Elle dort
30 – Ceux que l’on met au monde
31 – L’enfant différent
32 – Grand corps malade
33 – Le cachet
33bis – Salut à toutes
34 – Yes I can

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Les Ramones à Bitburg

Les Juifs et la chanson III – Shoah et chanson 17/23

Je vous propose dans ce billet de quitter les chansons françaises et yiddish pour un petit tour dans la musique anglo-saxonne. Merci à Tal Bruttmann qui m’a proposé les chansons de ce billet.

Joey Ramone, le chanteur des Ramones, est né dans une famille juive new-yorkaise. Un peu dans la manière provocatrice et ironique de Nazi rock de Gainsbourg, un des plus grands des succès des Ramones s’appelle d’ailleurs Blitzkrieg pop. Les Ramones ont aussi écrit une chanson sur la controverse de Bitburg, qui a fait suite à la visite du président des État-Unis, Ronald Reagan, au cimetière de Bitburg où plusieurs anciens SS étaient enterrés.

Bonzo goes to Bitburg (my brain is hanging upside down)

Je vous propose aussi Reagan at Bitburg, morceau instrumental intéressant de Frank Zappa.

1 – La chanson de Simon Srebnik
2 – La chanson de Treblinka
3 – Yisrolik
4 – Le chant des marais
5 – Le Verfügbar aux Enfers
6 – Casimir Oberfeld
7 – Êtes-vous heureux ?
8 – La fontaine endormie
9 – Il n’y a plus de roses rue des Rosiers
10 – Le petit train de Rita Mitsouko
11 – Comme-toi
12 – Nuit et brouillard
13 – Smoke gets in your eyes
14 – Pitchipoï
15 – Évariste
16 – Au fil du temps
17 – Les Ramones à Bitburg
18 – Signé Furax
19 – Des voix off
20 – Roméo et Judith
21 – Culture du camp
22 – La troisième symphonie de Górecki
23 – Beltz

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Êtes vous Ramones ou Pink Floyd ?

La chanson, art majeur ou art mineur IV. Archéologie d’une question 15/16
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Nous voilà maintenant en plein XXè siècle. On ne sait toujours pas si la chanson est un art majeur ou mineur. Je n’ai pas tellement envie de parler de la Rive Gauche, de chanson française « de qualité », des grands de la chanson… Si vous en voulez, retournez donc voir la série sur les poncifs en chansons, il en est beaucoup question dedans. Je voudrais plutôt parler de la grande révolution rock qui a mis au centre de ses préoccupations le vieux débat entre art savant et art brut. C’est peut-être le seul genre musical qui se soit vraiment construit dans cette opposition. Le rocker, dont l’estomac pourtant « se limite aux cheeseburgers », selon le bon mot d’Eddy Mitchell, aurait donc digéré trois ou quatre siècles de controverses, de Malherbe à Gainsbourg. À moins qu’il ne les ait régurgités. Je note à l’appui de cette dernière hypothèse que plusieurs rockers sont morts noyés dans leur vomi (Jim Morrison, Jimi Hendrix, …).

Le débat entre sophistication et simplicité, art savant et art brut, est vraiment structurant pour le rock, une véritable dialectique. Son histoire, tout comme la musique rock d’ailleurs, est un balancement binaire. D’un côté, une musique simple, brute, mode passagère à la stupéfiante résilience, dont chaque jeune enragé peut apprendre les trois accords et le boom-tchak dans une cave. De l’autre côté, une musique métisse,  influencée par le jazz, le blues, les musiques traditionnelles occidentales, et propice à toute sorte de perfectionnements. On a déjà noté dans le blog les liens entre le heavy metal et la musique de Bach, ici.

Aujourd’hui, on s’intéresse aux deux styles de rocks les plus extrêmes : au punk et au rock progressif ainsi qu’à leurs meilleurs représentants, les Ramones et Pink Floyd. Les Ramones : quelques drogués new-yorkais qui achètent une guitare d’occase, lancent la mode du jean troué, jouent mal, révolutionnent le rock et meurent jeunes. Seul grand groupe de rock dont tous les membres soient morts parait-il. Pink Floyd : bons musiciens, créatifs, qui inventent des nappes de synthé comme-ci, du son comme-ça, des solos on sait plus dire comment, exécrés des Ramones, parce que c’est vrai qu’ils nous font chier.

Ramones, Blitzkrieg Bop

Pink Floyd, Time

Encore un Pink Floyd, Money. Pour les amateurs de solfège, c’est écrit en 7/4, pfff, quel pédantisme franchement du 7/4. Je crois que c’est les Ramones qui ont raison.

Un dernier des Ramones. On les voit sur la vidéo, ils sont beaux, on peut admirer leur technique à la guitare : tenue vers les genoux, ça fait viril tendance déglingué, et surtout ça rend presque impossible d’en jouer correctement, c’était probablement là le but. I just want to have something to do.

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