Les chansons de Mai 5/9
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On continue avec Jacques Dutronc et une chanson de Mai 68 assez surprenante, car plutôt classée de nos jours dans l’immense et vague répertoire des chansons de « variétés » : Il est cinq heures, Paris s’éveille. La chanson est sortie en mars 1968, sur le même disque que L’augmentation et Fais pas ci, fais pas ça vues dans le dernier billet. On est bien dans l’esprit de mai, combinaison paradoxale d’individualisme, d’hédonisme et de conscience sociale : un fêtard rentrant se coucher au petit matin croise des « ouvriers déprimés » qui partent trimer. On retrouve ce mélange dans Et moi et moi par exemple (déjà vue ici), du même parolier, Jacques Lanzmann qui a parfaitement capté l’air du temps.
Mais ce qui a dû parler au cœur du manifestant soixante-huitard, c’est cette vision de Paris, si belle dans le petit matin… Avec quelques barricades, ça devait être encore mieux. Et bien sûr, l’expression « Paris s’éveille » prend un sens tout à fait différent en pleine « révolution »… Il est cinq heures, Paris s’éveille, vidéo du 18 avril 1968.
Notez que ce n’est pas la première fois qu’une chanson au premier abord légère se trouve propulsée au rang de chanson révolutionnaire : il y a eu Le temps des cerises, avec la Commune de Paris, mais c’est une autre histoire. Il paraît que dès Mai 68, les paroles un peu trop petites bourgeoises de Il est 5 heures ont été adaptées aux événements par Jacques Le Glou :
Les 403 sont renversées
La grève sauvage est générale.
Les Ford finissent de brûler
Les enragés ouvrent le bal.
Il est cinq heures… Paris s’éveille,
Paris s’éveille
Cette version révolutionnaire a été enregistrée plus tard. Il est cinq heures, Paris s’éveille par Jacqueline Danno.
Cette chanson est parue sur le disque Pour en finir avec le travail dont on va voir plusieurs titres dans les prochains billets.