Peut-on chanter en français – 15
Aujourd’hui, Bourvil chante et danse. Je n’ai pas peur de le dire : c’est le Fred Astaire français.
Le jardin aux chansons qui bifurquent
Une chanson par jour !
Peut-on chanter en français – 15
Aujourd’hui, Bourvil chante et danse. Je n’ai pas peur de le dire : c’est le Fred Astaire français.
Handicap et chanson 15/34
On aborde aujourd’hui le seul handicap utilisé en chanson pour ses qualités musicales : le bégaiement. On commence par le Stuttering blues (le blues bégayant), de John Lee Hooker.
Il parait que ça a inspiré My generation, des Who, déjà vus dans la série et à qui je décerne le prix de meilleurs artistes ayant chanté le handicap sous toutes ses formes.
Voir aussi cet épisode de Tom et Jerry avec la chanson Crambone, chantée par Uncle Pecos.
Le procédé bégayant est aussi utilisé dans Changes de David Bowie.
Il parait que la chanson Scatman a été inspirée à son auteur Scatman John par son bégaiement, ce qui est difficile à croire devant une telle prouesse de diction.
En français le procédé est moins utilisé. Il faut dire que nous sommes un peu maniaques de la métrique : même dans la variété la moins poétique, le nombre de pieds par vers est souvent respecté, et pas besoin de bégayer pour remplir les cases manquantes. Essayez quand même La tactique du gendarme de Bourvil. Notez la chorégraphie qui sans être spectaculaire demande certaines qualités de dissociation.
Sinon, d’après mes recherches sur internet, il y a plusieurs chanteurs bègues occasionnels ou ex-bègues comme Hubert-Félix Thiéfaine, Carlos, Sylvie Vartan ou Julien Doré. Le chanteur Arno a une élocution un peu difficile, mais je ne dirais pas que c’est un franc bégaiement. Mais tout ça n’apparait pas dans leurs chansons, tant il est bien connu que les bègues ne bégaient pas quand ils chantent.
Allez, une dernière.
1 – Quasimodo
2 – Belle
3 – L’homme qui rit
4 – Monsieur William
5 – One of us
6 – Tommy
7 – La femme tronc
8 – Les petits amoureux
8bis – Hélicon
9 – La noce des infirmes
10 – L’invalide à la pine de bois
11 – À quoi pense le réalisateur ?
12 – Une courte de Corbier
13 – Kekseksa Papa ?
14 – La mauvaise réputation
15 – Le bégaiement
16 – La jambe de bois
17 – Camille
18 – Corinne
19 – L’handicapé
20 – Il veut faire un film
21 – Tu n’en reviendras pas
22 – Complainte d’un infirme
23 – Quoi ma gueule
24 – Salut à toi l’handicapé
25 – La petite rivière
25bis – Le luneux
26 – L’enfant soleil
27 – Je te donne
28 – Ça ne tient pas debout
29 – Elle dort
30 – Ceux que l’on met au monde
31 – L’enfant différent
32 – Grand corps malade
33 – Le cachet
33bis – Salut à toutes
34 – Yes I can
Bouchers, boucherie et chanson, 6/16
Aujourd’hui Bourvil nous chante La complainte du boucher.
Sinon, je me demande ce que Roland Barthes avait contre les bouchers. Extrait de d’une de ses Mythologies. Quelques paroles de M. Poujade.
Nous savons maintenant ce qu’est le réel petit-bourgeois : ce n’est même pas ce qui se voit, c’est ce qui se compte; or ce réel, le plus étroit qu’aucune société ait pu définir, a tout de même sa philosophie : c’est le « bon sens », le fameux bon sens des « petites gens », dit M. Poujade. La petite-bourgeoisie, du moins celle de M. Poujade (Alimentation, Boucherie), possède en propre le bon sens, à la manière d’un appendice physique glorieux, d’un organe particulier de perception : organe curieux, d’ailleurs, puisque, pour y voir clair, il doit avant tout s’aveugler, se refuser à dépasser les apparences, prendre pour de l’argent comptant les propositions du « réel », et décréter néant tout ce qui risque de substituer l’explication à la riposte. Son rôle est de poser des égalités simples entre ce qui se voit et ce qui est, et d’assurer un monde sans relais, sans transition et sans progression. Le bon sens est comme le chien de garde des équations petites-bourgeoises : il bouche toutes les issues dialectiques, définit un monde homogène, où l’on est chez soi, à l’abri des troubles et des fuites du «rêve» (entendez d’une vision non comptable des choses). Les conduites humaines étant et ne devant être que pur talion, le bon sens est cette réaction sélective de l’esprit, qui réduit le monde idéal à des mécanismes directs de riposte.
Pour une illustration de la sentence selon laquelle « le réel petit-bourgeois : ce n’est même pas ce qui se voit, c’est ce qui se compte », je vous renvoie à la série Quand l’esprit d’épicerie rencontre la révolution sexuelle, consacrée aux relations sexuelles précoces (en chansons), dans laquelle il apparaît que la chanson des années de la révolution sexuelle (années 1970 en gros) avait la manie de toujours citer les âges scandaleusement jeunes protagonistes, de Brassens à Sardou en passant par Antoine, Lenorman, etc. Le scandale se mesure objectivement.
Sinon, le boucher de Barthes, c’est l’hyper-épicier, avec « épicier » dans le sens de petit-bourgeois mesquin. Qu’on retrouve en chanson dans Les philistins, adaptation par Georges Brassens d’un poème de Jean Richepin.
1 – Trois petits enfants s’en allaient glaner aux champs
2 – Comment inventer le mouton français ?
3 – Rue de l’Échaudé
4 – Elle est d’ailleurs
5 – Les crochets de bouchers
6 – L’hyper-épicier
6bis – Crochets francophones
7 – La viande commence par Vian
8 – Coagulation
9 – Professeur Choron, boucher et assassin
10 – Les garçons bouchers
11 – Jean-Claude Dreyfus
12 – Tout est bon dans le cochon (et réciproquement)
13 – Jean-Pierre Coffe en a un petit bout
14 – Mes bouchers
15 – Ficelle à rôti
16 – La Chanson du boucher de Michèle Bernard
Vin, alcool et ivrognerie 15bis/24
Pierre Delorme nous propose une chanson de Gilbert Laffaille, La java sans modération. Par Gérard Pierron.
Le jardin aux chansons qui bifurquent n’encourage pas l’alcoolisme. Mais l’eau ferrugineuse, oui. Bourvil.
1 – Le vin
1bis – Je bois la bouteille
2 – J’ai bu
3 – Un ivrogne appelé Brel
4 – Chanson à boire
5 – En titubant
6 – Le vin me saoule
7 – La santé, c’est la sobriété
8 – Si tu me payes un verre
8bis – Le vin que j’ai bu
9 – Tango poivrot
9bis – Sur le Pressoir
10 – L’alcool de Gainsbourg
11 – C’est cher le whisky, mais ça guérit
12 – L’eau et le vin
13 – Sous ton balcon
13bis – Le sous et Le Houx
14 – Sacrée bouteille
15 – Le dernier trocson
15bis – Java ferrugineuse
16 – Commando Pernod
16bis – Cereal killer
17 – Six roses
18 – 1 scotch, 1 bourbon, 1 bière
19 – Vins d’appellation
20 – On boira d’la bière
21 – Ponchon pochtron
22 – Copyright apéro mundi
23 – Rapporte moi des alcools forts
24 – Je vais m’envoler
Tous les thèmes
La cigarette 9/26
Café ! Tabac ! par Bourvil et Annie Cordy.
Plus d’informations sur l’opérette dont est extraite la chanson ici.
Sinon, saviez-vous que les docteurs fumaient des camels plutôt que tout autre cigarette ?
1 – La cigarette, c’est dans la tête
1bis – La gitane
2 – Du gris
3 – Il fume pour oublier
3bis – Don’t smoke
4 – La cigarette après l’amour
5 – Sanseverino fume
5bis – Confinement
6 – Cigarettes sur cigarettes
7 – Cigare à moteur
8 – Fumer le cigare
9 – Café, tabac
10 – La cigarette qui me brûle les doigts
11 – Addiction
12 – Brigitte fontaine fume
13 – Suzanne Gabriello
14 – Je suis une cigarette
15 – La complainte du tabac
16 – Je ne veux pas travailler
17 – La fête du tabac
18 – L’amour est-il comme une cigarette ?
19 – La cigarette d’Higelin
20 – Duo
21 – Dieu est un fumeur de havane
22 – Bien après minuit
23 – Sardou les enfume
24 – Cigarettes, whisky et p’tites pépées
25 – Bye Bye Clope
26 – Si j’étais une cigarette
Main dans la main, joue contre joue 13/15
Philippe Katerine retrouve la veine didactique qui de Bourvil à Carlos en passant par Aznavour nous enseignait le comment le et le pourquoi de la tendresse. Mais lui, c’est le pourquoi Des bisous.
1 – La rose, la bouteille et la poignée de main
2 – Joue contre joue
3 – Abouche ta bouche avec ma bouche
4 – Baisers dans le soir
5 – La tendresse de Bourvil
6 – Aznavour démodé
7 – Big bisou
8 – Les uns contre les autres
9 – See me, feel me, touch me
10 – Everybody needs somebody
11 – Main dans la main
12 – Embrasse-moi idiot
13 – Katerine des bisous
14 – Bahia
15 – De l’autre côté de mon rêve
Main dans la main, joue contre joue 5/15
À partir d’aujourd’hui, on s’intéresse à un phénomène curieux. La chanson tendre, où l’on se touche délicatement, prend un virage après-guerre. Le premier degré n’est plus de mise, plus de « baisers dans le soir sous les étoiles » comme nous les chantait Rina Ketty. La tendresse se fait didactique, on se justifie, on nous édifie, on nous enseigne la tendresse. Est-ce de la nostalgie ? Ou sont-ce des leçons d’urbanité en ces temps de déferlement du cinéma et d’exode rural ? On est en 1963. Bourvil, La tendresse. Cette chanson est restée très populaire jusqu’aujourd’hui.
Dans la même veine pédagogique, environ dix ans plus tôt (un peu hors-sujet dans la série), La goualante du pauvre Jean par Edith Piaf.
1 – La rose, la bouteille et la poignée de main
2 – Joue contre joue
3 – Abouche ta bouche avec ma bouche
4 – Baisers dans le soir
5 – La tendresse de Bourvil
6 – Aznavour démodé
7 – Big bisou
8 – Les uns contre les autres
9 – See me, feel me, touch me
10 – Everybody needs somebody
11 – Main dans la main
12 – Embrasse-moi idiot
13 – Katerine des bisous
14 – Bahia
15 – De l’autre côté de mon rêve
La chanson, art majeur ou art mineur VIII. Chanson et peinture 5/17
À force de se casser la tête sur les arts majeurs, on oublie qu’en peinture, il y a aussi les peintres en bâtiment.
Y a toujours un peintre, par Marcel Amont.
Les peintres en bâtiment sont souvent cantonnés à la chanson comique. Bourvil, La Rumba du pinceau (par la fenêtre).
Mon oncle a tout repeint, par Marianne Oswald, une chanson de Jean Nohain.
Bourvil et Marcel Amont sont les seuls chanteurs qui joignent le geste à la parole : ils peignent en même temps qu’ils chantent, bravo.
La figure de l’artiste peintre étant plutôt positive, lorsqu’un ex-peintre tourne mal, on s’imagine qu’il ne pouvait être peintre qu’en bâtiment… Tout en prenant quelques précautions pour ne pas heurter cette noble profession. Voir la chanson Il travaille au pinceau, de Georgius, « l’amuseur public numéro 1 ». On en est 1938.
1 – Pourquoy n’aura mon langage, son or et ses douces fleurs ?
2 – Être Dieu
3 – Brel à Gauguin
4 – Goya et la chanson
4bis – Goya bis
5 – La peinture en bâtiment est-elle un art majeur ?
6 – Figure mythique du peintre
7 – Van Gogh, peintre par excellence de la chanson
8 – Autres personnages de peintres
9 – Les arbres de Corot
10 – Regard impressioniste
11 – La Joconde
12 – Nicolas Schöffer
13 – Ekphrasis
14 – Serge Rezvani
15 – Nino Ferrer
16 – Mick Micheyl
17 – Serge Gainsbourg
Plagiats en chanson 1/9
1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 – 7 – 7bis – 8 – 9 – 9bis
À partir d’aujourd’hui, on étudie la délicate question du plagiat en chanson. Tout d’abord, battons notre coulpe : appeler un blog Jardin aux chansons, qu’elles bifurquent ou pas, c’est évidemment un plagiat de l’émission Le jardin des chansons de Dorothée.
Vous venez d’entendre Le roi Dagobert. La mélodie ne vous rappelle-t-elle pas Parlez moi d’amour ? Par Lucienne Boyer.
Il faut dire que les chansons les plus enfantines sont souvent bâties sur des mouvements simplets autour des premières notes de la gamme qu’on retrouve un peu partout. Par exemple do-ré-mi-do-ré etc, c’est le début de J’ai du bon tabac. Par Bourvil.
Mais les premières notes de J’ai du bon tabac, ce seraient pas aussi les premières notes de Wind of changes, le tube planétaire de Scorpions ?
La chanson geek 3bis/5
1 – 2 – 3 – 3bis – 4 – 5
Le billet sur Star Wars a suscité quelques commentaires. NP, de Lyon 6è, plus fidèle commentatrice du blog, note qu’il y a quelques pas de charleston dans la Chorégraphie des robots de Star Wars (voir ici). Effectivement, c’est bien du charleston. Comme noté par 1katak1, le passage en question est l’air de la Cantina (célèbre chez les Geeks), une des pires musique-qui-reste-dans-la-tête que je connaisse. Dans le premier Star Wars (Épisode IV selon la numérotation officielle), c’est la musique jouée par une sorte d’orchestre de Benny Goodman extra-terrestre à Mos Eisley. Extrait :
1katak1 nous dit que la musique de la Chorégraphie des robots lui rappelle le générique du feuilleton Dallas. Je pense que c’est dû à deux facteurs. Tout d’abord, l’orchestration de la chorégraphie démarre avec beaucoup de cuivres, tout comme Dallas, dans le même style d’époque, vaguement disco véhément. En fait, la musique de Star Wars a été réorchestré en disco par Meco, un musicien américain qui a connu là son plus grand succès, un vrai carton, disque de platine. La chorégraphie est plus ou moins sur cette version. L’air de la Cantina proprement dit commence vers 2:00. Meco, Star Wars/Cantina Band.
Enfin, notons que le thème principal de Star Wars et le générique français de Dallas commencent sur un magnifique intervalle de quinte (Do – Sol, à transposition près, la musique de quand on chante Dal — Las). « Similitudes entre space et soap opera » nous dit 1katak1, certes, mais surtout ceux de la même époque… et intervalle de quinte qui se termine sur la dominante de la gamme, note hautement instable qui accentue la dramaturgie.
On écoute le générique de Dallas donc.
Et puis un petit bonus vintage, Brie Comte Robert. On décèle des imitations de Johnny et de Bourvil (plus difficile à trouver, c’est au milieu).