La complainte du tabac

La cigarette 15/26

Serge Reggiani chante La complainte du tabac, paroles de Claude Lemesle et Pierre Delanoë, musique d’Alice Dona.

Le bonus du jour, c’est peut-être le plus grand succès du « soft sell », la campagne publicitaire géniale imaginée par le publicitaire Leo Burnett pour Marlboro, avec son cow-boy. « Je suis sûr que la vie est là, avec ses poumons de flanelle ».

1 – La cigarette, c’est dans la tête
1bis – La gitane
2 – Du gris
3 – Il fume pour oublier
3bis – Don’t smoke
4 – La cigarette après l’amour
5 – Sanseverino fume
5bis – Confinement
6 – Cigarettes sur cigarettes
7 – Cigare à moteur
8 – Fumer le cigare
9 – Café, tabac
10 – La cigarette qui me brûle les doigts
11 – Addiction
12 – Brigitte fontaine fume
13 – Suzanne Gabriello
14 – Je suis une cigarette
15 – La complainte du tabac
16 – Je ne veux pas travailler
17 – La fête du tabac
18 – L’amour est-il comme une cigarette ?
19 – La cigarette d’Higelin
20 – Duo
21 – Dieu est un fumeur de havane
22 – Bien après minuit
23 – Sardou les enfume
24 – Cigarettes, whisky et p’tites pépées
25 – Bye Bye Clope
26 – Si j’étais une cigarette

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Big bisou

Main dans la main, joue contre joue 7/15

Carlos se fait historien et sociologue, et nous explique l’histoire du bisou dans
Big bisou. Formatée pour être passée dans des fêtes ou des boites de nuit, la chanson a eu un grand succès. Sur le clip, on aperçoit Joe Dassin qui a composé la musique. Les paroles sont de Claude Lemesle.

Vous avez peut-être remarqué que j’ai passé la fréquence des billets à un par jour. Résultat, plus de place pour les billets « bis ». Je vous passe les propositions des lecteurs à la fin des billets du coup. Elianna, internaute de Brème nous propose I hold your hand in mine de Tom Lehrer.

1 – La rose, la bouteille et la poignée de main
2 – Joue contre joue
3 – Abouche ta bouche avec ma bouche
4 – Baisers dans le soir
5 – La tendresse de Bourvil
6 – Aznavour démodé
7 – Big bisou
8 – Les uns contre les autres
9 – See me, feel me, touch me
10 – Everybody needs somebody
11 – Main dans la main
12 – Embrasse-moi idiot
13 – Katerine des bisous
14 – Bahia
15 – De l’autre côté de mon rêve

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Au fil du temps

Les Juifs et la chanson III – Shoah et chanson 16/23

La plupart des chansons passées jusqu’ici sont l’œuvre de chanteurs et chanteuses juifs, dont la famille a été parfois touchée directement par la Shoah. Dans ce billet, je vous propose un tour d’horizon chronologique de plusieurs chansons d’auteurs a priori non-juifs (je n’ai pas vérifié la biographie de tout le monde …) qui chantent la Shoah. L’évolution dans le temps est intéressante.

La première chanson ne concerne pas directement la Shoah. Elle parle du Vélodrome d’hiver à Paris, un lieu de fête populaire et de meetings politiques avant-guerre, ainsi que se le remémore Yves Montand. Les « six jours » mentionnés dans les paroles, ce n’est pas la création du monde dans la Genèse, ce sont les Six jours de Paris, fameuse course cycliste. C’est au Vel’ d’Hiv qu’ont été parqués les 13 000 juifs arrêtés le 16 juillet 1942, lors de la plus grande rafle organisée en France. Aujourd’hui, « Vel’ d’hiv » évoque la rafle du Vel’ d’hiv, pas le cyclisme sur piste… La chanson montre bien que dans les années 1950, il n’en était rien.

Avec les Juifs de Pierre Selos, chanteur engagé dans le catholicisme à ses débuts. On est en 1964.

La petite juive de Maurice Fanon, en 1965.

Petit Simon d’Hugues Aufray en 1967, paroles de Vline Buggy.

Paul Louka, Tante Sarah en 1972.

Chanson pour Anna, en 1974, paroles et musique de Pascal Danel, interprétée par Daniel Guichard

En 1977, dans son concept-album Simon et Gunter, Daniel Balavoine nous raconte l’histoire de deux frères allemands séparés par le mur de Berlin. Une chanson de l’album, Lise Altmann, est consacrée à la Shoah.

En 1986 , Gilbert Bécaud compose une comédie musicale, Madame Rosa, adaptée par Claude Lemesle du roman d’Émile Ajar, La vie devant soi. Extrait : Bravo, par Annie Cordy. Première chanson de la série qui évoque explicitement le rôle des Français dans les déportations.

Anne ma sœur Anne, en 1985, Louis Chédid (qui fait son entrée au 1007e billet de ce blog). Je crois que c’est la première chanson de la série qui évoque le retour de l’antisémitisme après-guerre. La chanson date à peu près des premiers succès électoraux du front national.

Souviens-toi du jour en 1999, interprétée par Mylène Farmer. À la fin de la chanson, elle chante « Zakhor et yom », ce qui signifie « Souviens-toi du jour » en hébreu. Les paroles disent en boucle « si c’est un homme », allusion sans ambiguïté à Primo Levi. Mylène Farmer porte une robe Thierry Mugler. Analyse du clip, ici.

L’ami Jacob, en 2007, de Pascal Danel, qui avait déjà écrit la Chanson pour Anna en 1974 pour Daniel Guichard.

Fatigué, fatigué, de François Morel. On est en 2010.

1 – La chanson de Simon Srebnik
2 – La chanson de Treblinka
3 – Yisrolik
4 – Le chant des marais
5 – Le Verfügbar aux Enfers
6 – Casimir Oberfeld
7 – Êtes-vous heureux ?
8 – La fontaine endormie
9 – Il n’y a plus de roses rue des Rosiers
10 – Le petit train de Rita Mitsouko
11 – Comme-toi
12 – Nuit et brouillard
13 – Smoke gets in your eyes
14 – Pitchipoï
15 – Évariste
16 – Au fil du temps
17 – Les Ramones à Bitburg
18 – Signé Furax
19 – Des voix off
20 – Roméo et Judith
21 – Culture du camp
22 – La troisième symphonie de Górecki
23 – Beltz

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Pierre Delanoë ou l’art de planter le décor

Pierre Delanoë, parolier géopolitique 1/8
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Bienvenue sur le Jardin aux chansons qui bifurquent, le blog qui parle de chansons à travers des séries thématiques !

À partir d’aujourd’hui, on s’intéresse au parolier le plus prolifique de toute la chanson française, Pierre Delanoë, l’homme aux 5000 chansons et aux dizaines de tubes : L’Été indien (co-écrit avec Claude Lemesle), Les Champs-Élysées, Je n’aurai pas le temps, La java de Broadway, En chantant, Les Lacs du Connemara, etc, etc. Écoutez Radio Nostalgie pendant une heure, je parie qu’il y aura au moins une chanson de lui…

On raconte qu’un jour Pierre Delanoë a entendu une chanson qui lui plaisait à la radio. Il a appelé le programmateur pour lui en demander l’auteur. Réponse : Pierre Delanoë bien sûr. Il ne se rappelait pas l’avoir écrite… Son œuvre est donc si vaste que lui-même s’y perdait. Comment nous y retrouverions-nous ? Je vous propose l’angle de la géopolitique. Car beaucoup de chansons de Delanoë nous parlent d’histoire, de guerre ou de politique, y compris des romances bien innocentes en apparence. Comme Nathalie, de Gilbert Bécaud.

Les lecteurs qui nous arrivent de MusikTips connaissent déjà l’histoire : le café Pouchkine, qui rime astucieusement avec Lénine, est une invention de Delanoë. De nombreux touristes l’ont cherché en vain à Moscou, dans l’espoir de boire un chocolat, ou peut-être de rencontrer la belle Nathalie. Jusqu’à ce qu’un restaurateur moscovite ait l’idée de l’ouvrir, en 1999. « Quand je pense que Vladimir Poutine et Jacques Chirac se sont rencontrés à Moscou au café Pouchkine, baptisé ainsi depuis Nathalie, c’est fou! » disait Pierre Delanoë. Notez qu’il y a d’autres cas de lieux inventés dans des chansons et qui deviennent réels, comme la rue de la Grange-aux-loups à Nantes, voir ici.

De Nathalie, je retiens surtout la description authentique de l’accueil si fervent que recevait l’occidental en voyage de l’autre côté du rideau de fer. Et bien sûr l’écriture limpide de la chanson. Car Pierre Delanoë était incontestablement un maître, que Charles Aznavour tenait pour le plus doué de tous nos paroliers. Explorons un peu ses trucs et ficèles. Parler de la guerre froide, du communisme, et plus généralement d’histoire ou de politique dans un tube répond à un impératif simple : planter un décor, mettre un cadre qui donne de la profondeur à la chanson. À propos de Nathalie, Delanoë raconte :

J’ai mis un an à convaincre Bécaud d’interpréter Nathalie, qui s’appelait d’abord Natacha et vivait un amour impossible dans l’horreur communiste. À chaque fois, il m’envoyait sur les roses. Un jour, il m’a dit: «Invente une image forte!» J’ai sorti: «La place Rouge était vide/Devant moi marchait Nathalie»… Il s’est mis au piano. On a fini dans l’heure…
Interview de Delanoë donnée à L’Express.

Mettre un cadre, des images fortes, d’accord. Mais ce qui est étonnant chez Delanoë, c’est qu’on ne voit pas « la couture » : il y a le cadre, souvent assez conventionnel et souligné par des orchestrations grandioses. Puis il y a la petite ou la grande histoire d’amour déjà entendue mille fois. Son génie est de fondre l’un dans l’autre. On en verra plusieurs exemples dans la série.

Nathalie a été un tube en France mais aussi en Russie. À tel point qu’il a été repris par les Chœurs de l’Armée Rouge. Voyez cet extrait d’émission. Où l’on découvre que Pierre Perret chante moins bien que le ténor russe moyen, et que Michel Leeb, qui a décidément tous les talents, sait aussi de se moquer de la figure de nos amis russes. Mais il n’en mène pas large devant le chef de chœur (qui a dû en envoyer des moins drôles que lui au goulag)…

Pour ceux qui lisent encore, autre chanson de Delanoë sur l’URSS, Vladimir Ilitch, par Michel Sardou, en live à l’Olympia. Noter la phrase du début, encore cet art de planter le décor : « Un vent de Sibérie souffle sur la Bohême ».

La suite au prochain épisode, dans deux jours. Pour ne rien manquer, abonnez-vous (lien en haut à droite) !

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Joe Dassin n’est pas le plus grand bluesman français.

Qui est le plus grand bluesman français ? 4/8
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Finalement, qu’est-ce que le blues ? Dans sa forme pure, c’est une tourne très carrée de douze mesures sur une grille de trois accords majeurs septièmes : I, IV et V. Et dessus une mélodie sur un rythme ternaire utilisant des notes de la gamme mineure. Il paraît que ce mélange hétérodoxe d’accords majeurs et de notes de la gamme mineure provient d’une synthèse entre la musique occidentale et les modes apportés par les esclaves africains déportés aux États-Unis. J’oubliais un point important, dans les paroles, votre femme doit vous quitter et votre chien mourir.

Si tout ça ne vous paraît pas clair, vous pouvez écouter François Pérusse, Le blues.

Trêve de théorie. Aujourd’hui, un candidat très sérieux au titre tant convoité de plus grand bluesman français : Joe Dassin, grand connaisseur de l’Amérique (il est même un peu américain) et diplômé d’un master en anthropologie de l’université du Michigan. Cet excellent musicien s’est essayé avec bonheur à la reprise de standards, comme Infirmary blues.

Il a aussi produit une tentative intéressante de raconter une histoire sinistre de France profonde dans une esthétique blues. Marie Jeanne.

 

Dans un style plus didactique, il a essayé d’expliquer au public français ce qu’est le blues. Blue country, paroles de Pierre Delanoë et Claude Lemesle.

La saison du blues, encore des paroles de Pierre Delanoë et Claude Lemesle.

 

Bravo Monsieur Dassin, vous êtes effectivement un candidat très sérieux au titre de plus grand bluesman français. Trop sérieux en fait : un bluesman, ce n’est pas un professeur de blues. Et puis, je ne connais aucun bluesman qui fasse écrire ses paroles par Pierre Delanoë. Et puisqu’on parle de blues, écoutons Scrapper Blackwel, Nobody knows you when you’re down and out. C’est si bon qu’on voudrait que ça dure toujours…

J’aime vraiment bien ce Scrapper Blackwell, en me baladant sur YouTube, j’ai trouvé ça :

 

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