Pierre Delanoë, parolier géopolitique 3/8
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Comment Pierre Delanoë faisait-il pour brasser les continents et l’histoire séculaire des empires dans ses innocentes chansonnettes ? Il était bien sûr très cultivé, mais il n’hésitait pas à faire feu de tout bois pour alimenter son fourbi et construire ses décors de carton-pâte. Par exemple, en plein brainstorming avec Michel Sardou et le compositeur Jacques Revaux, ce dernier fait une fausse manœuvre avec un nouveau clavier électronique et produit un horrible son de cornemuse. Delanoë, saisi d’une intuition, le convainc de garder le réglage pour écrire une chanson sur l’Écosse. N’y connaissant rien, il descend chercher un prospectus dans une agence de voyage. Il ne trouve rien sur l’Écosse, mais à la place une brochure sur un coin perdu en Irlande, le Connemara. Ça fera l’affaire. Est-ce que le public a jamais demandé qu’on lui chante l’Écosse d’ailleurs ? Sardou ne croit pas du tout à la chanson : six minutes de cornemuse et un mariage folklorique en Irlande sur fond de guerre d’indépendance, qui ça peut intéresser ? Les lacs du Connemara,
Delanoë pouvait donc faire une chanson à succès avec un peu n’importe quoi, même une rivière en Bulgarie. À propos de La Maritza, il raconte :
C’était une commande pour Sylvie Vartan [née en Bulgarie, ndb]. Bulgarie. Sofia. Tiens ! une rivière, la Maritza, c’est marrant. Pour le refrain, Jean Renard s’est inspiré d’une musique du folklore balkanique. L’éditeur de Joseph Kosma, compositeur des Feuilles mortes, a considéré qu’il y avait plagiat. Interview donnée à l’Express.
Vous venez de lire le 600è billet du Jardin aux chansons qui bifurquent (et il m’a fallu tout ce temps pour mettre une chanson de Sylvie Vartan …).
8 commentaires sur “Une géographie de prospectus”