Le silence, c’est de l’argent

Le silence en chanson 8bis/8
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Un dernier petit truc sur le silence en chanson, signalé par GA dans un commentaire. Le groupe Vulfpeck a été encore plus loin que Alphonse Allais et John Cage en publiant un album entier constitué de pistes silencieuses : Sleepify. Ils l’ont alors uploadé sur une plateforme offrant des royalties à chaque écoute, et ont demandé à leurs amis de l’écouter en boucle la nuit. Ça leur a rapporté 20000 dollars à ce qu’il parait. Voir ici. Bravo GA, tu gagnes le concours, même après la date limite !

Bon, je ne sais plus du tout quoi vous passer comme chanson… The Sound of Silence, Simon and Garfunkel.

 

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4’33 » : un plagiat

Le silence en chanson 4/8
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Le post précédent n’était pas un bug. C’était un post vide, une sorte de carré blanc sur fond blanc à la Kasimir Malevitch, mais pour blog. Car pourquoi l’art du blog n’aurait-il pas son avant-garde ultra-minimaliste ?

En musique, le compositeur John Cage a eu une sorte de bonne idée, ou plutôt a cru l’avoir, en composant son célèbre 4’33 », parfois appelé 4 minutes 33 secondes de silence. C’est un morceau de musique entièrement silencieux. Je le dis tout net, l’écriture est très maladroite. Le manuscrit original (de 1952) est perdu, mais le premier interprète de la pièce, le pianiste David Tudor,  l’a reconstitué de mémoire. Assez curieusement, le chiffrage est 4/4.  Un tel carcan laisse bien trop peu de liberté d’interprétation aux musiciens. Les indications « tacet » (« on se tait » en latin), répétées pour chacun des trois mouvements dans des versions ultérieures de la partition, sont redondantes, ce qui pousse au sur-jeu. En l’espèce, c’est presque un excès d’ornementation.

Bref, cette pièce sur-écrite est finalement d’assez mauvais goût, bien loin de ce style épuré qu’on serait en droit d’attendre d’une œuvre silencieuse. Confier sa création à un pianiste était un parti-pris discutable : l’œuvre est-elle un manifeste prônant un retour à l’harmonie naturelle comme l’indique l’absence complète de dissonance ? Peut-être, mais pourquoi alors cette écriture toute horizontale ? L’ostinato serait donc plutôt une tentative de prouver la prééminence du rythme. Sans doute, mais la cellule rythmique répétée à l’identique ressemble plutôt à un cadre destiné à recevoir un développement mélodique… Le choix du piano, instrument à la fois harmonique, rythmique et mélodique ajoute donc à la confusion, là où des indications précises d’orchestration clarifieraient les intentions. Finalement, cette page de musique est à la fois sur-écrite et confuse, exploit unique dans toute l’histoire de la musique.

Cela ne m’a guère facilité la tâche quand j’ai essayé de jouer 4’33 » dans une réduction pour guitare que j’ai dû écrire moi-même, un comble pour une œuvre aussi célèbre : encore une preuve du mépris de la grande musique pour nous autres gratteux. Mes compétences parcimonieuses ne me laissaient qu’une seule autre option : la chanter, ou plutôt la solfégier, mais je n’ai trouvé aucune indication de tessiture (ou, à défaut, d’ambitus, ce qui m’aurait guidé pour la transposer).

Je laisse tomber la musique savante, c’est trop technique. Je ne vous passe pas le morceau : les interprétations disponibles sur le net laissent à désirer, il y a souvent des longueurs et c’est laborieux à force de sophistication. Et surtout, 4’33 » n’est qu’un plagiat.

Car je préfère de très loin la toute première œuvre musicale entièrement silencieuse, la Marche funèbre composée pour les funérailles d’un grand homme sourd, composée par Alphonse Allais en 1897. La partition est vraiment vide, il n’y a même pas de silence. C’est agréable à jouer, c’est délié, sans prétention, on se sent bien plus libre en termes d’interprétation, moins écrasé par toute l’érudition du compositeur. Bref, malgré le titre un peu pompeux, c’est bien une chanson. Allez, je vous la passe, « ces grandes douleurs étant muettes » comme disait Alphonse Allais.

En me documentant, j’ai en plus découvert qu’Alphonse Allais avait inventé le café lyophilisé, seule drogue que je consomme au quotidien, quel grand homme ! Sinon, le concours est toujours ouvert : quel est le plus long silence pendant une chanson (Alphonse Allais, ça ne compte pas, c’est toute la chanson qui est pendant le silence).

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Quelques indices

L’énigme VF 5bis/9
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Bravo à Nadia de Meylan et NP de Lyon 6è qui ont à leur tour résolu l’énigme. NP et Nadia proposent à notre sagacité quelques indices (sous forme de chanson). Tout d’abord une chanson déjà prévue et qui passera très bientôt. Et J’avions reçu commandement, interprétée par Yves Montand (encore un grand chanteur qui fait une entrée un peu tardive dans le blog…).

NP nous propose aussi le Grand métingue du métropolitain, une vieille chanson comique et révolutionnaire. NP a mis dans les commentaires une interprétation de Marc Ogeret, je vous propose celle de Jacques Grello. Les paroles sont de Maurice Mac-Nab, auteur d’une thèse sur la gueule de bois, et membre du cercle des hydropathes (tout comme Alphonse Allais, qu’on a déjà passé dans le blog, ici, encore une sorte d’indice…).

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Fallait-il que je la déclamasse pour que vous la sussiez ?

Imparfait du subjonctif 3/5
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L’imparfait du subjonctif est un peu pédant, mais il est si plein d’auto-dérision qu’on le lui pardonne (le passé simple a aussi un gros potentiel). Voici la Complainte Amoureuse d’Alphonse Allais.

La complainte a été mise en musique, mais pour une fois je trouve qu’on y perd plutôt. Faites vous votre opinion avec Juliette Gréco.

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