Fautes de goût et décalages divers

La chanson sexuellement explicite 14/18
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La chanson sexuellement explicite est évidemment un espace privilégié pour diverses fautes de goût intentionnelles et autres décalages balourds. Par exemple, prenez l’homme le moins sexy du monde et faites lui chanter des bidules plus ou moins suggestifs entre de longues paires de jambes chaussées de cuissardes. Qu’est-ce qu’on rigole. Marcel Zanini, Tu veux ou tu veux pas ?

Je t’aime moi non plus, chanté par le chœur d’hommes de l’opéra Garnier, ça prend un relief bouffon. Cette reprise était la chanson-hôn préférée de Philippe Meyer il me semble.

Les sucettes encore, par l’ensemble vocal Garnier, dirigée par Gainsbourg en personne et présentée par Jacques Martin, probablement lors d’une de ses tentatives pour battre le record du mauvais gout dans la catégorie rire gras. Je ne vous sers pas une n-ième resucée  de l’histoire des Sucettes, y en a marre. Ceux qui ne connaissent pas peuvent aller voir ici.

À la décharge de Gainsbourg, il n’était pas le seul à écrire des paroles équivoques pour France Gall. La petite, en duo avec Maurice Biraud. Et croyez-le ou pas, les paroles sont de Robert Gall, père de la jeune France.

Puisqu’on parlait des Sucettes, je vous passe Banana split, un rien moins rabâchée et plutôt meilleure comme chanson. Lio, qui fait une entrée bien tardive au 745è billet du blog.

Une reprise toute récente, avec les Fatals Picards, et Lio la magnifique, bien sûr.

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Expressions décortiquées ou diluées

La chanson, art majeur ou art mineur, III. Les expressions toute faites chez Brassens 5/10
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Parfois Brassens se fait pédagogue : il détaille, décortique ou explique une expression. Dans Embrasse-les tous, l’expression « cœur d’artichaut » est expliquée : « cœur d’artichaut, tu donnes une feuille à tout le monde ». En solfège, inscrire une altération (un dièse ou un bémol) « à la clef » signifie que l’altération est indiquée au début de la portée, près de la clef donc, afin qu’elle s’applique à tout le morceau. Ce qui donne dans Le petit joueur de fluteau « avoir un blason à la clef », « un évêque à la clef », « un manoir à la clef », « du sang bleu à la clef » et « une princesse à la clef ».

Parfois, Brassens dilue les expressions. Dans Tempête dans un bénitier, « scier la branche sur laquelle on est assis » devient :

Ces corbeaux qui scient qui rognent, tranchent
La saine bonne vieille branche,
Da la croix où ils sont perchés

Dans Le modeste, Brassens laisse la bride posée sur l’encolure de sa muse et renonce à toute concision en diluant « mon royaume contre un cheval » dans tout un sizain.

Comme jadis a fait un roi,
Il serait bien fichu je crois,
De donner le trône et le reste
Contre un seul cheval camarguais
Bancal, vieux, borgne fatigué,
C’est un modeste.

Le modeste.

Sur la vidéo, vous pouvez vous amuser à reconnaître le plus de célébrités que vous pouvez : Jacques Martin, Enrico Macias, Guy Bedos, Salvatore Adamo, Mort Shuman, Eddy Mitchell. Et bien sûr, à la contrebasse, Pierre Nicolas.

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La moustache

L’homosexualité en chanson 1/15
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Bienvenu sur le Jardin aux chansons qui bifurquent, le blog qui depuis maintenant deux ans évoque la chanson à travers des séries thématiques. Vous pouvez voir ici tous les thèmes abordés depuis le début.

À partir d’aujourd’hui, on étudie l’homosexualité dans la chanson. Plusieurs chansons déjà passées dans le blog abordent ce sujet, plutôt sur un mode caricatural : Les bonbons version 1967 de Jacques Brel, ici, ou encore Les préoccupations d’Antime, de Jacques Martin et Jean Yanne, voir ici. Il y aussi le sketch Les appariteurs musclés, de Jean Yanne encore, associé à Daniel Prévost, voir ici. On qualifierait sans doute d’homophobes ces œuvres aujourd’hui. Je laisse chacun se faire son opinion, y compris sur l’anachronisme d’une telle dénomination.

En fait, j’ai eu l’idée de cette série à cause d’un mini-buzz dont j’ai été témoin sur internet, à propos de la chanson La Moustache d’Alexandre Castillon. J’adore ce jeune auteur-compositeur-interprète, je l’ai même invité à chanter pour le 1er anniversaire du blog. Cette chanson que je trouve plaisante et tendre a subi divers quolibets : homophobe, caricaturale, vision dépassée, etc. On écoute.

Alors, qu’en avez-vous pensé ? Si ça vous a plu, Alexandre Castillon est en en concert le vendredi 2 mars 2018, à Thou Bout d’Chant, à Lyon, billetterie ici.

Plutôt que de vous faire la morale sur ce qu’on doit dire ou pas dire dans une chanson (ou à propos d’une chanson), je vous propose d’explorer la place de l’homosexualité dans des chansons de plus en plus anciennes, tout au long des prochains billets…

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Cheveux longs, idées courtes

Les cultures soixante-huitardes 8/8
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J’allais oublier un dernier aspect important et consubstantiel de la culture soixante-huitarde, bien présent jusqu’à aujourd’hui : la réaction anti-soixante-huitarde. On y consacrera toute une série très bientôt, patience. En attendant, la réponse de Johnny Hallyday aux Élucubrations d’Antoine (cf le billet précédent, et parce que, à la fin des élucubrations, Antoine propose d’enfermer Johnny « dans une cage à Medrano »).

Cheveux long, idées courtes.

 

Cette petite guerre en chanson est si importante dans l’histoire de France qu’une page wikipedia y est consacrée ! Vous pouvez aussi lire l’article de Pierre Delorme sur les controverses en chanson, chez les amis de Crapauds et Rossignols.

Antoine lui-même a participé la réaction anti-Antoine, en chantant des Contre-élucubrations problématiques pleines d’auto-dérision (merci à Daniel Maillot de me l’avoir signalé sur Facebook). Il s’est associé pour cette grande cause au groupe Les problèmes, qui a par la suite fait une belle carrière sous l’appellation Les Charlots.

 

Signe que Les élucubrations remuaient la France en profondeur, Jacques Martin et Jean Yanne (dont on va reparler dans nos séries sur Mai 68) en ont écrit pas moins de quatre parodies de plus ou moins bon goût : Les émancipations d’Alphonse, Les revendications d’Albert, Les pérégrinations d’Anselme, et Les préoccupations d’Antime. Admirez la pochette du disque, avec le logo de Barclay (la maison de disques) dans une esthétique très soixante-huitarde dès 1966. Si vous arrivez à tout écouter, vous verrez que ces parodies brassent bien des sujets : le syndicalisme, l’homosexualité, ou l’exode rural (de bien beaux thèmes pour de futures séries…).

 

 

 

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