La chanson, art majeur ou art mineur, III. Les expressions toute faites chez Brassens 2/10
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Le procédé le plus original de Brassens est le détournement de nombreuses expressions par le truchement de syllepses de sens. Cette figure de style consiste à utiliser simultanément un mot dans son sens propre et dans son sens figuré.
Par exemple, dans Le fossoyeur, « avoir une figure d’enterrement » s’applique à quelqu’un qui assiste vraiment à des enterrements. Dans Auprès de mon arbre, les expressions « être fait du même bois » et « vieille branche » s’appliquent à un arbre, « le nez au milieu de la figure » s’applique à un nez et à une figure, et « nom d’une pipe » s’applique à une pipe, il fallait y penser. Dans Les funérailles d’antan, l’expression « rouler à tombeau ouvert » s’applique à un corbillard. Dans Jeanne, l’expression « se ressembler comme deux gouttes d’eau » s’applique à de l’eau. Dans Je rejoindrai ma belle, l’expression « couper les ponts » fait vraiment référence à un pont qui est vraiment coupé. Dans La tondue, « les coupeurs de cheveux en quatre » coupent vraiment des cheveux (mais pas en quatre, soit).
Dans La non demande en mariage, Vénus « perd son latin », elle qui devait sans doute le parler couramment. Dans Le grand chêne, l’expression « rester de bois » s’applique à un chêne. Brassens souligne même la syllepse pour ceux qui n’auraient pas saisi : « Et bien qu’il fût de bois (les chênes c’est courant) ». Dans Venus callipyge, le proverbe « la loi est dure, mais c’est la loi » s’applique à la loi de l’apesanteur. Dans La messe au pendu, « gibier de potence » désigne vraiment un pendu. Dans Tonton Nestor, Jeannette soufflette un enfant de chœur qui « par bonheur avait une tête à claques ». La tête à claques s’en prend donc vraiment une. Tête à claques qui devient d’ailleurs « fesse à claques » dans Les quat’zarts. La syllepse poétise dans Saturne : « Le temps tue le temps comme il peut ». Dans Sauf le respect que je vous dois, elle se fait grivoise : « les poètes galants lèchent le cul d’Aphrodite ». Dans La complainte des filles de joie, l’expression « fils de pute » est implicite à la toute fin de la chanson, et désigne l’enfant véritable d’une prostituée authentique (quoiqu’hypothétique) :
Il s’en fallut de peu mon cher
Que cette putain ne fut ta mère
Je vous passe Auprès de mon arbre, chanson qui contient mes syllepses préférées.
Excellent !
Tu peux rajouter « tous de bonnes graine »
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Effectivement … J’en prends de la graine.
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Ah zut, la video a déjà disparu…
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Chez moi, elle est toujours là : c’est peut-être parce que tu es aux États-Unis ?
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« En me tenant le bec dans l’eau » (Comme une sœur)
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Merci, cette belle syllepse m’avait échappé. Je ferai un billet spécial à la fin de la série, avec toutes les trouvailles de mes lecteurs.
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Et que dire, dans « La fessée », du « souper aux chandelles »… dans une chapelle ardente !
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Certes… Je rajoute cette trouvaille dans le billet qui fera le point sur toutes les propositions de mes lecteurs, merci.
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