Les Djinns

Ouchanpo – 2/5
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On continue d’explorer les métriques anouchanpistes plus ou moins inhabituelles. On a vu hier les vers de trois pieds. Que dites-vous de ces vers de deux pieds :

Tout fuit,
Tout passe
L’espace
Efface
Le bruit

Ce n’est pas du Francis Cabrel, c’est du Victor Hugo : la fin de son célèbre poème Les Djinns, du recueil Les orientales. Ce poème utilise des vers de deux pieds, puis trois pieds, etc, jusqu’à des décasyllabes, et redescend jusqu’aux vers de deux pieds. Toutes les métriques en un seul post ! Vous ne croyiez pas que j’allais me fatiguer à faire un post pour chaque métrique ? Au fait : celui qui me trouve une chanson en vers de onze pieds, je lui paye un coup à boire.

Avant d’écouter la mise en musique des Djinns par Gabriel Fauré, une petite énigme ouchanpiste, solution demain : LNALNAHOLNAAOTCOGAPLNAHOLNAHOGAPLNAOO.

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L’ouchanpo

Ouchanpo – 1/5
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Connaissez-vous l’oulipo, ou OuLiPo ? C’est un mouvement littéraire (même si ses membres récusent cette appellation) fondé par l’écrivain Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais. Les oulipistes se proposent d’utiliser des contraintes formelles plus ou moins arbitraires, souvent mathématiques, dans des œuvres littéraires.  Par exemple écrire des palindromes (textes qu’on peut lire dans les deux sens comme « Esope reste ici et se repose »). Ça a produit des trucs plus ou moins foutraques, amusants ou pénibles, et de beaux livres de Georges Pérec. Oulipo veut dire « OUvroir de LIttérature POtentielle ».

Pourquoi se limiter à la littérature ? Les contraintes formelles iraient bien au plus ancestral des arts abstraits, la musique : c’est l’oumupo. Pour la peinture, c’est l’oupeinpo. L’esprit de généralisation propre aux mathématiques a rapidement conduit les oulipistes à la notion d’ouXpo. Il ne s’agit pas d’appliquer des contraintes formelles aux films pornographiques, le « X » doit être entendu ici comme l’inconnue des équations mathématiques, une variable qui ne demande qu’à être instanciée à une certaine valeur. Vous comprenez donc que pour X = « chanson », on arrive à l’ouchanpo, l’application de contraintes formelles plus ou moins bizarres à la chanson.

Je propose ici un travail anouchanpiste (« an » veut dire « analytique »). C’est-dire qu’on va analyser les contraintes formelles dans des chansons classiques. Je remets à plus tard le synthouchanpisme (« synth » veut dire « synthétique ») qui se propose d’inventer et d’appliquer des contraintes nouvelles. Disons à beaucoup plus tard, quand je serai vraiment désespéré de ne plus rien trouver pour ce blog, et après vous avoir fourgué les 5000 chansons de Pierre Delanoë traduites en japonnais.

On commence en douceur avec un peu de métrique : l’alexandrin, vers de douze pieds, est tout à fait célèbre, mais pas si commode en chanson, car un peu long. Le vers de trois pieds est beaucoup plus rare, mais on le trouve dans quelques chansons. On l’a déjà rencontré dans ce blog (qui saurait dire où ?)

Ici un autre exemple : La marguerite, de Georges Brassens, qui nous prouve une fois de plus qu’il était bon catholique. Après avoir chanté la messe en latin (ici), il nous rappelle en trois vers de trois pieds que l’espérance est l’une des trois vertus théologales. Une chanson marquée par la très sainte trinité donc.

« Notre Père,
Qui j’espère,
Êtes aux cieux […] »

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Anti-Jambons

De l’usage du mot « société » en chanson – 5/5
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On termine la série sur le mot « société » par Antisocial, la célèbre chanson du groupe Trust. Je n’ai jamais très bien compris ce qu’elle voulait dire (expliquez moi dans les commentaires). Ça doit bien avoir un rapport avec la société, même si le mot n’est pas cité. Pour ne pas heurter les oreilles sensibles, une interprétation originale, par le groupe vocal Les Jambons.

Cette série vous a plu ? On en reparle dans plusieurs billets :
Une bien triste bamba
Système des années 80
Brassens et NTM nous parlent du système

Libération sexuelle

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Quand la société abime

De l’usage du mot « société » en chanson – 4/5
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Même Gainsbourg se sert du mot « société » : « Il faut croire que c’est la société qui m’a définitivement abimé ». Avec Brigitte Bardot, Bonnie and Clyde.

 



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Antoine : récupéré par la société

De l’usage du mot « société » en chanson – 3/5
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Pour qui veut tout faire péter pour faire finalement refleurir la Commune, c’est curieux de se présenter comme un successeur du chanteur Antoine, même avant que la « société » ne l’ait « récupéré ». Tiens encore un mot que je n’entends plus tellement, déjà présent dans la chanson du  tout premier post de ce blog : « récupéré ». Et oui, on est « récupéré » par la « société », tandis que « le système », on « en fait partie ». Gauche (société), avec lutte des classes, éveils de conscience et trahisons, contre droite (système) : chacun est déterminé par sa naissance, ses gènes, ou par on ne sait pas très bien quoi, l’important étant que chacun ait sa place et y reste. On notera qu’il y a une « sociologie », mais pas de « systèmologie » : le « système », on sait ce que c’est grâce au « bon sens », ce « chien de garde des équations petites-bourgeoises » comme disait Roland Barthes. Et oui, « tout le monde » sait bien qui « fait partie du système » et qui est « anti-système », pas besoin de grande théorie pour ça…

Quoi qu’il en soit, l’artiste a toujours raison, oh yé ! 

Société, tu m’auras pas, de Renaud. 



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La société, ça fait chanter Johnny

De l’usage du mot « société » en chanson – 2/5
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On continue à explorer le mot « société » et son usage dans la chanson. N’hésitez pas à soumettre vos idées dans les commentaires à propos, il y a sûrement de nombreux exemples (ou contre-exemple ?). On passe à Johnny. Mais qu’est ce qui le fait chanter depuis 50 ans ? La société bien sûr, c’est lui qui le dit dans J’ai oublié de vivre : 

À force d’oublier qu’il y a la société
M’arrachant du sommeil
Pour me faire chanter

On notera l’air particulièrement rageur de Johnny au moment de prononcer « société-hé-é ». C’est vers 2min 50s :

« À force d’oublier qu’il y a la société
M’arrachant du sommeil
Pour me faireuh chanter »

À l’appui de mon hypothèse selon laquelle le mot « société » parlait particulièrement au public des années 1970, j’observe qu’en 2006, Johnny laisse tomber le couplet « société » :

https://www.youtube.com/watch?v=1uv1ihHbF9U

Les paroles sont de Pierre Billon, fils de Patachou et filleul de Brassens. On le reverra dans ce blog, on l’a même déjà évoqué sans le nommer dans une petite énigme non-encore résolue (c’est un indice, fouillez tout le blog pour voir de quoi il s’agit…). La musique est de Jacques Revaux.

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Ça sent l’œuf pourri (et la société)

De l’usage du mot « société » en chanson – 1/5
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Quelques petits posts à propos d’un détail qui m’a frappé : le mot « société » était très en vogue dans les chansons des années 1970, dans un sens mollement péjoratif. En cet après 68, la « société » devait représenter une sorte de frein à la liberté. Un mot rousseauiste vaguement de gauche donc. Aujourd’hui, à l’heure de la proclamation des « solidarités durables » (un slogan de Ségolène Royal je crois), un mot comme « société » est plus positif. Pour décrire l’altérité comme une abstraction aliénante, on dit plutôt « le système », un mot vaguement de droite.

Un premier exemple : « Ça sent l’hydrogène sulfuré, l’essence, la guerre… la société », dans l’une des premières chansons écolo, La maison près de la fontaine de Nino Ferrer. Je la connaissais de Radio Nostalgie qui coupe systématiquement la belle intro, c’est bien mieux en entier.

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Bobby Mc Ferrin finit au violon

Samba de uma nota só – 6/6
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On termine la série sur la samba de uma nota só. La version la plus curieuse, avec Bobby Mc Ferrin au violon, et un très beau scat pour finir…

Bobby Mc Ferrin et le MozART group, un quartet polonais qui a une approche très particulière du classique. Toute la vidéo vaut le coup, mais la samba elle même commence vers 5min45s.

Cette série vous a plu ? On en reparle ici :
Encore une samba

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Elle l’a

Samba de uma nota só – 5/6
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La grande Ella Fitzgerald s’est aussi intéressée à notre petite samba, dans un scat plein d’humour et de virtuosité. Elle a d’autant plus de mérite que son pianiste ignore ce qu’est le blues.

Ça vous a plu ? On recommence.

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João Gilberto

Samba de uma nota só – 4/6
1 – 2 – 3 4 – 56

Après le chef d’œuvre d’hier (tiens c’était le 1er avril), on continue la série Samba de uma nota. La version la plus belle, par João Gilberto. Pas de fioriture : juste la guitare et la voix. Admirez la précision de l’accompagnement, le placement et tout et tout.

Avez-vous bien écouté Jonasz au début de cette série ? Il disait qu’il avait de « l’affinité pour Desafinado« . Explication :

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