Pour ne pas vivre seul

L’homosexualité en chanson 9/15
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Notre plongée dans le passé révèle déjà deux grandes périodes : une période s’étendant des années 1980 à nos jours, où l’homosexualité est acceptée par les chanteurs, qu’ils soient homo ou hétéro. La plupart des chansons de cette période qu’on a passées sont sérieuses, et en gros critiquent les préjugés. Les années 1970 proposent des chansons plus festives, mettant en scène des homosexuels. Ils sont acceptés, mais cantonnés à un folklore kitsch et érotique. Au final, toutes ces chansons interrogent le « comment » homosexuel, mais assez peu le « pourquoi ». Sans doute parce que depuis un moment, l’homosexualité est une réalité admise, mais ça n’a pas toujours été le cas. On va voir qu’au tournant des années 60 et 70, plusieurs chansons abordent la question de savoir pourquoi on est homosexuel.

Pour Dalida, en 1972, on est homosexuel « pour ne pas vivre seul ». Cette explication, quoique bienveillante, cantonne encore l’homosexualité dans une forme d’anormalité, de pis-aller ou de pathologie : « Pour ne pas vivre seul, des filles aiment des filles et l’on voit des garçons épouser des garçons »

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Sweet transvestite

L’homosexualité en chanson 8/15
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On continue dans la veine festive propre au seventies avec un extrait de Rocky Horror Picture Show. On est en 1975. Sweet transvestite.

Vous avez entendu dans les paroles ? À 1:49, Tim Curry chante :
Or if you want something visual
That’s not too abysmal
We could take in an old
Steve Reeves movie

Qui est ce mystérieux Steve Reeves ? Il s’agit d’un culturiste et acteur américain, très populaire en son temps, allez-y voir si vous êtes amateurs d’apollons.

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Les femmes, ça fait pédé

L’homosexualité en chanson 7/15
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Serge Gainsbourg s’est souvent intéressé à l’ambiguïté de genre. Ici, on avait déjà noté que la toute dernière piste de son tout dernier album est une reprise d’une chanson de femme, la célèbre Mon légionnaire. En 1978, il a écrit pour Régine une chanson qui retourne astucieusement toutes sortes de préjugés. On reproche aux pédés d’être efféminés, mais que dire des femmes alors ? Les femmes, ça fait pédé.

 

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In the navy

L’homosexualité en chanson 6/15
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La plupart des chansons des billets précédents abordaient l’homosexualité sous un angle assez grave : homophobie, histoires tragiques, tristes ou absurdes. Il semble qu’il faille remonter aux années 1970 pour trouver des chansons adoptant un angle plus joyeux ou festif. Avant le sida peut-être, ou à une époque plus insouciante tout simplement.

Village people, In the Navy, on est en 1979.

L’histoire du groupe Village People et du clip de In the Navy est assez amusante. Un producteur français habitant New York rencontre un artiste de rue déguisé en indien, et ils ont l’idée de créer un groupe disco d’hommes incarnant divers fantasmes gays inspirés des dessins érotiques de Tom of Finland (un dessinateur spécialisé dans l’homoérotisme). Après les premiers succès, les Village People ont obtenu l’autorisation de l’armée américaine pour tourner le clip de In the Navy sur un vrai vaisseau de guerre avec de vrais soldats. La Navy comptait sur la popularité du groupe pour recruter. À la sortie du clip, il y a eu de nombreuses protestations. Car venant d’un groupe ouvertement gay, des répliques comme « Where can you find pleasure », « They want you as a new recruit »  ou encore « In the navy, come on and join your fellow man » pouvaient apparaître comme ambiguës, et peu conformes aux motivations attendues par le commandement chez les jeunes recrues.

Sinon, Village people, c’est peut-être pas du grand art… On retient surtout les musiques simplettes et les costumes des danseurs. J’avoue quand même apprécier la belle performance vocale du chanteur. Si vous voulez du français, essayez ça. L’artillerie de marine.

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Small town boy

L’homosexualité en chanson 5/15
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En 1984, Bronski Beat, trio gay mené par Jimmy Somerville raconte l’histoire d’un jeune homosexuel qui est contraint de fuir sa famille et sa province. Smalltown boy.

https://www.youtube.com/watch?v=DU-yXAXz4DI

Après Bronski Beat, Jimmy Somerville a fondé le groupe Communards, avec le musicien Richard Coles. La voix très grave de la chanteuse Sarah Jane Morris, qui a rejoint le groupe plus tard, autorisait des duos inhabituels, avec l’homme aux aigus et la femme aux graves. Quant à Richard Coles, après la séparation du groupe, il est devenu prêtre dans l’Église anglicane ! Plusieurs exemples de duo « à l’envers » dans Don’t leave me this way, principal succès des Communards.

En bonus, Sarah Jane Moris en solo.

Et on reparlera de Bronski Beat dans une prochaine série en préparation (sur les contrepèteries en chanson).

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Sans contrefaçon

L’homosexualité en chanson 4/15
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Notre plongée dans le passé se poursuit. On est en 1987. Les deux chansons précédentes étaient assez graves, celle d’aujourd’hui est plus dansante, tout en étant plus revendicative et plus vague : Sans contrefaçon, de Mylène Farmer, chanson sur l’ambiguïté de genre.

Notez la présence de Zouc dans le clip. Et ce passage : « Un mouchoir au creux du pantalon, je suis Chevalier d’Éon. ». Le Chevalier d’Éon, politicien et agent secret au XVIIIè siècle entretint le doute sur son identité sexuelle. Soumis à des examens pour déterminer son sexe, il a toujours refusé de se déshabiller. Un peu comme dans la chanson : « même pour un empire, je ne veux me dévêtir, puisque sans contrefaçon, je suis un garçon ». Rappelons que le Chevalier d’Éon était un homme, et qu’il cherchait à passer pour une femme, voir sa page wikipedia.

La chanson a été souvent reprise, notamment par les Fatals Picards déjà vus il y a deux billets.

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