Au premier billet de la série, je disais qu’il n’y avait pas de « grande » chanson sur le handicap, une chanson qui a marqué, qui serait souvent citée, à la manière de Comme ils disent sur l’homosexualité, La complainte des filles de joie sur la prostitution, ou L’assassin assassiné pour la peine de mort. Mais s’il fallait en élire une, je voterais pour Elle dort de Francis Cabrel.
On va voir maintenant un répertoire qui commence dans les années 1980, où il y a un renouveau de la chanson engagée, post soixante-huitarde et post-marxiste, avec les grandes chansons contre la famine en Éthiopie, We are the world, les resto du cœur, etc. C’est en un sens réactionnaire, puisque la lutte des classes est mise au placard, mais c’était très consensuel, et ça cartonnait au top 50. En ce sens, on peut parler d’un âge d’or de la chanson engagée. Avec par exemple Jean-Jacques Goldman, la chanson la plus populaire se saisit de problèmes de société, principalement le racisme. Mais on va voir plusieurs chansons abordant le handicap. On commence par Je te donne de Jean-Jacques Goldman justement, et Michael Jones. Goldman était spécialiste d’une certaine abstraction : Je te donne toutes mes différences Tous ces défauts qui sont autant de chances
Quelles différences, quels défauts, on ne sait pas exactement.
Une manière d’aborder un sujet tabou, c’est la chanson très allusive. On rencontre ce phénomène dans les chansons sur la Shoah, par exemple avec Le petit train des Rita Mitsouko ou la reprise de Smoke gets in your eyes par Gainsbourg. Sur le handicap, je vous propose Anne Sylvestre, La petite rivière.