Homogénéité du timbre

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 5/11
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Vous avez peut-être remarqué dans les billets précédents : les voix de Guy Marchand, Julien Clerc et Balavoine sont très différentes entre le grave et l’aigu, tandis que celle d’Édouard Khil est plus homogène. Ce dernier était un chanteur classique de formation, l’homogénéité du timbre est un critère esthétique très important dans le chant classique.

On retrouve cette qualité chez une chanteuse comme Édith Piaf qui n’avait pas un ambitus exceptionnel, mais un timbre particulièrement homogène. À l’inverse, un manque total d’homogénéité peut être recherché, comme dans le yodel, où le basculement brusque de la voix de tête à la voix de poitrine est un ornement qui signe le genre. Le yodel pâtit d’une image kitsch, mais au service d’un bon blues, ça peut être pas mal. Blue Yodel No 5, par Gene Autry.

https://www.youtube.com/watch?v=Jwl7xOntaQ4

Dans d’autres musiques populaires, ou même dans le rock, les passages brusques tête-poitrine sont utilisés. The Cranberries, Zombie.

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Trololo, le tralala du troll

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 4/11
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Je suis très heureux d’être enfin revenu à la maison, plus connue sous le nom de Trololo, se répand sur trois octaves. Mais sa célébrité provient plutôt du maniérisme de son interprète Édouard Khil. Les notes les plus aiguës et les plus graves sont vers 1:30.

Vous pouvez télécharger une partition sur le site du département de jazz de l’École de Musique de Villeurbanne. Ici.

Je vous propose aussi Chuncho, par Yma Sumac. Il parait qu’il y a plus de 4 octaves dedans, je n’ai pas le temps de vérifier… C’est le record à ma connaissance.

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L’ambitus, quelle bonne blague

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 3/11
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Un grand ambitus produit parfois un effet comique. Guy Marchand, La passionata. Avec des pitreries d’Henri Salvador.

Ou encore dans ce quartet de basses :

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L’assassin assassiné

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 2/11
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Nous continuons à explorer les chansons ayant un grand ambitus, c’est-à-dire qui recourent à des notes très graves et très aiguës. On l’a vu dans le dernier billet, ce sous-genre tourne rapidement à la pure performance vocale et au kitsch. Pour que ça fonctionne, il faut un bon interprète, et surtout que l’ambitus soit au service du message délivré par la chanson. Dans le SOS d’un terrien en détresse, la phrase « J’ai jamais eu les pieds sur terre » enchaîne deux arpèges qui gravissent deux octaves. Puis le « j’aimerais mieux être un oiseau » continue à gazouiller au-dessus dans le sur-aigu. Ça cartonne, la musique épouse le texte, une vraie réussite. Plus tard, même procédé avec « qui m’attire, qui m’attire, qui m’attire, vers le hauuuuuuut ».

Un autre moyen de mettre un grand ambitus au service d’une chanson est de tirer parti du principe d’équivalence des octaves. Vous avez sûrement tous chanté do-ré-mi-fa-sol-la-si-do. Pourquoi diable la dernière note a-t-elle le même nom que la première, alors que manifestement, on ne chante pas la même chose, puisqu’on est passé de grave à aigu ? C’est parce que physiquement, on est passé d’une onde sonore vibrant à une certaine fréquence (le premier do) à une autre vibrant à la fréquence exactement double (le deuxième do), ce que notre oreille juge d’une certaine manière « équivalent ». L’écart entre le do du début et celui de la fin est appelé octave (parce que dans « do-ré-mi-fa-sol-la-si-do » il y a huit notes).

Donc, quand on chante une mélodie, on peut tout d’un coup monter ou descendre d’une octave. Ça demande un peu d’entrainement, et ça produit un effet bizarre, mais sans fondamentalement « changer la mélodie ». À ma connaissance, le procédé est assez peu utilisé en chanson. Je ne connais qu’un exemple : L’assassin assassiné, de Julien Clerc sur des paroles de Jean-Loup Dabadie.

La chanson commence plutôt dans le grave, puis sur « lisait un livre de Giono » la mélodie saute d’une octave vers le haut, avant de redescendre d’une octave sur « Le matin même … », etc. Les sauts d’octave épousent la pensée de l’auteur, entre calme et révolte. Chanson très réussie contre la peine de mort, écrite et chantée avant son abolition en France. Ci-dessous la version album (sur un montage vidéo abominable, je n’ai rien trouvé d’autre).

En live, une version un peu plus sobre.

Au fait, pour les amateurs de solfège : L’assassin assassiné a un ambitus de deux octaves et une tierce, un peu moins que le SOS d’un Terrien en détresse, mais quand même. À propos du rythme, il y a des mesures de 2/4 au milieu du reste qui en 4/4, pas évident tout ça, on en reparle dans une prochaine série sur le rythme.

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Le SMS en détresse

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 1bis/11
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Dans un commentaire Floréal, internaute de Paris, me propose Le SMS d’un élève en détresse de Patrice Mercier.  Merci, très joli !

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SOS

Ambitus, tessiture et notes extrêmes 1/11
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C’est la rentrée, après la longue énigme de l’été, les séries thématiques reprennent. Tout comme l’an dernier, il y aura un super-thème (révélé dans quelques jours) qui durera toute l’année, entrecoupé d’autres séries. C’est le moment idéal pour faire un peu de publicité à votre blog préféré : un petit partage Facebook, un envoi à vos bons amis. Vous n’aimez pas ce blog ? Envoyez-le à vos ennemis, je prends tout le monde.

Toutefois, je vous préviens : le blog souffre d’un mal aigu et il y aura des conséquences graves. Et oui, on étudie l’ambitus à partir d’aujourd’hui. L’ambitus, c’est l’écart entre la note la plus aiguë et la plus grave d’une chanson, d’un chanteur, d’un instrument, ou de n’importe quoi qui produit des notes de musique. Quelques chansons sont connues des amateurs de karaoké pour leur grand ambitus. Les chanter relève d’un exploit requérant de bonnes prédispositions et une technique vocale sûre.

L’exemple le plus connu est probablement le SOS d’un terrien en détresse. Amateurs de solfège : son ambitus est de deux octaves et une quinte. Bravo à Daniel Balavoine, créateur de cette chanson. D’après le témoignage de Luc Plamondon, auteur des paroles, il manquait une grande chanson au personnage de Johnny Rockfort dans l’opéra rock Starmania. Il a écrit des paroles et a demandé à Michel Berger (compositeur de cet opéra) une musique à la mesure des possibilités vocales de Balavoine. Le SOS est donc la dernière chanson composée pour Starmania… Pour en savoir plus, écoutez l’émission Étonnez-moi Benoît du 13 mai 2017, avec une longue interview de Plamondon par Benoît Duteurtre. Ici.

Bravo aussi à Grégory Marchal et aux autres aventuriers de l’ambitus qui ont pu chanter le SOS du Terrien en détresse. Grégory Lemarchal prend la chanson un demi-ton au-dessus de Balavoine. Il faut dire qu’il est à la peine dans le grave : il n’arrive pas à timbrer les notes les plus basses, qui sont un peu sacrifiées. Mais sa version est assez propre, surtout pour du live, et paix à son âme. Ça se termine sur une tierce picarde, petite porte ouverte vers le kitsch.

Puisqu’on parle de kitsch, je vous propose aussi la version du chanteur kazakh Dimash Kudaibergenov, lors d’une émission de télé-réalité chinoise. Il est un demi-ton plus haut que Marchal, et donc un ton plus haut que Balavoine. À chaque aigu, on nous montre la déconfiture de ses adversaires… J’adore, c’est un hymne à l’angoisse existentielle des bricoleurs : « pourquoi je visse ? ».

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La solution

L’énigme de l’été 2018, 63/63
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Nous voilà le 1er septembre, et voici venue l’heure tant attendue de la solution ! Nous cherchions ce qui ce cache derrière 62 chansons. C’est le livre autobiographique de Barbara, Il était un piano noir. J’ai tout simplement passé dans l’ordre tous les chanteurs, chanteuses et chansons qu’elle cite au long de son récit. Ceci explique l’ordre approximativement chronologique des chansons, le passage par la Belgique et la belle galerie de portraits des cabarets rive gauche. Comme son livre est inachevé,  les 20 ou 30 dernières années de la vie de Barbara sont très peu évoquées.

Bravo à Arnaud, internaute de l’Arbresle qui a résolu l’énigme. Il a très vite compris que l’énigme tournait autour de Barbara, notamment à cause du passage en Belgique. Il a par exemple remarqué que j’évoquais le dessinateur Yvan Delporte, chez qui Barbara a habité quelque temps. C’était l’un des indices les plus précis, qui n’a pas échappé à l’un des meilleurs résolveurs d’énigmes du Jardin ! Le reste en découlait.

Je vous passe Marienbad.

On se retrouve lundi pour la nouvelle saison du Jardin aux chansons qui bifurquent, avec des surprises, un thème qui reviendra toute l’année et surtout plein de belles chansons.

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